Instants inoubliables

Samedi 30 Août

7h15 Joaquin tape à la porte. Je sors à nouveau à l'intonation prêt le même mensonge "Si si estamos listos", nous mettons nos vêtements à haute vitesse, de toute façon tout est prêt. C'est parti pour Joyabaj et une heure trente de route. Comme Joaquin est revenu à trois heures du matin de Nebaj, une ville dans le Nord où je suis allée pour l'inhumation, nous dormons tous dans le bus, manquant quasiment notre arrêt. La chance nous sourit, nous trouvons rapidement deux pick-up pour nous amener dans cette aldea perdue. A Joyabaj, nous ne trouvons que la responsable Dona Lucia. Nous attendons quand même un peu, mais on aura pas beaucoup mieux que trois personnes pour cette réunion. On explique qu'on est pas vraiment contents pour les projets de vache, expliquons qu'on voudrait plus de sollicitudes plus intéressantes, pour des projets plus intéressants et chiffrés entre 500 et 1500Qz. Bien entendu, nous favoriserons pour des raisons de risques les sollicitudes à 500Qz. Ceci c'est notre impression de ce que devrait à peu être la présentation de notre politique de prêt à nos premiers clients.

Ensuite, nous nous essayons pour la première fois à un exercice d'écriture de sollicitudes avec la responsable locale. C'est improvisé, mais ça nous paraît une pratique très intéressante que de réunir quelques personnes, par exemple quelques chefs de groupes et de leur faire remplir une sollicitude. En plus il faut avouer que les nouvelles sollicitudes sont horriblement compliqués. Nous verrons ce que cela donnera, mais il nous semble clair que l'année prochaine elles ne seront pas données pour un premier prêt. L'approche selon laquelle nous donnerions des sollicitudes toujours plus compliquées nous paraît assez intéressante. On est tous fatigués et même Joaquin manque de patience. La plus patiente est curieusement celle qui remplit la sollicitude. On met environ 15 à 30 minutes à la remplir. Ca doit bien prendre une heure à une personne seule ici! Mais bon, encore une fois, nous avons curieusement accepté que nous faisions beaucoup d'erreurs, mais qu'il valait mieux avoir un spectre large des possibilités ici. Et quelque chose me dit que ces sollicitudes vont être bonnes.

Départ pour Chinique. A la descente, encore chanceux, nous trouvons un pick-up en cinq minutes. Je profite de mon dernier passage dans le décor magnifique de Joyabaj. Nous arrivons à faire le lien avec un paysage français, celui des alpes du sud : l'alliance d'une flore méditérannéenne avec des courbes de montagne. Entre les pins, leur herbe verte et ces champs d'un maïs de plus de 2 mètres de haut, quelques maisons complètent le décor. De loins ces chaumières rajoute au paisible de ce monde. De prêt elles nous rappellent à notre travail, développer la région.

Un court repas et nous voilà parti pour Chinique. A l'arrivée notre chance ne nous trahit pas et nous arrivons à une vingtaine de minutes de notre lieu de distribution de prêts. La montée est un peu dure, surtout pour les petites jambes de notre ami Joaquin. Mais nous y arrivons. Réunion de distribution de prêt avec l'un des plus beaux panoramas du Guatemala. Mon appareil photo nous trahira trop tôt pour prendre des photos du lieu, mais la caméra de Joaquin devrait avoir pris le relais. Pour s'échauffer, un petit discours sur les prêts, quelques grandes phrases, et un peu de mathématiques pour ne pas perdre la main. La démonstration qu'un projet de porc est quatre fois plus rentable qu'un projet de vache pour la même quantité d'argent.

La première fois que j'étais venu ici, j'avais été énervé par la réaction des gens quand je leur parlai de 500Qz. Aujourd'hui, nous sommes impressionnés par le répondant de nos interlocuteurs. Ils ont apparemment compris pourquoi nous commencions petit, se projettent dans le futur par étapes. Vraiment nous avons de quoi nous réjouir. Ici les projets sont pour l'instant inintéressants, mais les gens m'ont l'air bien. Ils nous disent également que beaucoup de leurs congénères souhaiteraient travailler avec nous dès le prochain cycle, c'est à dire dans 6 mois. Nos besoins en financement vont donc être assez forts, mais on a déjà quelques partenariats de possibles. Quelques enfants nous aident dans la distribution des prêts en comptant en anglais les billets en même temps que nous. Un peu véxé, je leur apprends en français.

Lorsque nous commençons le deuxième groupe, un coup d'oeil à notre droite nous donne une vision sublime : quelques jeunes filles de seize ans en costume maya décryptent les contrats de leurs soeurs et parents avec en décor de fond le panorama local. Trop tard, mon appareil photo nous a déjà quitté. Mais nous ne pouvons nous empêcher de sourire de satisfaction. Lorsque nous redescendons, je mesure le caractère précieux de ces moments et laisse baigner un long moment mon esprit dans ces courbes montagneuses, ces verts pâturages, ces sourires d'enfants et ces projets d'adultes. Je ne suis pas triste de quitter ce pays après-demain, mais clairement heureux d'être ici en ce moment.

Au retour, nous allons chez José pour parler. Nous ne connaissons toujours pas la décision de Joaquin, mais avons prévu les différents cas. Nous insistons ensemble sur la nécessité d'une transparence et d'une communication forte. Nous devrons être transparents sur nos possibilités de financement, eux sur les projets. Le fonctionnement en France n'aura pas vraiment la même tête que l'année passée. Attendons quand même de voir. Je m'assure également avant de partir que Sylvain et Tania ne pourront survivre à leur voyage. Tout va bien, ils ont plus d'activités que de jours, avec notamment une visite à Cunen, joaquin y ayant des groupes avec lesquels nous pourrions finalement commencer dès novembre. Ils iront faire un tour à Totonicapan également et distribuerons des prêts dans trois villes de plus ( que les trois autres où ils devront aller). Ah et aussi j'oubliais la visite à Sacapulas. Non, je pense vraiment que ce n'est pas réalisable, mais ça va être rigolo de les voir faire ça.

Nous faisons des crêpes à nouveau pour toute la famille avec une technique bien meilleure qu'avant-hier. Après, contrats et photocopies nous attendant, nous rentrons au café internet.

Contrats et photocopies

Vendredi 29 Août


Vendredi fut une journée très calme, à part pour le ventre de sylvain où s'est déclaré une guerre civile après un arrivage trop important de crêpes. Pendant ce temps, j'occupais joyeusement ma journée à écrire quelques contrats. En deux jours, nous atteignons les 120 contrats et les touches Ctrl+c et Ctrl+v de la moitié des ordinateurs locaux ne fonctionnent plus. En contrat, nous avons de l'ordre de 90 000Qz de prêtés.

Comme c'est quand même très embêtant, et que faire des comptes c'est plus rigolo, parce que l'on peut écrire des formules mathématiques sur excel, nous faisons les notres. Pour nous et l'association, et entre nous également. Au début, comme l'association ne nous paie aucun coût et que les calculs sont plus simples avec un taux de 10Qz pour un euros, nous faisons nos calculs avec ce taux. Comme nos retraits de 200€ nous reviennent en fait 192€, on se fait 8€ par tranche de 200€. Gnarf Gnarf Gnarf, après il nous vient à l'esprit que sylvain aura retiré 4800€ et mois 400€, du coup notre esprit d'honnêteté revient, et nous reprennons un taux correct et faisons nos comptes en euros. Beaucoup moins drôle. Snif. Il faut quand même avouer qu'à part les semaines où on paie pour 5 personnes, l'été n'aura pas été trop cher. Surtout depuis la découverte que le guatemala n'est pas dangereux et qu'on peut circuler en bus sans problèmes.

Un petit coup de parlotte avec José, des contrats à imprimmer en cascade et puis quelques photocopies à faire. De toutes les sollicitudes ... Sylvain me fait remarquer qu'on fait mal à des arbres, ce qui me fait aussi peu plaisir. Mais la différence de temps étant de l'ordre du jour de travail vu la rapidité du scanner de José, le coeur en berne, nous photocopions. Nous trouverons une solution pour l'année prochaine. Surtout qu'il y aura un peu plus de sollicitudes! Et après on nous dit que ce stage n'est pas ouvrier !

El Presupuesto

Jeudi 28 Août

Ce jeudi, nous prennons notre petit-déjeuner avec Miguel. Le président doit venir
à Quiché à 10h pour soutenir le programme de resarcimiento, c'est à dire le programme de règlements des dommages et problèmes liés conflit armé, comme s'appelle la guerre civile ici. Miguel dont l'association s'inscrit pleinement dans ce programme nous propose d'y aller. Nous refusons ayant quelques contrats à remplir.

Quelques heures et une cinquantaine de contrats plus tard, quoique nous ayons rendez-vous avec Miguel pour manger, celui-ci ayant plus de deux heures de retard, nous y allons sans lui. Nous allons essayer le "chalet", conseillé par José, qui ressembre à un restaurant méditerrannéen. Nous sommes très surpris par le cadre agréable, la qualité de la nourriture et le prix. Enfin, en cas de nostalgie d'un cadre agréable au Guatemala, il est bon de savoir que l'on peut manger là.

Pendant le repas, nous revenons sur les désaffections des divers endroits. J'avais fait un budget, en grossissant légèrement pour que l'on puisse prêter à ceux que nous voudrions. Le problème, c'est que les desaffections de Ixtahuacan, Chicaman, et le probable arrêt du groupde d'hommes à El Desengaño nous enlève plus de 40 000Qz de budget. Or Joaquin et ses techniques de sélection à 2 groupes par aldeas ne nous fournit aucune marge de manoeuvre.

Nous rentrons et réflechissons devant les comptes. Effectivement Ixtahuacan nous plante 26 000Qz et Chicaman, du fait que l'on ait refusé trois groupes sans même sourciller, le projet étant trop risqué, et du fait de la désaffection de Don Pedro Chipel Tum et de quelques membres de sa famille, notre budget s'abaisse de 10 000Qz là-bas également. Avec El Desengaño et 6000Qz de budget en moins, nous devons trouver des clients pour 42 000Qz, c'est à dire environ quatre-vingt dix clients à 500Qz. Facile en deux semaines et demi.

Bon on a quand même utilisé toute la marge de manoeuvre que l'on avait à Uspantan, on l'utilisera à Zacualpa avec les groupes nouvellement rattaché à la direction de Joaquin. Cela compte pour environ 20 000Qz. Pour les autres 20 000Qz, nous appelons Joaquin en lui disant de nous trouver des gens à Zacualpa et Santa Cruz del Quiché, où nous irons de toute façon Samedi et Dimanche. Plus proches de la politique qui devrait être mise en place l'année passée, nous y distribuerons certainement des prêts entre 1000 et 1500Qz, c'est à dire de un mois de salaire des gens ici.

Bilan de tous ces calculs et prospectives, nous devrions prêter si la chance ne nous sourit guère, c'est à dire si les projets ne sont pas bons, car en aucun cas, nous ne prêterons à des projets ou sollicitudes mauvaises, environ 105 000Qz, c'est à dire assez loin des environ 130 000Qz de budget que nous avons, et des 150 000Qz que nous avions quand l'euro était très fort.

On en est pas très contents mais cela nous laisse une petite marge de sécurité : une bonne partie des projets risquent de se renouveller dans six mois, et nous avons mis en place déjà avec Miguel un cycle de distribution dans six mois. Avec Joaquin nous allons mettre en place un cycle de distribution tous les trois mois. Si les remboursements des gens devraient couvrir les nouveaux prêteurs, en cas d'anciens prêteurs qui terminent leur remboursements en six mois, nous devrons passer de 500Qz à entre 1000 et 2000Qz. Et à ce moment-là nous aurons intérêt à avoir quelques fonds. Donc au cas, où le démarchage a quelques problèmes, nous pouvons financer un cycle, c'est à dire un retard de trois mois dans le démarchage. Mais, on est quand même pas très contents.

