Dernère ligne droite

Mardi 9 et mercredi 10 septembre 2008

Mardi matin, nous avions prévu de commencer à bosser à 8 heures. Nous devons avoir pris le pli guatémaltèque, car nous arrivons au café internet à neuf heures. Tania entame courageusement la rédaction de tous les contrats de Zacualpa et de Santa Cruz del Quiché ; pendant ce temps je rédige le contrat de Miguel. Rien de bien passionnant donc.

La pause de midi est l’occasion d’aller manger au chalet, restaurant « huppé » de Santa Cruz, qui plait beaucoup à Tania mais que je trouve assez surfait. Miguel (l’employé du café internet, pas THE Miguel) et sa copine squattent l’endroit où l’on travaille à notre retour, ils mettrons plus de une heure trente pour manger, et pendant ce temps le boulot n’avance pas des masses. J’en profite pour passer un nouveau coup de fil à Marcos et lui dire que je ne suis pas content, il noie le poisson, essaie de me dire qu’il a perdu un reçu et que c’est pour cela qu’il manque près de 300 euros sur le compte. Je lui explique que j’ai accès à l’ensemble des dépôts sur le compte et que ça na rien à voir avec les reçus. Il essaye de renvoyer la faute sur Andres Perez. Je lui demande pourquoi il n’a jamais voulu lui donner le numéro du compte. Réponse : c’est pas que je ne voulais pas, c’est que je ne pouvais pas, et de toute façon, c’est pour rendre service à Andres que j’ai fait ces dépôts, pour qu’il n’aie pas à le faire. Quand est-ce qu’il nous rembourse ? Il ne sait pas. Il me dit qu’il va parler à Andres, j’attends de voir, mais ses réponses évasives ne m’ont pas convaincu.

Entretemps, José arrive. Il a passé la journée à Zacualpa, à définir la ligne de séparation territoriale entre deux communautés. La zone revendiquée par les deux communautés fait entre 20 cm et 2m mètres de large, sur des kilomètres dans la montagne. Aujourd’hui, en 8 heures de marche et de concertations, José a mis les gens d’accord sur une distance de 4 kilomètres. Il y retourne demain, et puis après demain.

Il est donc assez épuisé mais il me consacre pas mal de temps, et nous parlons beaucoup. Tout d’abord de l’après-Joaquin, et du profil du remplaçant. Lui voyait plutôt un comptable ou une personne formée à la gestion, je lui explique pourquoi nous préférerions trouver un profil de travailleur social, et il a l’air assez d’accord avec moi. Nous nous mettons aussi d’accord sur ce que doit faire Joaquin avant de partir, pour que la passation de pouvoir se passe bien. En particulier, il faudra que son remplaçant ait les idées claires sur la politique du projet, ce qui signifie qu’il va falloir que nous ayons nous-mêmes les idées claires. José insiste pas mal sur ce point et je le comprends, il aimerait bien savoir dans quoi il s’engage vu qu’il va être amené à travailler avec nous pendant plusieurs années. Je lui promets une première version du rapport de la politique du projet en espagnol pour la fin septemnbre, et qu’on se concertera avec lui courant octobre. Nous parlons encore de pas mal de choses, des formations que nous pouvons dispenser à nos clients entre autres. Nous commençons tous les deux à fatiguer et avons du mal à mettre de l’ordre dans nos pensées, nous remettons donc la discussion à demain.

Après manger, nous imprimons les contrats et entamons l’énorme travail de photocopillage qui nous attend. Grâce à Tania, je découvre les joies de la photocopie recto-verso automatique, et nous gagnons un temps appréciable. Nous arrêtons vers 22h30.

Mercredi matin, nous arrivons à 7h03 devant le café internet, où Joaquin nous attend depuis une petite demie-heure. Mais c’est lui qui s’est trompé, donc tout va bien. Tania prend un bus guatémaltèque pour la première fois, et elle a de la chance : il est à peine plein, le conducteur est tranquille, la route est déserte, il ne pleut pas. Demain, le retour sur Guate sera plus problématique.

Arrivés à Zaculpa, nous faisons un détour par la « librería » de Joaquin, en fait une grande papeterie, très bien garnie et très bien organisée. Il me dit en plaisantant « il faut me prêter de l’argent pour développer ma librairie», je luis réponds « remplis une sollicitude, et si tu as de la chance, on te file 500 qz ».