Enfin, sylvain finit d'écrire les contrats de Uspantan tandis que j'établis quelques statistiques. Notre taux de renouvellement est passé de 100% en paroles il y a un mois et demi à 53% aujourd'hui. Forcément que cela pose quelques problèmes budgetaires. Conclusion, il faut clairement augmenter sa marge de manoeuvre. C'est à dire le nombre de demandes que l'on a entre les mains, quitte à en refuser de bonnes. J'étais content quand Eliseth ne nous donnait que 3 nouveaux groupes à Chicaman sur les cinquante sollicitudes que je lui avais fournies. Elles manquent clairement aujourd'hui. Ensuite on a utilisé notre marge de manoeuvre trop tôt, c'est à dire avant d'avoir eu les sollicitudes de Ixtahuacan. Nous aurions du réagir en fait beaucoup plus tôt.

Pour se changer les idées, nous allons faire des crêpes chez José. Malgré un matériel inadéquat ( à la base on voulait faire des quiches, mais lorsque l'on arrivait, il n'y avait pas de fours ). On sera un peu déçu de ne pas voir José de la soirée, mais contents d'avoir fait un peu de cuisine pour sa femme et ses enfants.

Guatémaltèques ...

Mercredi 27 Août 2008

Hier, durant le retour, j'avais aperçu une personne en train de lire un document sur l'histoire, la géographie et la démographie d'Uspantan. Apparemmment on pouvait obtenir ceux-ci dans les mairies. En conséquence, nous nous dirigeons vers la mairie et la poste pour mettre en place quelques petites chose. La première est une approche économique de nos travaux. La seconde, c'est l'accord de prêt à distance.

Restons sur la première. A la mairie, nous faisons un tour par le chargé de tourisme et des cadastres qui nous dirigent vers l'institut national de statistique. Hanaa avait déjà trouvé beaucoup d'informations chez eux. Nous arrivons là-bas et effectivement, on nous fournit beaucoup d'informations sur la nouvelle clé usb. Nous sommes surpris par l'efficacité avec laquelle on nous reçoit dans ces institutions. Certes, ils n'ont pas un travail démesuré, mais ils nous acceuillent parfaitement bien et tout est géré rapidement. Nous essayons les ministère de l'agriculture pour tenter d'obtenir quelques statistiques sur les animaux malades ou morts, nous pourrions ainsi tenter quelques calculs d'assurance et les présenter à nos amis de Dexia. Mais là-bas, les fonctionnaires ne sont pas aussi efficaces. Nous revenons au café internet, coup de fil à Marcos. Il est déjà à Sacapulas, nous y allons donc directement. Nous y serons bien avant Miguel mais ce n'est pas grave cela nous laissera du temps pour parler avec Marcos.

12h15 nous arrivons à Sacapulas. Coup de fil, Marcos et Miguel, vous êtes où ? J'entends pas bien, là le téléphone est pas bon, sur la route d'Uspantan, nous aussi, ah non , où ça alors ? QUOI ??? A Uspantan. Mais qu'est-ce que vous faites là-bas bande de c... Nous alleons manger pour nous calmer et décider ce que nous allons faire. Après avoir fait quatres heures de routes pour ne voir qu'Ernesto hier, parce que ces messieurs avaient omis de nous dire qu'ils avaient un jour de retard dans leur planning, nous avons le choix entre : accepter d'avoir perdu deux heures, où perdre deux autres heures pour aller là-bas voire Marcos et comprendre ce qui s'est passé à Ixtahuacan. Le gros mal de crâne que j'ai à cause de ces allers-retours incessants n'aide pas non plus. Enfin après l'énervement, nous rions car nous n'avons pas d'autres choix. Ces guatémaltèques sont quand même assez fort. Mettre un lapin énorme suivi d'un encore plus gros, c'est impressionant quand même.

Nous repartons sur les routes. Arrivés à Uspantan, nous aurons droit à 5 minutes de discussion avec Marcos, il doit partir pour Nebaj. Le temps de comprendre qu'un prêt gouvernemental plus important que le notre a attiré beaucoup de gens, d'où la désaffection de quatre groupes de l'année passée. Par ailleurs, les sollicitudes sont pourries et il y en a une pour chaque groupe, ils ont copiés le fonctionnement de l'année passée. On ne va pas dire que j'avais demandé une sollicitude remplie par personne. Il faut dire qu'on n'a vu Ixtahuacan qu'une fois et que c'était la toute première fois, quand nous étions encore gentils. Nous accorderons certainement malgré tout ces demandes, mais c'est assez désagréable d'accorder des demandes pas géniales quand on en refuse des mieux.

Ernesto veut nous refourguer ses sollicitudes dans la soirées, mais nous n'avons pas plus de temps à perdre et nous lui disons donc de nous les apporter à Quiché dans quelques jours. Nous repartons avec Miguel et un de ses futurs employés. Dans la camionette Miguel fait subir un test idéologique à son collaborateur. Le résultat est assez abscons, de toute façon, j'essaye de dormir. Nous avons rendez-vous au café Internet avec Joaquin, mais nous arriverons presque à l'heure. D'ailleurs il n'est pas encore là quand nous arrivons. Peu après il arrive et nous récupérons les sollicitudes des zones proches de Quiché. Nous commençons à avoir une certaine maîtrise de ce qui se passe ici, c'est à dire beaucoup de travail. Mais là, nous n'en pouvons plus de nos heures de route et allons envoyer des écureuils dans l'espace.

Seul fait intéressant de la soirée, nous discutons avec Miguel tout en mangeant. Je lui demande ce qu'il pense du courriel d'Armando aux deux françaises. Celui-ci les avait clairement prises à parti en les villipendant dans un courrier aux allures anti-colonialistes, c'est à dire clairement déplacé. Là Miguel critique clairement l'attitude d'Armando et vante les mérites d'une institution avec une direction franco-guatémaltèque, c'est à diree, ce que l'on cherche à mettre en place. J'avoue être assez satisfait que nous ayons le même point de vue sur ces évènements. Nous discutons également rapidemeent avec José, nous irons faire à manger chez lui demain.
Au passage, notre planning a été accepté par Miguel, et tout devrait aller très vite, même peut-être plus vite que ce que l'on pensait. Il nous propose de développer une activité à Chichicastenango, ville un peu au sud de Quiché. Je dis que c'est clairement envisageable, mais dans un peu de temps. Enfin Sylvain et Tania iront en reconnaissance.

Fernando et Ernesto

Mardi 26 Août 2008

Nous nous levons à 8h30 pour un départ pour Uspantan prévu à 7h. Tout va bien. Sur le chemin, nous essayons de voir ce que l’on doit faire et organiser et nous finissons par succomber sous le poids de nos pensées et nous réveillons à Uspantan. Nous allons voir Ernesto, il a les sollicitudes mais nous apprend que Miguel ne viendra pas aujourd’hui, les anthropologues ne pouvant être là que demain. Ca veut dire Marcos non plus. Merci de prévenir, enfin tout va bien. Nous allons voir Fernando pour voir si nous pouvons réunir les deux pour leur annoncer que nous ne voulons qu’un responsable. Fernando n’est pas là et ne revient que vers midi et demie. Nous allons voir Ernesto et lui disons que nous revenons donc vers cette heure pour régler l’affaire. Nous allons manger.
En mangeant, nous analysons les sollicitudes des deux groupes d’Ernesto. Ca va vite, elles sont vides. On se demande s’ils ne se fouttent pas un peu de notre gueule. Enfin, depuis le temps que nous sommes ici, nous savons qu’ils n’ont juste pas bien compris ce que l’on voulait. Ce n’est pas grave, nous leur expliquerons et ils nous feront de belles nouvelles sollicitudes. Nous mangeons admirablement bien dans le restaurant de mon hôtel préféré de Uspantan, l’hotel Don Gabriel. Un peu cher, 2€ 50, mais l’escalope panée est bonne. Nous allons ensuite voir Fernando que nous attendons une petite demi-heure. Mais nous sommes tellement rodés que les seules choses qu’on ait apportées sont un carnet pour prendre des notes et deux livres. Il arrive et nous allons voir ensemble Ernesto. Pas là. Nous lui téléphonons, il ne revient que dans une demi-heure. Nous allons taper ce boulet. Enfin nous prenons rendez-vous pour 2h et perdons tout espoir d’aller à El Desengaño où nous voulions récupérer les sollicitudes, car il est impossible de les joindre par téléphone en semaine. 2h : nous allons voir Ernesto. Il est là, mais Fernando pas encore. Nous lui expliquons que le responsable sera Fernando, car lui ne maîtrise pas internet, raison officielle. Après, nous lui expliquons que ses sollicitudes sont pourries et lui expliquons comment remplir une bonne sollicitude. Vu que j’avais déjà expliqué cela il y a deux semaines, je me dis que sans exemples, ça ne va pas être génial non plus. Enfin, ils les remanieront et nous les enverront avant la fin de la semaine à Guaté. Parfait.

Fernando arrive. Les deux sont d’accord pour que le responsable soit Fernando. Nous lui laissons une semaine pour s’acheter un portable, qu’on ne lui paie pas, et se trouver une adresse électronique. Nous paierons néanmoins ses communications téléphoniques sur facture et avec une limite de 30Qz par mois. Tout est clair et réglé. Nous donnons les dates de notre planning sans trop savoir si Miguel pourra, mais de toute façon, la marge de mes amis qui resteront ici n’est pas si grande, nous ne pouvons donc pas nous permettre de décaler le tout de plus de deux jours. Ensuite nous expliquons ce que l’on veut comme réunion. Nous souhaitons voir quatre groupes toutes les deux heures, ainsi les gens n’attendront pas et Sylvain et Tania non plus. Tout semble clair, au moins pour Fernando, nous partons donc.
4h de transport pour régler un problème, ça peut sembler très inefficace. Pourtant nous sommes relativement satisfaits, la situation est désormais claire et acceptée par tout le monde. Voir les gens est souvent une bonne façon de régler les problèmes, voire la seule. En tout cas, ici c’est clair, c’est la seule. D’où la préparation forte du terrain que nous faisons pour minimiser les problèmes avant notre départ. Comme nous connaissons désormais bien tous les responsables cela devrait quand même tourner assez rond.
Bon, on le pense fortement que c’était utile, surtout quand le retour se fait sur un banc en bois sans trop d’espace pour respirer dans une toute petite camionnette. Au bout de cinq minutes, je ne sens plus ma jambe droite et décide de dormir. Réveillé par un ralentisseur-stoppeur que le chauffeur n’a visiblement pas vu, je peux me livrer à la comparaison des chocs tête-plafond et fessier-banc en bois. Mon avis n’est pas encore définitif mais Sylvain penche pour le second choc comme vainqueur de la comparaison. Cinq pick-up de police attirent notre attention : un contrôle de police. On est vraiment trop fort de n’avoir amené qu’un carnet de notes et nos bouquins. Après une petite frayeur, le flic inspectant la camionnette mais ne demandant les papiers que du chauffeur, nous sommes rassurés et nous disons que nous mettrons une photocopie dans notre pantalon la prochaine fois. Un gosse devant moi a décidé que la moquette ne lui plaisait pas et tente avec succès de la repeindre avec son déjeuner. Mais Sylvain et moi avons réussi à prendre des positions stratégiques, au gré du jeu des entrants et sortants, l’accès aux fenêtres. Haha, vengeance sur les bancs en bois, nous terminons le voyage presque agréablement, protégés par notre accès aux fenêtres.
A peine arrivés, nous terminons la prise de décision et la saisie informatique des dossiers de Uspantan et Chicaman. Un coup de fil à Miguel et nous avons rendez-vous demain à Sacapulas où nous verrons également Marcos. Nous perdons pas mal de temps en transports actuellement, mais il nous faut régler quelques points bien précis. En rentrant nous aurons rendez-vous avec Joaquim. Il nous faut effectivement faire des photocopies de toutes les sollicitudes pour les ramener en France. Bon, tout cela avance. Nous allons manger et essayons d’ordonner notre réflexion sur la politique de prêt. Malgré mon document de quelques 10 pages, il nous faudra repartir de zéro. Notre lecture commune de l’introduction à la philosophie politique de R. Aron nous donne quelques idées, mais il y a du travail. Nous listons également tout ce que nous aurons à faire faire de très concret à la rentrée. Il devrait y avoir du travail, parfois ouvrier mais beaucoup de travail. Allez quelques mails et écriture ainsi que la découverte d’un jeu génial : Hedgehog Launch. Le principe, envoyer un hérisson dans l’espace. Je vous laisse donc pour quelques activités importantes.

Analyse de sollicitudes

Lundi 26 Août 2008

Dimanche, après un lever un peu tôt, et l'écriture des faits de la veille, nous nous lançons dans l'analyse de nos quelques 80 sollicitudes d'Uspantan. D'ailleurs, cette journée trop tranquille sera essentiellement constituée de cela et de quelques réflexions sur la gestion de nos coûts dans l'année qui va venir. Je pense que nos anciens seraient un peu jaloux de voir les demandes que l'on a : l'année dernière, chèvres, cochons et frijols constituaient les demandes. Cette année, tiendas, tortillerias, étals sur le marché, commerce d'animaux sont les plus représentés. Notre groupe le plus flou est constitué d'une amélioration d'un salon de beauté, d'un magasin de vêtement pour enfants, d'une fabrique d'objets en métal et d'un dernier projet tout aussi bien que j'ai oublié. Bon, on l'a refusé, parce qu'on ne se trouvait pas tout à fait adapté à leur situation, mais ça laisse présager de possibilités sympathiques.

Malgré tout, il faut l'avouer, c'est un peu long. En plus nous n'avons pas les sollicitudes de Chicaman et Ixtahuacan qui seront clairement moins bonnes. Mais, nous arrivons tout de même en fin de journée à 5 groupes refusés et 4 acceptés, il nous reste seulement la décision à prendre pour les huit autres. On navigue clairement dans le flou en terme de critères de décision, mais disons que nous avons plus ou moins deux échelles : d'un côté on prête plus aux sollicitudes les plus sérieuses et les projets les plus intéressants, de l'autre on favorise les plus pauvres. Ce qui souvent, est contradictoire.



Lundi, nous poursuivons notre travail de la veille et progressons dans notre sérieux. Nous établissons toujours plus précisément notre budget, même si nous avons encore quelques zones d’ombres, notamment Ixtahuacan, une zone d’ombre qui représente le tiers de l’argent que nous allons prêter… Dans cette vague de sérieux, nous établissons un petit planning de l’utilisation de notre temps dans les trois prochaines semaines. Bon comme ces vagues doivent être interrompues, pour ne pas les laisser devenir dangereuses pour la santé, nous allons déjeuner avec nos amies françaises. Un déjeuner dans un bon restaurant d’Uspantan, avec une durée à la française : 2h. Je pense que les locaux n’ont pas du voir cela depuis les derniers français passés en ville. Enfin tout cela est intéressant, et j’irai certainement à Angers vers le 10 septembre pour parler avec leurs présidents. A la clé, des possibilités de partenariats. Enfin nous verrons.

Nous voyons ensuite Eliseth et récupérons donc à Quiché les sollicitudes de Chicaman, que l’on analyse dans la foulée. Nous avons été entendus et écoutés : les sollicitudes deuxième version sont vraiment bonnes et nous n’avons aucun mal à les accorder, sauf deux que l’on accorde parce qu’il y a un projet assez sympa dans le groupe. Les maçons font des projets de maçonnerie. Nous notons que deux personnes nous demandent au final le même projet que l'année dernière alors qu'ils ne l'avaient pas respecté l'année passée. Nous acceptons mais leur feront remarquer à la distribution dans le ton qui est le notre ici. Comme nous rédigeons, enfin comme Sylvain rédige, les contrats des responsables locaux, nous nous rendons compte que la situation à Uspantan ne nous plaît pas : il y a deux responsables, un avec le téléphone pour appeler les clients, l’autre avec internet pour nous donner les infos. Ca fait un de trop, nous nous rendrons demain à Uspantan pour régler le problème. Comme Miguel devrait y être, nous pourrons également confirmer notre sublime planning et pour une fois avoir une visibilité sur ce que nous ferons.
Petit coup de fil à Marcos pour savoir si on peut récupérer ses sollicitudes dans le même temps. Oui, ça devrait être faisable. Combien de groupes nous demandent finalement un prêt ? QUOI ? 5 seulement. Ah et il y a une raison pour cela ? Pas trop, seulement certains n’ont pas souhaité poursuivre l’aventure ? Hum. Tout cela demande des explications. Enfin nous verrons. Notre montant d’accord de prêt vient de perdre en quelques jours de l’ordre de 30 000Qz. Nous partirons certainement avec une part de l’argent non prêté, alors que nous avons souvent pensé que nous devrions sortir de l’argent de notre poche. Il nous faudra comprendre ce qu’il s’est passé à Ixtahuacan. On ne peut mettre en cause les nouvelles sollicitudes, ils ont celles de l’année dernière ! Mais l’année dernière, les 2k5 leur avaient laissé la possibilité de ne faire qu’une demande pour quatre, ce que nous n’avons pas laissé faire cette année. Peut-être le trop grand nombre de papier à faire les a rebutés. Je soupçonne également une forte pression de Marcos pour les derniers remboursements qui les aurait découragés. Le système du décalage de trois mois des paiements a induit des gros paiements en hiver qui me semblaient déjà trop difficiles pour eux. Enfin, les têtes pleines de considérations de tout genre, nous allons nous coucher.

Le maire de Cunen

Samedi 23 Août

Sylvain se lève avant moi et étudie un peu plus les sollicitudes d’Uspantan. A mon réveil, je rédige les quelques journées passées, ce qui me prend, en comptant le petit déjeuner, toute la matinée. Apparemment, nous allons avoir quelques problèmes pour sélectionner tout cela. Enfin, nous verrons bien ce qu’il en sera. Vers une heure, nous partons pour Sacapula qui est sur la route de Cunen.

En route, je reviens sur la future gestion du cas Joaquin. J’ai assez bien compris ces derniers temps qu’il serait assez technique que ce monsieur reste travailler avec nous et demande à José la proposition qu’il lui fera. Apparemment José qui avait prévu que l’on prenne une grande partie des coûts pensait combler de seulement 500Qz le salaire. Il est prêt à monter jusqu’à 1000Qz mais au-dessus, les revenus de son association ne pourront pas suffire. Comme j’avais dit qu’en aucun cas, nous ne pourrions aller au-delà de 1500Qz et que c’était déjà beaucoup pour nous, cela ferait 2500Qz de salaire, ce qui est environ 1000 en dessous de ce que Joaquin peut espérer ailleurs. De toute façon, j’avais dit que nous serons prêt à aller jusqu’à 1500Qz au cas où eux mettraient la même somme en jeu voire plus. Là, nous préparons donc mutuellement le terrain à un abaissement drastique de coûts. Je propose que pour un timing mieux géré, nous travaillions avec un étudiant en travail social, les études de Joaquin et José, qui soit en dernière année. Ainsi nous pourrions le payer pour un temps partiel et pas trop cher durant l’année et lui proposer un travail à la fin de l’année, ce qui serait adapté au rythme des augmentations de nos revenus. José semble assez d’accord avec ce point de vue et m’explique les raisons du recrutement de Joaquin, pour expliquer l’inadéquation entre son salaire et nos possibilités. L’idée, toujours la même, c’est qu’Armando avait un tantinet grossi nos revenus. Nous avions dit que nous étions prêts à payer 4000 pour les deux premiers mois puis 1000 par mois, cela s’est transformé en 2000Qz par mois. De toute façon, Joaquin l’a assuré qu’il formerait le prochain si lui ne restait pas à travailler avec nous.

Nous déjeunons à Sacapula dans un très bon comedor que connaît José car il a beaucoup travaillé ici. A Cunen, nous allons directement voir le maire. Ce dernier a été un travailleur social que connaît bien José avant d’être élu. Comme Cunen est une ville de plus de 30 000 habitants, cela nous laisse quelques perspectives de développement dans la région. En plus, d’après José, le maire est assez-bon et comprend bien que nous ne serons pas là pour faire de la politique. Tout cela semble assez parfait. Nous partons donc pour Cunen, après avoir lutté pour finir nos plats ; lutte gagnée par Sylvain, mais perdue par moi. Là-bas, nous allons donc attendre à la mairie où nous rencontrons le seul travailleur social aujourd’hui employé par la ville. Il s’occupe d’une antenne d’une université au Costa Rica, qui, il paraît, est le pays riche de la région. Quelques deux heures d’attentes plus tard, le maire ayant été retenu par des problèmes de communautés, nous le voyons arriver. Pendant ce temps, j’avais également essayé de me faire expliquer par José le concept de communauté, mais cela a beaucoup confirmé mes doutes. Apparemment il y a un découpement administratif en dessous de l’aldea qui s’appelle le pareje. Et les communautés correspondraient assez souvent avec ce découpement. C’est donc une sorte de nom pour dire que des personnes vivent à peu près au même endroit. Ensuite la consistance de la communauté est, comme je l’avais déjà suggéré, très reliée à son histoire et à ses responsables. Le développement communautaire ici est donc une notion plutôt éloignée de ce qu’on pourrait imaginer en France. Ca consisterait à dire qu’on va aider tous les individus d’un endroit, mais sans même aucune condition de travail ensemble. Conclusion, tout ce qui a trait au vocabulaire de la communauté au Guatemala doit être pris avec de grandes pincettes.

Nous débutons notre réunion avec le maire. Il s’excuse son habillement en maillot de l’Italie, l’expliquant par la nécessité de travailler dans les aldeas. Il nous remercie ensuite et nous présente la situation locale. Après cela, je présente notre projet, beaucoup trop longuement de l’avis de Sylvain. Enfin, nous comprenons que ce monsieur pourra non seulement nous diriger vers les bonnes personnes pour initier notre projet à Cunen, mais également nous être utile dans la suite du développement du projet. Pour une fois, je n’exagère ni nos possibilités, ni notre rythme de croissance, nous laissant du temps. Je répète plusieurs fois que nous devons d’abord comprendre la situation des gens ici avant d’augmenter notre investissement à Cunen. Lui, en revanche, nous fait une démonstration de ses possibilités, que nous entendons et notons. Pour être clair, comme il y a des réunions avec tous les maires de la région, une fois que nous aurons développé Cunen, le démarrage de notre activité dans les autres villes ne devrait pas poser de problèmes majeurs. Par ailleurs, dans le flou pour notre politique de prêt, nous insistons sur notre point fort, travailler avec les gens très pauvres des aldeas, pour ne pas se faire piéger comme à Uspantan par des projets trop bons, trop grands, trop tôt. Nous ne nous engageons qu’à démarrer une activité dans trois mois avec quatre ou cinq groupes à 500Qz. Le projet dans ma tête est ridiculement petit face aux possibilités de développement que nous laisse le maire, mais je me force à le présenter comme il est, sans exagérations, et en prenant nos capacités dans trois mois les plus faibles dans nos prévisions. Nous débuterons donc lentement mais sûrement ici avec un maire au courant de nos activités et qui pourra nous appuyer à tout moment. Le bilan de la réunion n’est pas si mauvais.

Avant de partir, il nous explique que de toute façon, à part le projet d’université, la ville coordonne surtout des projets plus qu’elle n’en supporte. En effet, le budget pour 30 000 habitants est de l’ordre de 700 000 euros, et son prédécesseur lui a laissé 500 000€ de dettes… Sur la route du retour, José nous dira qu’il connaît d’autres maires, mais qu’on lui a conseillé parfois de ne pas passer par eux, tant l’on risquerait de se faire récupérer par des enjeux électoraux. Cela m’enchante grandement que l’on puisse naviguer dans les eaux de la politique des élus locaux avec un tel gouvernail. Nous pourrons profiter des réseaux certainement les plus développés du Guatemala, que sont les associations et les politiques, sans prendre trop de danger. D’ailleurs à Cunen, nous devrions commencer par travailler, comme à Chicaman avec une responsable de groupes de femmes qui travaille également avec plus de 300 femmes. L’année passée, le pourcentage de femmes était de 50%, nous monterons à plus de 65% cette année et n’aurons donc aucun mal à faire progresser ce taux. Ici elles sont en fait souvent très organisées et il suffit de connaître les responsables.