Nous partons à pied sur la route de Zacualpa, et nous attendons qu’un pick-up passe par là et nous y emmène. Nous attendons 1h10. Tania, de nature assez impatiente, est un peu irritée. Il en vient finalement un, mais il s’arrête à mi chemin ; nous continuons à pied sur une route franchement raide. A trois virages de l’arrivée, un autre pick-up surgit avec déjà 11 personnes sur son dos, une table, deux glacières, des gros sacs. Nous nous faisons une toute petite place, et nous arrivons finalement à l’aldea Trapichitos avec une bonne heure de retard.

La réunion de prêt se passe comme toutes les réunions de prêt que nous avons eu jusqu’à présent. Ces gens que nous avions cru très pauvres ne le sont en fait pas tant que cela, ils gagnent tous plus de mille quetzals par mois. Ils nous demanderont d’ailleurs s’ils peuvent rembourser plus que les mensualités prévues.

Le retour à Zacualpa est rapide. En attendant le bus de Quiché, nous voyons arriver un type chevauchant une bicyclette à la trajectoire plus ou moins hésitante. Il nous voit aussi, s’arrête à notre hauteur et commence à nous baragouiner des phrases incompréhensibles où l’on comprend seulement « California » et « New York ». Inutile de lui expliquer que nous ne sommes pas des gringos, il est complètement rôti. Même Joaquin ne comprend rien à ce qu’il dit. Il me demande à plusieurs reprises si Tania est ma femme, il se gratte ostensiblement les couilles, il me demande si j’aurais un quetzal pour qu’il puisse se payer un coup. Assez collant le mec. Il sort de sous sa chemise un journal, je distingue « libre » dans le titre, je crois que c’est « prensa libre », le plus gros quotidien national ; en fait c’est « Sexo libre », un magazine un peu plus coquin. Il finit par s’en aller, et le bus finit par arriver.

De retour à Quiché, je m’offre ma première demi-journée de véritable repos depuis mon arrivée au Guatemala. Nous allons visiter les ruines Maya de Gum’ark’aj (orthographe ?). Certes, rien à voir avec les grands sites touristiques du Mexique ou même du Guatemala, mais ces petites pyramides enfouies sous l’herbe et nichées dans la forêt ont un charme certain. Un guide aurait cependant été appréciable pour apprécier pleinement la visite.

De retour à Quiché, nous traînons deux heures et demi sur internet. José revient, il en a encore bavé aujourd’hui, mais il est content. IL me montre des vidéos de son travail. Nous parlons de Joaquin et de sa librairie. Il ne plaisantait qu’à moitié en parlant de prêt, en fait il serait intéressé par un prêt de … 10000 qz. C’est à peu près la somme que nous n’avons pas dépensé, ce n’est pas illogique de vouloir prêter à des projets plus gros qui demandent un travail moindre et qui génèreraient pas mal d’intérêts. En plus soutenir des projets plus importants finira sans doute par rejaillir aussi un peu sur les populations les plus pauvres. Nous envisageons pas mal d’aspects du problème, notamment le taux d’intérêt qui pourrait être plus élevé pour les personnes plus riches et les projets plus gros. José prête déjà de l’argent à Joaquin, à 3% par mois. Pour un prêt d’XMF, Joaquin devra sans doute attendre encore un peu, car le peu de sous qu’il nous reste sera très utile au moment de doubler voir trippler une bonne partie des prêts à Chinique, Chiche et Zacualpa, dans six mois.

Après le dîner, nous reprenons le photocopillage. Je découvre aujourd’hui les joies de l’avaleuse. L’automatisation nous fait atteindre des niveaux de productivité record, et à 22h30 nous avons bouclé énormément de travail. Il est minuit et quart, je me lève à 6h. Demain matin, nous distribuons les derniers prêts à Santa Cruz del Quiché, nous filons des tas de coups de fil, nous rassemblons nos affaires, nous allons manger chez José et dire au revoir à toute la famille. Et nous redescendons sur Guate. Fin du programme prévue : vendredi, paperasserie et contrats chez Miguel puis visite du palais de la culture. Samedi, repos et visite de la Antigua. Dimanche, adieux à la famille, départ. Mercredi, les cours à l’école.

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