Nous quittons José pour le café internet. Finalement nous ne pourrons aller voir demain les responsables de Sacapula, et il semble que ce sera difficile de les voir avant notre départ. C’est dommage, j’aimerais que tous les gens qui travaillent avec nous, nous voient au moins une fois avant d’initier quoi que ce soit, tant ces deux années, nous avons eu des problèmes d’incompréhensions lorsqu’il s’agissait de travaux commençants. Sylvain est fatigué et a très mal à la tête. Avant d’aller se coucher, il me dira qu’il est quand même dommage que nous ne puissions travailler avec Joaquin. Certes, mais si l’on peut diminuer par trois nos coûts durant l’année prochaine, ça sera avec plaisir. Pour ma part, je reprends avec un peu plus de sérieux mes activités d’écriture où j’avais pris du retard. Si vous regardez attentivement, nous faisons en moyenne 4h de transport par jours depuis mercredi, et ça fatigue un tantinet. Du coup le soir, on est moins sérieux. Mais comme je réalise aujourd’hui qu’il ne me reste plus qu’une semaine ici et que l’on est loin d’avoir terminé le travail, je me remets au travail.

Garderies

Vendredi 22 Août

Lever 8h. Un aide d’Ingrid devait lui apporter des livres mais il a oublié. Nous allons donc les chercher à sa librairie. Ingrid nous explique sa situation : ses parents sont aux Etats-Unis et le financent sans condition. Du coup lui manque clairement d’esprit de responsabilité. Ca me rappelle l’histoire de quelques projets et d’associations françaises. Ses garderies sont dans deux bidonvilles. Le premier est un bidonville où le narco trafic règne. Lorsque nous arrivons, Ingrid paye une personne pour garder la voiture. C’est le mari d’une de ses employées. Nous apprendrons ensuite que les deux étaient dans la rue à se droguer il y a peu. Nous entrons dans un îlot d’innocence au service des enfants. Cette garderie est une école maternelle avec des traits de discipline militaire. Les jeux qui y sont pratiqués ont systématiquement pour but la compréhension d’une notion, le développement de repères spatiaux. Je disais qu’on y trouvait même quelques exercices militaires. Le rapprochement entre les deux mondes doit être l’amélioration des réflexes naturels. Nous discutons avec les quelques personnes qui y travaillent. Les enfants sont fortement encadrés et réalisent en permanence tout un tas de devoirs. Ingrid qui avait un entretien durant une trentaine de minutes revient et organise quelques jeux éducatifs avec les enfants de tous les âges, c’est à dire de 2 à 6 ans. Nous regardons cette impressionnante dépense énergétique avec admiration.

Suite à cela, nous allons à la seconde garderie. En chemin nous revenons sur les problèmes de financement des garderies. Actuellement les garderies appartiennent à moitié à Terre Ouverte, une association française, à moitié à la SOSEP, la société des œuvres sociales de l’épouse du président, aujourd’hui organe proche du gouvernement. Le problème est que l’association française était un peu plus préoccupée par les repas des jeunes et par es jeunes eux-mêmes. Exemple tout bête : en cas de maladie, la SOSEP demande aux enfants un certificat médical et les exclue s’ils n’en fournissent pas. Bien évidemment, il n’y a même pas de médecin dans le bidonville tant les gens n’ont pas les moyens de payer. Enfin, en cas de manque de fonds, elle voudrait se lancer dans une bibliothèque. Ce qui permettrait aux jeunes d’avoir un endroit où lire et où travailler.

Elle nous parle également du bidonville où nous arrivons. Là, les habitants se sont beaucoup bougés et ont même bétonné la route par leurs propres moyens. Le quartier se développe bien plus que l’autre. Lorsque l’on arrive à la garderie, les enfants s’apprêtent à manger, et nous ferons donc de même. Ingrid, dont il est presque trop visible qu’elle compte sur nous pour être des relais de ses besoins en financement, nous fait clairement une inspection de sa garderie. Sans le demander, nous aurons plus d’informations ici que pour n’importe lequel de nos autres projets. Je la questionne également sur le fonctionnement de sa bibliothèque si elle la monte. L’occasion de me rappeler que l’on est malheureusement très loin de nos pratiques et que dans l’état peu clair actuel de notre politique, il nous semble clair que l’on n’est pas en mesure d’apporter une quelconque aide financière ici. Lorsque nous partons, Ingrid reprend la même cérémonie de jeux et chants avant de s’en aller. Cela doit lui donner autant d’énergie qu’il lui en coûte. Nous repartons par une forte pente pour rejoindre la voiture. Je demande si la pluie ne fait pas de dégâts ici. Bien évidemment si, et toutes les maisons sont bien sûr dans des zones non constructibles. A mon sens à la moindre pluie forte très localisée, il doit y avoir des milliers de morts. Enfin, ça ne doit pas non plus être la cause première de mortalité ici.

Nous nous dirigeons vers notre lieu de départ, mais comme on passe près de la zone une, j'en profite pour aller voir Miguel s'il n'y a pas des dossiers à récupérer. Non? Ca me déçoit un peu, mais sans perdre le nord, je demande les codes d'accès au compte par Internet. Nous les obtenons enfin. Cette fois-ci c'est clair, nous avons assuré un contrôle très net sur les comptes pour l'année prochaine. Au bureau, ils fêtent je ne sais quoi, mais nous ne voulons pas faire perdre de temps à Ingrid et nous en allons.


Nous repartons et Ingrid nous conduit au bus qui nous ramènera à Quiché. Nous sommes un peu triste de quitter si tôt cette famille tant agréable, mais c’est pour le mieux : nous avons encore beaucoup de travail. Dans le bus qui nous ramène dans le Quiché, je réalise que c'est surement la dernière fois que je prends le bus dans ce sens là et profite donc un peu plus des montagnes et du décor. Et après encore 3h30 de bus dans des conditions toujours aussi confortables, nous arrivons sur notre lieu de vie : le café internet. Fatigués, nous nous reposerons un peu, nous extasirons devant l'accès par internet aux comptes de Miguel et discuterons avec José. Nous irons d’ailleurs manger avec lui chez lui. Nous parlons encore de ses problèmes de cadastres, pour lesquels il a voyagé toute la semaine. Nous rentrons ensuite dormir, demain l’horaire sera gentil, nous devons partir vers midi.

Ingrid Morataya

Jeudi 21 Août

Nous nous levons vers 8h30 et le temps de déjeuner et de nous préparer, nous devons partir pour Guaté. Le voyage de trois heures trente est assez peu agréable car le bus est bondé et nous sommes soulagés d’arriver. Nous téléphonons à Ingrid qui nous dit qu’elle sera là à quatre heures moins le quart. Très bien, nous allons manger et lire. A quatre heures, elle n’est pas là et nous ne nous inquiétons pas trop, un peu trop habitués aux retards guatémaltèques. Mais cette fois-ci nous avons tort. A la demi, nous lui téléphonons et elle nous attend depuis une heure mais de l’autre côté de la rue, nous avions mal compris sa description du lieu de rendez-vous.
Elle nous parle au rythme des battements d’ailes d’un colibri mais nous arrivons à distinguer dans ce vrombissement le flot de paroles qu’il devrait être. Nous parlons de la situation de nos amies communes, les deux françaises et également du président de Terre ouverte, Bernard Gabory, que nous avons rencontré en mai.

Nous arrivons chez elle : une résidence de quelques centaines de maisons rassemblées dans un enclos fermé et protégé par des policiers. A l’intérieur, c’est une véritable résidence à l’américaine, comme on en voit de plus en plus également dans les villes françaises. Les maisons sont de qualité et tout aussi confortable qu’une maison européenne normale. Nous sommes assez surpris car c’est un tout autre monde que celui dans lequel on a vécu jusqu’alors. La maison de José, qui gagne pourtant bien sa vie est miséreuse comparée à celle-ci. Mais nous comprenons que notre amie est proche des standards occidentaux en matière de vie familiale. Divorcée, trois enfants qui iront tous à l’université, une maison dans une banlieue résidentielle, des téléphones dernière génération, internet. Ici nous pourrions tout aussi bien être aux Etats-Unis. En plus, comme elle reçoit beaucoup de gens, notamment beaucoup de français, elle a déjà une idée assez précise de nos habitudes. Son chien s’appelle Nicolas et parfois ils l’appellent Sarkozy, réminiscence d’un passage de quelques français.

Comme elle doit un peu s’absenter, nous discutons avec son fils. Il étudie à l’université San Carlos, la seule université publique du pays qui comprend néanmoins quelques sept antennes régionales. L’université représente tout de même 5% du budget de l’état, ce qui rassure un peu. En droit, elle n’est pas très bonne, mais bien sûr notre ami est dans une filière très sélective, bien meilleure. Dans la soirée, ils nous diront qu’ils sont de la classe moyenne basse. On a un peu du mal à y croire et on se dit que l’on manque vraiment d’informations sur ce pays. Au moins nous avons quelques questions, et ceci est déjà bien pour avancer dans notre réflexion.

Après nous être douchés et avoir bu beaucoup trop de café, nous mangeons avec ses enfants et jouons même à un jeu dont je m’excuse de ne pouvoir le citer par les deux noms que je lui connais : « le baisé » ou « la salope ». Apparemment les gens qui leur ont appris l’appellent le tarot africain. Ce faisant nous discutons beaucoup, sans gène tant ces gens sont faciles d’accès. Ils doivent être vraiment habitués à recevoir souvent.

J’en profite donc pour connaître l’opinion de mon hôte sur sa situation et celle des françaises avec Armando. Beaucoup d’informations se recoupent avec ce que je connais déjà. Après quelques semaines passées ici et beaucoup de personnes vues, on peut assez facilement voir le cheminement d’opinion. Et la sienne est celles qu’avaient Anne et Marie. Pas grand-chose de beaucoup plus intéressant que ce que nous avons déjà appris. Son opinion sur le microcrédit est intéressante : elle nous dit que les gens dépenseront une grande partie de l’argent sans réellement gérer leurs projets. Il faut les accompagner beaucoup plus. A vrai dire, il y a une véritable problématique ici : à quel point doit-on accompagner les gens. Ici, tous les responsables locaux ont un goût prononcés pour les « capacitacion », c'est-à-dire les formations que l’on apporte aux gens. Mais moi, j’en ai clairement marre que l’on apporte tout un tas de petites choses à ses gens, sans leur apporter la seule qui compte : apprendre à aller les chercher. C’est bien un apprentissage de la liberté et de l’émancipation que l’on doit apporter par une voie concrète, pas un nouveau mode d’esclavage avec un peu plus de revenus. Enfin, comme je le disais hier, nous sommes dans un flou complet en matière de politique et de philosophie qui la déterminerait. Notre approche souffre de deux choses : elle basée sur une idéologie peu claire et aucunement partagée par tous et sur une méthode empirique alors que nous n’avons pas d’expérience. Il nous faudra du temps et beaucoup de réflexion pour palier à tout cela. En attendant je décris les problèmes que l’on a rencontrés, comment nous les avons gérés, et surtout j’écoute. Sylvain est allé se coucher plus tôt, mais nous discutons ainsi jusqu’à une heure du matin.

Présentation, accord de prêts et analyse

Mercredi 20 Août

A 5h57, on tape à la porte « Guillermo ». « Si si, estamos listo », le réveil de sylvain n’ayant pas bougé et étant resté à 7h, nous nous levons rapidement et nous habillons tout aussi rapidement. Nous prenons la camionnette qui doit nous amener à Zacualpa. Là-bas, nous nous refusons un petit-déjeuner ayant déjà un bon quart d’heure de retard. Deux idées sous-tendent cette décision : montrer à Joaquim qu’en France, nous sacrifions la nourriture à la ponctualité. Et puis comme ce héros qui aime être en retard pour énerver ses opposants (vous pourrez lire le dernier X-Passion et le très bon article d’une amie), j’aime être en avance, au Guatemala, ça veut dire 30 min de retard, celui qui attend commençant avec une position morale meilleure dans le dialogue.
En plus nous avons de la chance : un pick-up nous prend rapidement et nous arrivons à l’aldea Trapichitos vers 7h30 pour un rendez-vous à 7h. Personne. Pas trop surpris, nous préparons la réunion en faisant quand même quelques allusions à la ponctualité des gens. Comme je veux former Sylvain à l’art d’orateur avant mon départ, je laisse beaucoup de mon temps de parole, ce qui me coûte un peu tant j’ai pris goût à contrecarrer à l’avance toutes objections par des exemples concrets. Bien que tout le monde ne soit pas arrivé, nous commençons vers 8h. Je filme Sylvain dans ses exploits, mais malheureusement mes vidéos ne peuvent se lire sur ordinateur pour l’instant. Joaquim qui fait sa première réunion de présentation avec nous, nous traduit en rajoutant beaucoup d’informations, ce qui déroute un peu mon ami. Mais ce dernier ne s’en sort pas si mal. Je prends le relai pour l’explication du taux d’intérêt qui est l’explication la plus technique que l’on ait à faire ici. Généralement ma présentation consiste à leur dire d’éviter de se poser des questions là-dessus, qu’on a de toute façon le taux le plus bas du Guatemala et je leur donne quelques exemples de remboursements.


Nous sommes tout deux très satisfaits de la présentation de Joaquim. Il a très bien compris le ton que l’on souhaitait avoir. Je lui avais laissé une présentation type et il a repris beaucoup des idées en se les appropriant. Je rajoute quelques exemples de l’année passée, pour enfoncer le clou et pour qu’ils aient une idée de ce que l’on aime et de ce que l’on n’aime pas. Joaquim contrôle qu’ils aient saisi un peu de ce qu’on a dit, chose inscrite dans les manuels de pédagogie militaire mais que j’ai très peu respectée jusqu’ici, souvent exténué à la fin des présentations. Sauf qu’il commence par la question : c’est quoi les intérêts ? C'est-à-dire la chose la plus compliquée et bien sûr la miss répond à côté. Enfin, nous distribuons les sollicitudes avec les exemples que l’on a faits, en précisant que si l’on avait des demandes trop proches des exemples, nous ne les accorderions pas.
Dernière question : accepte-t-on la sollicitude de quelqu’un qui n’a pas de cedula? Je dis que ça dépend, et Sylvain derrière moi me presse pour refuser absolument. C’est le cas de jeunes gens qui ne l’ont pas encore, nous n’accepterons donc pas, ils devront attendre un peu. Nous terminons la réunion en leur disant qu’ils ont une semaine et demie pour remplir la demande et que nous les récupérerons le 30. Direction la réunion de distribution des prêts à 2000Qz qui a lieue à 100m de là.

Là-bas, sept des huit femmes sont déjà présentes. Nous pensons donc commencer rapidement. Nous attendrons en fait une heure, et cette fois-ci, fatigué par la réunion précédente, l’attente n’a clairement pas jouée en ma faveur. Le fait que le nombre de personnes présentes quand je parle varie de 4 à 8 alors qu’on leur accorde les plus gros prêts de cette année m’exaspère un peu plus. Je leur dis nos exigences, mais ne suis pas content de ne pas être plus clair et plus direct ni plus calme. Nous réussirons à faire passer l’idée qu’elles doivent trouver d’autres marchés et engraisser leurs bétails en six mois. Elles ne respecteront sans nul doute pas ces engagements, mais ce sera l’occasion de baisser le montant de leurs prêts et d’augmenter nos exigences. Enfin la réunion se passe, nous prêtons l’argent et les gens nous remercient. J’ai profondément envie de leur dire que je me fous totalement de leurs remerciements et que la seule chose qui importe est leur sérieux. Mais je me tais, je comprends que je n’aurais pas assez de calme aujourd’hui pour être suffisamment clair et obtenir l’effet escompté. Dans le type remerciements, elles nous offrent une soupe à la poule avec chacun un tiers d’une poule. Nous terminons avec difficulté, les remercions et nous en allons à pied. Zacualpa est le plus beau coin de tout le sud du Quiché et n’étant pas pressés, nous prenons plaisir à marcher. C’est l’occasion de discuter avec Joaquim encore un peu. Comme les premiers jours où je l’ai vu, je n’étais guère en forme, il reste beaucoup de chose à découvrir sur lui. Mais je suis tout à fait rassuré par sa présentation ce matin, c’était bien une incompréhension à l’origine du décalage d’attitude et de sélection avec les autres groupes, et non une attitude générale dans ses projets. Enfin, il me fait remarquer que son groupe était quand même plus sérieux, alors que j’y ai vu le même manque de ponctualité et de sérieux en réunion. De toute façon, il faudra encore préciser ce que nous voulons de sa part. Le problème, c’est que nous n’en avons pas la moindre idée.
Nous nous faisons prendre en pick-up avec trois jeunes demoiselles apparemment professeurs. En arrivant sylvain remarque une voiture avec un logo européen, ce qui provoquera quelques recherches durant l’après-midi. Et effectivement, après être rentrés en bus, nous flânons au café internet et faisons quelques recherches sur les programmes européens ici. Bon ce n’est clairement pas de notre taille, mais il y a quelques informations intéressantes. Peut-être même pourrions-nous établir quelques contacts, mais notre manque de légalité nous pèse un peu. Nous attendrons quelques années, mais nous informons quand même.

La soirée sera dédiée à une première analyse des demandes. Fatigués, nous survolons les demandes qui nos posent beaucoup de problèmes. Elles sont en effets bien trop bonnes. J’avais prévu un budget pour 6 groupes. Or sur 17 groupes, nous n’en détectons aucun de vraiment scandaleux, un seul que l’on peut mettre rapidement à l’écart, un autre auquel nous pouvons demander plus de garanties puisqu’ils ont demandé trop d’argent et d’ores et déjà 3 auxquels nous sommes sûrs de prêter. Il faut vraiment mesurer le décalage. Nous avions à sélectionner parmi des projets agricoles très semblables, là certains de nos groupes sont constitués de : un projet de boulangerie, un de magasin de vente de vêtement, un de tortilleria et un de magasin de vente de cuir. Nous n’avons bien sûr aucun recul et aucun outil de sélection de tous ces projets, et il y a autant de demandes pour une ville que pour tous les projets l’année passée. Par ailleurs, nous sommes très désorientés par les décisions précédentes, le manque de compréhension de la situation de pauvreté des gens et plus que tout par le manque de clarté sur ce que nous voulons faire ici. Financer des projets intéressants pour les plus pauvres ? Mais les plus pauvres n’ont pas de projets intéressants, et nous n’avons aucune idée finalement de ce que veut dire être pauvre ici. Fatigués, nous remettons l’analyse précise à un peu plus tard et allons nous coucher.

Travail de secrétariat

Mardi 19 Août 2008

Levés un peu plus tôt, nous allons déjeuner en profitant du dernier jour de fête. Beaucoup plus efficaces que la veille, surtout Sylvain, nous abattons beaucoup de travail aujourd’hui. Pour moi, énième modification des demandes de prêts, assez lourde cette fois-ci, en ce qui me concerne et 15 coups de fils pour obtenir quelques informations. Nous irons voir le travail d’Ingrid Morataya de Terre Ouverte. Elle tient deux garderies dans les bidonvilles de Guatemala Ciudad et est apparemment une responsable très sérieuse. Bien sûr, travailler à Guaté n’est pas dans notre plan à trois ans, mais nous allons prendre contact tout de même. Il sera par ailleurs intéressant de revoir les bidonvilles de la ciudad. Sylvain, sur la base des contrats que j’ai modifiés hier, rempli tous les contrats pour les personnes de demain.

Nous allons manger dans un petit restaurant et nous pouvons beaucoup discuter du développement du projet. Cette année, nous aurons beaucoup plus de retour que l’année dernière, et Sylvain y voit là la clé d’une meilleure implication des gens. Pour ma part, malgré tous les efforts produits pour améliorer ce retour, je considère que l’organisation du travail à polytechnique jouera un rôle bien plus important. C’est pour cela que je laisserai très certainement mes responsabilités très tôt dans l’année pour m’occuper entièrement de construire une structure efficace à XMF. 24Qz, le prix ne nous semble pas trop élevé pour le repas. Nous rentrons continuer notre travail.

Je poursuis la modification de la demande, ce qui me prend un bon bout de temps. Sylvain, qui a fini les contrats se renseigne sur Agrisem. Cette association avec laquelle travaillent certains de nos clients à Chicaman est devenu une entreprise l’année en 2006 et un rapport de 2005 nous signale qu’elle gérait déjà 300 producteurs, réalisant des expérimentations et apportant une aide aux agriculteurs. C’est bien avec elle qu’il faudrait établir rapidement quelques contacts. Nous pourrions avoir beaucoup de données agricoles. Le rapport nous confirme d’ailleurs les quantités produites par cuerda, ce qui nous montre que l’on ne s’était pas trompé dans notre évaluation. Les prêts que nous avons accordés dimanche était exactement dans cette moyenne.
Sylvain retouche également le système de classements et nous nous accordons sur une méthode d’identification durable. Je ne décrirai pas le modèle de données ici, mais l’idée est que le système est désormais suffisamment souple pour absorber des changements substantiels dans les groupes ou dans les projets financés.


Nous allons voir José. Lorsque nous arrivons, lui revient tout juste de Nebaj. Il n’a pas pu ouvrir le compte, ce qui ajoute une légère difficulté pour nous, mais à écouter sa journée, nous l’excusons. Il s’occupe de régler les différents de possessions de terre. Pendant la guerre, quelques propriétaires ont profité de l’ignorance des gens pour leur faire signer des contrats mauvais pour eux et s’accorder une grande partie des terres. Son travail est celui d’un négociateur, réglant les différents entre les communautés et avec ces propriétaires. Nous écoutons ses quelques cas de travail, toujours intéressants. Il nous dit que malheureusement, il sait très bien que rendre les terres aux gens ne les sortira pas de la misère et les habituera toujours un peu plus à recevoir. Mais bon, ils seront mis face à leurs responsabilités et non maintenus dans la misère, ce qui me semble tout de même meilleur. Comme ils vont à la fête, nous le quittons pour retourner travailler.

Les demandes sont finalement prêtes et nous en rédigeons un exemple. Quelques minutes pour découvrir le fonctionnement de l’imprimante et de la photocopieuse et nous pouvons imprimer tout notre arsenal. Sylvain me fait remarquer qu’on aura pas mal de chose à écrire sur le travail ouvrier tant il est vrai qu’aujourd’hui les problématiques follement intéressantes de mise en page et d’impression auront occupé une bonne partie du temps. Mais nous sommes satisfaits, nous avons bien avancé et sommes tout à fait prêts pour demain. Une petite chose rigolote sur les sollicitudes, il y est demandé si les gens savent écrire. Il ne faudrait pas trop s’en étonner quand même, nous demandons aux gens de se faire aider pour les remplir au cas où ils auraient ce problème-là.

Problèmes de sous

Lundi 18 Août 2008

Lundi, m’étant couché un peu tard, sylvain me réveille à 9h30 pour me demander comment fonctionnent les ordinateurs. Je suis un peu surpris que le café Internet ne soit pas déjà ouvert, mais je me rappelle que nous sommes le 18 Août, jour de fête à Quiché. Réveillé, je ne comprends même pas comment j’ai pu rester endormi. A toute occasions, rappelez-vous l’enterrement, les détonations des pétards résonnent, perturbant un silence qui serait trop dérangeant ici, car trop révélateur. On m’a souvent demandé si les français étaient calmes, je répondais généralement que notre culture était effectivement très différente d’ici, le silence y étant d’or.
Nous travaillons à préparer nos prochains jours. Nous avons rendez-vous avec Joaquim et allons donc retirer tout ce que nous pouvons en argent. Ce ne sera pas plus de dix-huit mil quetzal. Ce qui nous embête fort, puisque nous ne pourrons traiter que Zacualpa cette semaine et les autres municipalités la semaine prochaine. Le plan sera donc d’aller à Zacualpa mercredi pour y présenter le projet au groupe de Miguel qu’en un mois de présence ici nous avons réussi à transférer sous la juridiction de Joaquín. Nous y distribuerons donc également les prêts à huit femmes, seuls prêts à 2000Qz cette année.

Le café Internet étant fermé et ne contenant pas de fenêtre, nous avons laissé la porte ouverte, et un charmant bambin s’introduira pour voler mon portefeuille, le seul jour où ma carte bancaire était dedans. Il y aura gagné 30Qz et une carte bloquée deux heures plus tard, mais il simplifie un peu plus notre gestion de l’argent ici.
Nous mangeons avec nos deux amies françaises de l’association solidarité et partage. La discussion porte sur le fait qu’Armando leur a envoyé un mail dur où il leur explique qu’elles n’ont pas le droit de vérifier les comptes des projets ni de poser de questions. Elles n’auraient pas de mandats des autres associations pour poser toutes ces questions. Il envisagerait même de lancer une pétition dans le Quiché pour qu’elles arrêtent leurs « investigations ». Ce qui constituerait une raison claire de rupture de tout contact et de tout travail pour nous, semble être vu d’une autre manière par leurs associations. Les gens qui y sont n’ont apparemment pas trop envie de prendre la décision d’arrêter l’aide sur place, ils se sont engagés. Je leur dis que j’irai voir leurs présidents respectifs en rentrant pour leur expliquer la situation, au moins ils pourront avoir une idée de ce qui se passe ici de plusieurs points de vue. La prise de décision au sein de ces associations semble assez difficile, et je suis content de la marge décisionnelle que nous avons. Curieusement, il est des fois où nous avons considéré que la décision devait prendre du temps et se prendre en France, d’autres où on a décidé seuls, mais jamais nous n’avons hésité à prendre ou non la décision. Il sera important de laisser une autonomie décisionnelle suffisamment importante aux personnes sur place pour les années suivantes. C’est une clé du respect qu’accorderont les gens en face. S’ils sentent que tout ne dépend pas de vous, vous n’obtiendrez pas grand-chose. Nous, nous faisons la pluie et le beau temps pour les responsables locaux, l’accès à l’information en est clairement facilité.

Enfin, la conclusion de tout ça et que nous devons déterminer précisément le rôle de chacun en jugeant de ses capacités de ses actions. Armando en tant que guatémaltèque en France qui peut nous aider à faire comprendre aux français le Guatemala et qui pourra peut-être encore nous mettre en relation avec des gens intéressants. Miguel en tant qu’aide lors de nos visites, et de mise en relation avec des gens aux Guatemala. José en temps que principal développeur du projet dans les deux années qui viennent. Partage du contrôle de l’institut : Armando : aucun, Miguel : toujours moins, José : un peu, Nous : quasiment tout. Pas par volonté sadique de conservation du pouvoir, mais parce que si l’on doit financer un projet au Guatemala, alors que l’on assume notre action et qu’on la contrôle. Avec l’impertinence de la jeunesse, j’accuse les associations d’Angers de trop de facilité dans leur démarche. Finalement il est moralement trop facile de transférer de l’argent pour un projet en se disant qu’on a bien, fait sans le contrôler. C’est autre chose que de faire en sorte que le résultat de l’action soit celui qui a justifié cette action.

Nous passerons l’après-midi à planifier nos prochains jours, essayer de récupérer quelques informations de Miguel, et à commencer un travail de rédaction de contrats. Il nous trotte fortement en tête les problématiques de retrait d’argents ici. Tout se réglerait facilement si nous pouvions virer facilement de l’argent mais cela risque de s’avérer difficile. Par ailleurs il semblerait qu’un chèque devant arriver chez Sylvain a oublié d’être encaissé. Tout cela va s’avérer quelque peu technique, du fait d’un peu trop de négligence dans la préparation de ceci. On se plaindra du responsable du projet plus tard. En attendant, le plan est de retirer tout ce que l’on peut avec la carte de Sylvain, dès que l’on peut. Ce faisant on a des coûts énormes, environ 7€ sur 180€, c'est-à-dire que l’on perd 5% de l’argent ce faisant. Bon, on ne dira toujours rien du responsable du projet cette année.

Réunions en séries

Dimanche 17 Août 2008


6h10 : réveil. Miguel se lève donc nous aussi, à la différence que nous nous sommes couchés plus tard pour rédiger notre histoire. Je trouve même la douche froide alors qu’elle est clairement tiède. Enfin, le réveil arrive devant un atoll de riz avec du chocolat, c'est-à-dire une boisson un peu plus dense et hétérogène que du lait au chocolat, le lait ayant été remplacé par du riz a moitié mixé. Le prix ? 6 Qz, je m’attendais à cinq, mais bon ce n’est pas très cher. Ah 6, c’est pour les trois personnes ? Bon d’accord, je m’incline. Nous partons pour Chicaman en minibus. 20 minutes plus tard à 7h50, la montre de Miguel ayant simplement 20 min d’avance, nous arrivons. Sans surprise avant 8h30 nous ne voyons pas grand monde, et à 9h, 9h15 la réunion commence.

Sylvain se lance « Il y a un groupe bien et trois personnes pas mal, le reste est moins bien, je vais vous expliquer ce qui ne va pas ». Que c’est charmant. Je ne poursuivrai pas tout à fait sur le même ton et trente minutes plus tard, lorsqu’il finit sa partie, lui ayant casé quelques remarques, et lui ayant clairement bien compris le style de Miguel et le mien, ceci devient. « Nous avons analysé les sollicitudes et il faut le dire nous ne sommes pas contents. Toutes sont mauvaises, seules quelques unes sortent un peu du lot ». Je retiens un léger rire, mais c’est parfait, ce jeune padawan se débrouillera mieux que moi sous peu. Je me souviens de notre première réunion, où choqué par l’état de misère des gens, nous avions été si doux et aimable. En même temps, c’était une visite de contrôle, où il était bon que les gens sentent la confiance qu’on leur fait et le sérieux et la responsabilité qu’on leur accorde. Pour les discours d’accord de prêt, ce n’est pas le même ton. « Non seulement vos sollicitudes ne sont pas très bonnes, mais en plus les projets ne le sont pas non plus. Peut-on savoir pourquoi un maçon nous demande d’acheter des chèvres, un charpentier des porcs ? Ah et les projets de vaches, nous le disons une fois pour toute, nous n’en voulons pas, c’est trop peu rentable ». Sylvain me confiera qu’il est vraiment surpris que les gens se laissent faire sans rien dire. Mais si, ils diront un peu quand nous les verrons groupe par groupe. La vérité, c’est que quelques uns de nos messages ont été très bien compris, un peu à notre surprise, car la raison de notre ton, c’est qu’on espère que les gens retiennent le plus possible de ce qu’on leur dit, sans beaucoup d’illusions sur ce sujet.

Enfin, ils se trouvent quelques excuses pour expliquer leurs sollicitudes mais comprennent et acceptent notre point de vue, ce qui nous satisfait clairement. Le maçon nous raconte par exemple que les chèvres, c’était son fils de 14 ans qui s’en serait occupé, mais qu’il va plutôt effectivement faire des projets de développement de son activité de maçonnerie. Je me dis que je suis assez content que l’on ait refusé ce prêt !

Nous voyons en premier lieu le groupe de Fransisco à San Antonio. Celui à qui nous accorderons le prêt. Lui continue son affaire sur des mensualités fixes tandis que sa femme et sa fille passent à des mensualités fixes avec une somme plus importante pour le mois où elles vendent. Sommes accordées, 1000 et 700 trois fois. Nous expliquons néanmoins ce que l’on veut voir comme progrès pour l’année prochaine. Il nous faudra pouvoir donner des objectifs à atteindre pour les groupes durant l’année, conditions d’augmentation des prêts. En gros il nous reste des quantités herculéennes de travail. D’ailleurs Sylvain me dira trois fois dans la journée : « mais c’est incroyable ce qu’il y a comme travail à faire ? ». Les femmes de la famille ne savent pas signer donc c’est Fransisco qui signera pour elles. A vrai dire j’ai une piètre idée de si l’on fait un gros projet familial ou si ce sont vraiment quatre projets différents. Certainement la vérité se situe entre ces deux extrêmes.

Eux partent et arrivent les gens de l’Aldea Puente Seco. Nous disons groupe par groupe ce que nous voulons et les gens l’acceptent plutôt bien. Au milieu, Don Pedro, un paysan d’âge respectable nous annonce qu’il quitte le navire : tout cela demande trop de temps. A qui le dis-tu ? C’est la troisième fois que je viens à Chicaman, car c’est un bordel ici et on devra y revenir encore au moins une fois ! Enfin, je comprends qu’il n’ait pas envie de perdre trop de temps là-dedans, surtout que les perspectives d’apprentissage et de progrès personnels à son âge sont quand même plus limitées. J’écrivais hier qu’il nous fallait développer une politique particulière pour les personnes âgées, cela m’est démontré à nouveau aujourd’hui. En même temps, c’était en pensant à lui que j’avais écris cela. Notre taux de renouvellement vient de chuter de 3% au moins puisqu’il emmène avec lui sa femme. Ce qui me fait plaisir, c’est que sa fille, que, je ne vais pas plus le cacher, je prenais pour une attardée, décide de se détacher de son père et de rejoindre un autre groupe.

Tous acceptent assez bien notre point de vue et nos décisions, j’ai l’impression que le succès du projet ici l’année passée est la cause de cela. De toute façon, il est clair que plus il y aura d’exemples de succès du projet, plus on pourra être exigeant, et plus il faudra d’ailleurs se contrôler pour ne pas s’empêcher de travailler avec les plus vulnérables. Ils finissent par nous quitter et nous voyons les gens de Xecaguïc. Commençons par l’ancien groupe dont il ne reste que les deux femmes que nous avions vu. Cause du départ des hommes ? « Toman mucho », je me fait répéter l’affaire un peu surpris, et esquisse un sourire en comprenant que les deux sont alcooliques et ont été écartés pour cette raison. Bon, pourquoi elles n’ont presque pas rempli leurs sollicitudes ? Elles ne savent pas écrire ? Elles se feront aider par des amis, par Eliseth en dernier recours pour la prochaine fournée. Mais le fait de mettre Eliseth à leur disposition pour cela devrait régler le problème. Nous donnons une nouvelle fournée de sollicitude en précisant encore ce que nous souhaitons et passons à l’autre groupe de Xecaguïc. Je me rends compte qu’on leur a refusé hier un peu fatigués, mais qu’à peine adaptés, on pourrait très bien les accepter. Enfin, les réécrire ne leur fera pas de mal, nous leur expliquons les précisions supplémentaires que nous souhaitons et y joignons quelques nouvelles demandes.

Coup de fil de Marcelino qui demande à me parler : ils attendent depuis 9h et sont remonter contre Miguel qui les a fait venir trop tôt. Enfin, j’ai un petit doute que Miguel leur ait réellement donné 9h comme heure de rendez-vous, ça ne rentrait pas vraiment dans le programme de la journée. Je lui dis que nous y serons à 2h et que de toute façon nous n’avons besoin de parler qu’à sa femme. Nous commençons à analyser le projet de shampoing. Elles en ont fait un peu, c’est très rentable, 50Qz d’investissements, 100Qz de bénéfices en trois heures de travail d’une personne, vous noterez que ça fait moins de 3€ l’heure, mais ici c’est énorme comme rentabilité. L’idée vient d’une autre municipalité qui font déjà cela, elles veulent à 13 de leur association apprendre à toute la montagne comment en faire. Après avoir continué à poser quelques questions sur les coûts ou d’autres choses, nous leur expliquons assez clairement ce que nous pensons. Idée bonne, c’est tout. Et forcément ça ne suffit pas. Si elles nous fournissent un projet très détaillé, beaucoup plus petit, pas plus gros que 5000Qz avec pas plus de 5 personnes dessus, qu’elles oublient la formation de l’ensemble des habitants de la montagne avant quelques années, qu’elles structurent le tout, sécurisent leur apport en matière première et nous disent comment elles vont vendre, peut-être accorderons nous un peu quelque chose. Je suis un peu surpris car elles ne se battent pas beaucoup. Même Eliseth acquiesce à ce que l’on dit. Décidément, c’est très tranquille aujourd’hui. On verra bien ce qu’ils nous fourniront. Cela peu tourner mais ressemble actuellement à un projet à la Cristobal et Armando.


Enfin, nous courons pour être à l’heure à notre rendez-vous à 2h à Uspantan. Nous prendrons même un tuk-tuk, ne voulant pas attendre un minibus qui met trop de temps à partir. Mais quand nous arrivons sur place, nous attendons quelque peu avant de voir le moindre signe de Micaela. Un quart d’heure plus tard, nous allons manger avec elle. Je ne voudrais pas cacher que ça va être un assez gros challenge que de faire tourner El Desengaño, elle ne sachant pas utiliser Internet, étant joignable par téléphone deux jours par semaine et ne nous comprenant pas toujours. Enfin, ça serait intéressant de voir si l’on arrive à faire émerger une responsable à partir de peu. Nous verrons, de toute façon, seuls un groupe ou deux sont en jeu, et dans tous les cas je pense qu’ils rembourseront. Donc le seul risque, c’est d’être un peu dans le flou sur El Desengaño, et encore on a quand même quelques numéros de téléphone sur place. Cristobal que j’ai vu il y a deux semaines ne lui a pas expliqué l’évaluation que nous avions faite du projet à El Desengaño ni fourni les sollicitudes. Deux crois supplémentaires pour le monsieur. Nous lui en fournissons donc de nouvelles, et Sylvain lui explique ce que nous attendons comme précisions sur les demandes. De toute façon, ici il n’y a pas trop de doutes, les demandes d’El Desengaño ne seront pas très bonnes cette année, nous y sommes trop peu allés, trop peu de réunions. De toute façon, nous savons que nous n’augmenteront pas les prêts ici, les gens ayant remboursé trop irrégulièrement.

Allez direction le troisième rendez-vous de la journée, Fernando. Bien sûr celui avec Don Pedro, notre ancien responsable, a sauté. Je pense que celui-ci a quelques doutes sur notre détermination. Ils ne devraient pas durer trop longtemps. Sur la route de ce troisième rendez-vous, comme nous n’avons pas assez de retard, nous improvisons un passage chez Ernesto. Les sollicitudes de sont pas encore prêtes ; moi je n’aime pas ce bougre. Nous le saluons, les sollicitudes, il les apportera à la officine de Concodig, puisqu’il va à Guaté dans la semaine. Nous disions, Fernando. Lui a 17 groupes de quatre à six personnes, c'est-à-dire autant de monde à qui nous avons prêté l’année passée. Nous lui expliquons que nous ne prêterons certainement même pas à la moitié. Mais il nous dit qu’il a déjà expliqué aux gens qu’ils ne seraient pas tous pris. Parfait le monsieur, il me plaît beaucoup plus qu’Ernesto. Après quelques explications, nous prenons la route pour Quiché. C’est trop tard, Miguel ne pourra rentrer sur Guaté. Nous nous en excusons, mais il nous assure que ce n’est pas grave, le travail doit être fait. Sylvain me dira à son sujet, que jusqu’ici pour lui il s’est montré tout à fait professionnel. Et il est clair que Miguel nous est d’une grande aide lorsque nous sommes ici. Il faudra arriver à travailler avec lui pour ce qu’il se sait faire le mieux, tout en réussissant à l’écarter de la gestion pratique du projet. Mais, ceci est en partie fait, et en parole nous nous approchons d’une gestion du projet par Joaquim. Tout cela avance peu à peu. Mais Miguel restera une aide très précieuse sur place.

Dans le bus, je discute avec mon voisin qui a un chiot très mignon sur les genoux. Peu après, je verrai la tête de sa mère sortir à coté de moi. Lui est plus allemand que guatémaltèque et n’aime pas trop Paris. Pourquoi ? Trop d’africains lavent les rues. Ca me paraît très réducteur et je lui renvoies le compliment : N’y a-t-il pas trop de turcs qui lavent les rues de Hambourg ? Enfin, sa remarque n’est pas tout à fait dénuée de sens non plus. Il m’explique qu’il est venu travailler sur lui au Guatemala à travers une expérience de huit ans. Je veux bien croire que cela lui ait apporté beaucoup. J’admire une nouvelle fois le paysage et comprends enfin le secret de leur beauté : l’alliance de douces courbes et de quelques angles marqués. Quelques lignes brisées sont reliées avec douceur, le tout s’arrêtant nettement lorsque ces lignes atteignent la plaine.


Arrivés à Quiché, notre journée n’est pas vraiment finie. Un passage chez José, à un hôtel pour Miguel et nous rejoignons les deux françaises que je viens d’appeler au café Internet. Ainsi, elles pourront obtenir quelques précisions sur leurs projets. Nous parlons avec et les laissons ensuite discuter un peu avec Miguel. Nous parlerons à José pendant ce temps. Et là je réalise que les deux villes dans lesquelles nous avons refusé de travailler sont Zacapula et Cunen, c'est-à-dire juste celles où il serait tout à fait important de travailler puisqu’elles relient nos deux zones d’activité. Enfin rien n’est perdu. José nous explique également qu’il connaît agrisem et a déjà travaillé avec, que son ami Gaspard, l’ingénieur agronome travaille avec une entreprise d’exportation et qu’il va l’envoyer dans les zones où nous pourrions être intéressés de travailler. Il nous démontre encore toutes les possibilités que nous avons ici et nous nous disons que nous avons beaucoup de travail devant nous. Mais nous essayerons de partir avec un plan de développement de l’institut relativement abouti. Ainsi Joaquin aura de quoi s’occuper.

Nous discutons ensuite d’un projet de boulangerie qui serait censé être passé par Miguel mais dont ce dernier n’a jamais entendu parler, et je me dis qu’Armando a quand même fait pas mal de bêtises. Surtout que l’information qu’il a fournie aux associations françaises jusqu’au dernier moment était que tout allait bien. Enfin, nous, cela ne nous concerne qu’en partie étant donné que nous ne travaillons pas vraiment avec lui, mais c’est un peu dommage toute cette affaire. Enfin, je propose que l’on aille manger, et juste pour rigoler, nous allons chez un chinois au Guatemala. Nous y mangeons très bien et je ne peux finir mon assiette tellement il y a à manger. Sylvain s’écroule sur la table. Il faut dire que l’on doit avoir des journées très longues pour quelqu’un qui sort d’un rythme sportif avec beaucoup de sommeil. En plus nous avons commencé par des journées très chargées, et cela risque de continuer.

Lorsque nous sortons, la fête bat son plein à Quiché, il y a en même temps des comvite, des feux d’artifices, une scène. C’est très rigolo et entraînant, j’y resterai presque avec une personne motivée, mais personne ne l’est trop. Nous quittons Miguel qui devra préparer demain la visite d’inspecteurs à Concodig, nous quittons également un peu plus tard nos deux amies françaises que nous devrions revoir demain matin de toute façon, prenons nos affaires chez José et après avoir servis de parc d’attraction pour petites filles, nous allons nous coucher dans le cybercafé, car il ne faudrait pas abuser à prendre toute la place chez José. Ceci est parfait car nous pourrons travailler beaucoup cette semaine, et sur plusieurs ordinateurs en même temps, ce qui sera tout à fait agréable. Quand je dis que la journée fut longue, je ne mens pas. Heure : 02h14, Musique : française. Je regarde le cours de l’euro face au Quetzal et suis triste. A son plus haut il y a trois semaines, à 12Qz, il descend à une vitesse folle, il est déjà en-dessous de 11Qz. En plus, nous ne pourrons pas retirer rapidement. En comptant les surcoûts liés aux coûts de retraits énormes puisque ne peux retirer que 200€ et les variations du taux de change, nous avons perdu 15% de notre somme en Quetzal depuis que j’avais évalué ce dont nous disposerions il y a 1 mois. Dodo.

Direction Chicaman

Samedi 16 Août 2008

Miguel toque à notre porte à 6h15. Parfait, nous pourrons partir à l’heure. Programme : tenter l’expérience la plus dangereuse de tout le Guatemala, prendre le bus de Guaté à Quiché. Enfin, étant donné la tranquillité des dernières expériences dangereuses en date, nous ne sommes pas vraiment effrayés. Miguel nous raconte qu’il y a 50 assauts par jour à Guaté, mais bien sûr une majorité a lieu dans quelques zones bien précises. On a quand même pris quelques précautions répartissant nos sous à divers endroits. Enfin, si je me fais voler mon sac, j’ai un ordi, un appareil photo et quelques sous qui partent, ce qui me restera ne me consolera guère.

Sans trop de surprises, le plus gros danger fut le chauffeur et le fait qu’il n’ait pas bien saisi que la nationale était à double sens. Arrivés avec un timing parfait à Quiché, c'est-à-dire avant la fermeture des banques, nous déchantons. Même dans une banque il est impossible de retirer plus de 4000Qz. Nous attendrons mardi avant de voir si nous pouvons transférer l’argent, même en étant loin de France, directement sur les comptes en banque de José et Miguel. Une petite odeur de galère flotte dans nos esprits. Mais nous nous en sortirons. A Chicaman, nous pourrons en fait prêter à travers les chèques du compte en banque de Miguel qui contient suffisamment d’argent. La galère commencera réellement lundi quand l’on devra prêter aux groupes de José sans beaucoup d’argent. Enfin nous verrons bien ce qu’il en sera.

Nous mangeons un peu et nous empressons vers le café Internet de José. Comme il n’y est pas, nous l’appelons et le prévenons que demain, nous serons deux chez lui s’il le veut bien. Pas de problèmes apparemment. Nous répondons à quelques emails et postons les derniers jours sur le blog avant de nous lancer dans la modification du contrat. Celui-ci sera modifié tout autant rapidement qu’il a certainement du être écrit, mais le plus important et qu’y figureront toutes les informations nécessaires pour que les gens puissent rembourser sans nul souci. Téléphone de la responsable, numéro de compte, téléphone de Concodig, montant des mensualités et date de fin. Ensuite nous y avons décrit la façon de rembourser et avons écrit qu’ils ont beaucoup d’obligations. Ce n’est pas génial mais cela suffira pour demain. Je crois qu’au total, nous aurons distribué quatre versions différentes de demandes, on peut bien distribuer quelques contrats différents aussi.

Départ direction Uspantan Quiché. Quelques coups de fils pour que l’on puisse y voir tout le monde. Don Pedro n’est pas disponible avant 2h alors que l’on part à 2h, quelle coïncidence ! On s’arrange avec Miguel, nous resterons pour le taper alors que lui rentrera. Nous verrons également les gens d’El Desengaño qui, très surprenant également, nous annoncent déjà 15 jours de retard sur les paiements. Ce sera l’occasion d’expliquer à Micaela de ne pas prendre exemple sur Cristobal. Nous récupèrerons demain également les autres sollicitudes d’Uspantan. Et bien sûr nous finalisons l’organisation de la réunion de demain, car après un petit appel à un responsable de groupe, nous nous rendons compte que tout le monde n’est pas forcément au courant.

Dans le minibus qui nous amène à Uspantan tout en nous faisant ressentir le bonheur des sardines serrées dans leur boîte. Nous discutons avec Miguel de l’évolution du projet. Il me sort un nouveau projet de plante médicinale que je m’évertue à tuer dans l’œuf. Ceci dit nous sommes d’accord pour faire un petit prêt à un petit projet sur ce sujet qui serait bien fourni. Mais je lui fait comprendre qu’il n’aura pas notre bénédiction s’il fait financer son affaire et que le projet tombe du ciel sur quelques personnes. Il insiste sur l’intérêt du projet, j’insiste sur le fait que de toute façon personne ici ne sait gérer un projet, quel qu’il soit. Il faudrait donc commencer par le commencement.

Ensuite, après une démarche de fourmi de quinze jours pour lui faire comprendre que l’on fera passer le second groupe de Zacualpa sous la juridiction de Joaquim, il accepte de lui-même en disant même qu’il n’aura pas besoin d’être là pour la réunion. Et il ajoute dans la foulée qu’il a de toutes façons des nouvelles opportunités à Chichicastenango et Chimaltenango, des villes sur la route de Guaté à Quiché. Je lui dis que c’est parfait, étant donné que nous aurons certainement une responsable à Guaté d’ici quelques années et qu’il sera intéressant de remplir le chemin de Guaté à Uspantan de points de travail. Ensuite, histoire de recadrer le travail à court terme, je dis comme nous voyageons entre Zacapula et Cunen qu’il serait en premier lieu très intéressant de relier nos deux zones de travail, Quiché au sud et Uspantan, Chicaman au Nord. Il connaît des gens à Cunen, parfait. Terminons cette discussion sur ce dernier point, ce sera parfait.

Notre arrivée à Uspantan est suivie d’un programme claire et précis : dîner, analyser les sollicitudes. Bien sûr nos anciens nous avaient dit de nous y prendre à l’avance, mais comme on les a eu hier et qu’on accorde les prêts demains, cela n’a pas trop été possible. Je soupçonne donc notre manque de préparation ainsi que notre fatigue d’être à l’origine de nos décisions : nous renverrons quasiment tous les groupes chez eux faire de nouvelles sollicitudes parce que celles-là ne sont pas bonnes. A y regarder de plus prêt, j’exagère beaucoup. Nous avions déjà vu qu’à l’Aldea Puente Seco, sur quatre groupes, il y avait beaucoup de problèmes et notamment un groupe qui n’avait pas fini de rembourser, donc on savait qu’on les ferait attendre. Ensuite, nous accordons le prêt à ce qui est notre groupe le plus sérieux, la famille de Don Fransisco Us Cal, c’est d’ailleurs lui qui nous a fait venir ici aussi tôt, donc il avait plutôt intérêt à nous fournir une sollicitude correcte. Et il faut avouer que celles de son groupes, malgré quelques manques en information sont très correctes et les projets plutôt bons.

Ensuite nous tombons sur le projet de notre nouvelle responsable locale, Eliseth Us. L’élaboration de shampoing par un groupe de neuf personnes. En vrai je les soupçonne même d’être plus. Sachant que les projets à une personne ne marchent déjà pas, à neuf, nous pressentons une situation plutôt difficile. Pour moi, ça sent le projet à la Cristobal, c'est-à-dire des sous qui tombent du ciel pour un projet mal conçu. Ceci dit c’est intéressant. Nous avons besoin de beaucoup plus d’informations et nous financerons certainement directement le projet plutôt que les personnes. Marcos est dans l’affaire apparemment, nous aurons donc tout loisir de le questionner. Nous nous laisserons deux semaines pour décider de cela également.

Puis je suis assez déçu de voir qu’un groupe qui fonctionnait bien l’année passée nous a fourni des sollicitudes vides. Cela mérite quelques explications. Et enfin le dernier groupe a des projets dont on peut voir qu’ils ne les ont jamais fait, les coûts sont à des kilomètres de ce que l’on connaît comme coût, et les informations sont insuffisantes. Même décision, qu’ils nous refassent quelque chose de correct. Donc, finalement nous renvoyons huit groupes sur neuf à refaire des sollicitudes. Sylvain me demande si je suis contrarié ? Disons que c’est gentil de leur donner une seconde chance, mais les coûts par clients sont assez violents ces temps-ci il me semble. Je me console en me disant que nous taperons dessus demain, d’ailleurs Miguel est dans la même optique. Allez hop, un peu d’écriture et au dodo. Demain lever tout aussi tôt direction Chicaman, quatre rendez-vous au programme si j’ai bien compté.

Arrivée de Sylvain

Vendredi 15 Août 2008


A 6h : réveil. Bon, il serait agréable que Miguel se réveille pour que l’on puisse aller chercher sylvain. En attendant, je poursuis la rédaction du journal et de mon rapport que j’ai un peu de mal à finir. A 7h, Miguel se décide enfin à émerger. Je ne sais pourquoi, mais il se lève toujours très tôt sauf les jours où il le faudrait. Enfin, ensuite comme nous n’avons que deux heures de retard, nous déjeunons et lavons la voiture. A 8h nous partons enfin chercher Sylvain. Heureusement, je l’avais prévenu qu’il attendrait quelques heures, et quand j’arrive à l’aéroport, il n’est pas trop malheureux, juste content de me voir. Lui est très bronzé de son périple en vélo sur la route 66. Quelques 3000Kms en un mois, il faut les faire quand même. Enfin très heureux de son aventure, il est tout à fait prêt pour en vivre une autre. Quelques jours de repos suffiront. Ce n’est pas comme si on démarrait directement par un programme léger d’analyses de demandes, d’écriture de contrats, de distribution dans les deux prochains jours.
Aujourd’hui il pleut beaucoup, on ne peut donc pas aller sur internet. Nous irons demain. En attendant nous parlons beaucoup à la fois en ce qui me concerne pour lui expliquer la situation ici et à la fois lui pour me raconter son voyage tout aussi exotique. Petit à petit nous rentrons dans le travail et je lui explique la situation que ce soit avec José et Joaquim ou avec Miguel. Le monsieur remet en cause certaines de mes décisions ou alors la pertinence de notre travail avec certaines personnes. Il a assez raison, étant donné que le règlement de la situation à Quiché n’est pas tout à fait exemplaire et qu’il est aussi lié à une volonté de ne pas totalement brusquer Joaquim dont j’ai quand même remis en cause une grande part du travail.
Enfin, nous commençons à analyser les demandes de Chicaman, et là Sylvain comprend la difficulté. Temps d’analyse : quelques minutes, temps de décision : quelques secondes. Tout va très vite, et le manque de directives nous laisse très libre devant des situations très diverses et à des kilomètres de ce que l’on attend. Très libre, c'est-à-dire avec beaucoup de possibilités à analyser et donc beaucoup plus de travail. Arrivé avec quelques idées de ce que l’on voulait faire, il nous faudrait construire toute une politique de développement en quelques minutes. D’où mes décisions de commencer très petit même avec des gens plus riches, nous les bloquerons où les ferons évoluer au prochain évènement. Ces anté-prêts ont le mérite de nous laisser du temps et des bonnes possibilités de développement, tout en faisant passer un premier test de responsabilité et de sérieux aux gens et en les habituant à nos méthodes de travail.
Enfin, la situation à Chicaman est bien différente. Nous commençons l’analyse des demandes par l’aldea Puente Seco de Chicaman. Dans cette aldea nous avons quatre groupes où quasiment tous les membres font partie de la même famille. Nous prêtons ici aux maris et femmes au sein d’un même groupe pour des projets par forcément très intéressant ni pour eux, ni pour nous. Forcément, cela déroute. Mais en vrai, je suis presque sûr que nous avons là certaines de nos meilleures sollicitudes. Je pense que c’est à la lumière des différences de sommes accordées que les gens jugeront de notre fonctionnement. Et ce qui est agréable, c’est que nous pourrons faire des différences : nous accorderons certainement plus de trois sommes ici, de 500 à 1500Qz. Et les plus riches n’auront pas forcément le plus d’argent. Deux ou trois demandes sortent du lot, dont une pour une augmentation de fonds dans une tienda, certainement le seul projet pour lequel nous accorderons 1500Qz. Là où nous devrons faire preuve de stratégie, c’est dans la gestion des groupes qui ont bien remboursé et qui nous présentent des demandes sans intérêt et trop grandes pour eux. Un couple nous a demandé 3000Qz, ce qui signifie des remboursements de plus de 200Qz / mois alors qu’il n’ont que 450Qz par mois de revenus. Ont-ils envie de mourir ? Je ne comprends parfois vraiment pas les gens ici. Enfin si, je comprends juste qu’ils n’ont absolument pas pensé aux remboursements.
Je ne voudrais quand même pas cacher que si cela est difficile, c’est également l’occasion de grands moments. On a un peu honte de rigoler sur des différences culturelles ou pire, sociales, mais parfois c’est dur de se retenir. « Je vais acheter des vaches. Et ce projet va marcher parce que je sais que ça marche », « les coûts c’est quand je vais acheter la vache, les revenus quand je vais la vendre », « j’achète les animaux, je les revends et c’est là que je gagne de l’argent. Alors c’est pour cela que mon projet va fonctionner », « s’il y a un problème avec les animaux, j’en parle avec des animaux ». La vérité c’est qu’on voit à la fois que la complexité des sollicitudes a engendré deux choses. De l’incompréhension sur certaines questions, clairement. La question « De quels montants sont cos coûts et revenus. Quand ont-ils lieu ? » a eu très peu de succès. La deuxième chose, et c’est cela que l’on veut, c’est que les gens se sont rendus comptes de quelques points importants. A la question « En cas de problèmes, maladies de vos animaux, comment réagirez-vous ? Connaissez-vous un vétérinaire ou un ingénieur agronome ? » a obtenue de façon régulière la réponse non écrite mais pourtant claire sur le papier : « euh, ah oui, sisisisisi je connais un vétérinaire, un bon en plus ». On a eu un nombre très fort de recopiage des questions à l’affirmative pour cette question. Si cela peut paraître inutile, c’est en fait très avantageux. Cela nous permet en un coup d’œil de juger de la connaissance des gens de leur projet et de leur mentalité. La gagnante du prix à 1500Qz a répondu à cette question cette chose sublime « Avant d’avoir un problème, j’analyse mes doutes avec logique et en parle avec les membres de mon groupe. Si malgré tout survient un problème, je l’analyse de la même façon, avec la même logique, et le résout ». Croyez-moi, cette réponse est celle d’une extra-terrestre ici, à tel point qu’on a du mal à la lire la première fois. Le deuxième grand avantage de cette question, c’est que dans beaucoup de cas, ça doit être la première fois que beaucoup de gens se la posent.
Après avoir lu la demande de cette femme qui gagne un peu plus que la moyenne, nous ne pouvons nous empêcher de partager cette idée : il est peu surprenant que les plus riches correspondent aux demandes les plus sérieuses. Aux plus pauvres, ce n’est pas juste un prêt qu’il faut faire, c’est une éducation qu’il faut donner. Il est un peu triste que nous allons accorder malgré tout plus d’argents aux plus riches car ils ont les meilleures demandes, mais la vérité est que nous tuerions tous nos efforts en prêtant trop d’argents aux plus pauvres. Nous assumons nos conclusions et jurons de prendre le temps de faire comprendre petit à petit à tous ce que nous attendons précisément d’eux, ce qui leur permettra de sortir de leur condition actuelle.

Comme tout cela a pris beaucoup temps, il est déjà l’heure de manger et d’aller dormir. Nous avons déjà rendez-vous avec Eliseth et tous les groupes de chicaman dimanche à 8h du matin. Il faut être motivé pour travailler avec nous ! Enfin, nous aurons aussi besoin de motivation et détermination demain. Il nous reste encore quatre groupes à analyser, le contrat d’Eliseth à écrire et le contrat des personnes à revoir. Nous partons à 7h du matin, direction Quiché. Dans la journée nous devrons également parler avec Don Pedro, retirer de l’argent, imprimer les contrats. Je ne sais pourquoi, mais je sens que cette journée va manquer d’heures. Bonne nuit donc.