¡ Place aux jeunes !

Lundi 8 septembre

Pour nous remettre de nos exploits des trois jours passés, nous nous levons tard, à huit heure trente, et nous déjeunons dans une boulangerie pâtisserie sur la place : Tania n’aime pas manger salé au petit déjeuner. Nous nous installons ensuite au café internet, et nous commençons à mettre à jour la comptabilité du fonds de crédit et de nos comptes personnels. C’est assez compliqué vu qu’on ne se souvient de rien, mais par déduction nous arrivons à retrouver les infos importantes : qui a prêté combien, combien peut-on encore prêter. Il apparaît clairement que pour l’attribution des prêts derniers prêts, le budget ne sera pas restrictif.

Nous entamons ensuite l’examen détaillé des sollicitudes, exercice délicat et assez subjectif du fait de l’absence persistante d’une politique claire en la matière. A ce propos, cela fait maintenant pas mal de jours que je me creuse la tête sur ce genre de questions, et plus j’y réfléchis moins c’est clair. Guillaume m’a demandé de rédiger un rapport présentant ma vision de ce que devrait être la politique générale de l’institut, je commence à me demander si j’arriverai un jour à formuler les idées de façon claire, structurée et cohérente. Mais je ne désespère pas.

Loin de tous ces questionnements existentiels, certains choix sont relativement facile à faire. Tous les projets de l’Aldea Trapichitos, à Zacualpa, sont des projets à 500 qz, et toutes les demandes sont largement assez bonnes pour qu’on accorde un prêt de ce montant. Ce sont essentiellement des projets d’élevage : poules, cochons, moutons. Il y a aussi deux maçons et deux projets de tissage. Seul le groupe qui a tenté de nous entuber est rejeté en bloc, ça leur fera la **** comme disent nos collègues les militaires. Nous aurons donc quatre nouveaux groupes à Zacualpa. Toutes ces demandes datent de l’époque ou on disait aux gens qu’il ne fallait pas demander plus de 500 qz pour un premier prêt, la consigne a été suivie à la lettre, souvent au détriment du projet. Prêter 500 qz sur un an à une personne qui en gagne déjà 1500 par mois, c’est un peu absurde et pas très efficace.

Pour Santa Cruz, c’est différent. Conscients de notre erreur, nous avions rectifié le tir et autorisé des premières demandes allant jusqu’à 1500 quetzals, à condition que le projet envoie du pâté. La grande majorité des 13 personnes de Santa Cruz nous ont donc « logiquement » demandé 1500 quetzals. Mais, pour la plupart d’entre eux, le projet justifiait effectivement une telle somme. Le textile est à l’honneur avec un projet de commerce d’habits, un projet de confection d’habits, un projet de tissage, un projet de commerce de tissu. Deux personnes n’ont pas bien compris que nous n’aimons pas les projets de vache, tant pis pour elles. Par contre, le projet de vache d’une troisième personne est accepté après pas mal d’hésitations. Il s’agit d’une vache laitière et nous pas d’engraissage, la personne vend le lait et fait même du fromage. Les 1500 quetzals ne suffiront pas, mais la personne a des économies. Je suis très curieux de voir ce que ça peut donner.

Au milieu de la journée, je ne retrouve plus la clé USB. Je l’ai oubliée sur un oridnateur, quelqu’un l’a prise. La même chose nous était déjà arrivée, quand Guillaume était là. Ce qui me fait mal, ce ne sont pas les 85 quetzals que je dois débourser pour m’en racheter une, mais la perte du contrat XMF-CONCODIG 2008-2009 (en espagnol) qui m’avait demandé beaucoup de travail, et que j’avais stupidement oublié d’enregistrer sur l’ordinateur. Ca me fait bien la **** aussi, pour le coup.

Nous remarquons qu’une des personnes à qui nous allons prêter est née en … 1938, ce qui bat le précédent record (1942). 70 ans. Ceci déclenche un petit débat entre Tania et moi. Doit-on tenir compte de l’âge au moment de décider du prêt ? Pour Tania, non, pas du tout. Pour moi, oui, mais dans une certaine mesure seulement. D’accord, personne ne choisit sont âge. D’accord, le but n’est pas d’introduire l’exclusion économique des personnes âgées au Guatemala. Mais à 70 ans au Guatemala, les perspectives de développement individuel sont minces, l’espérance de vie est courte. Les efforts humains et financiers consacrés à financer, responsabiliser, professionnaliser une personne âgée, pourraient tout aussi bien être consacrés à aider une personne plus jeune, donc plus malléable et plus prometteuse. Mais doit-on aider seulement les personnes avec qui il est facile de travailler : jeunes, un peu instruites, pas trop pauvres, dynamiques, vivant en ville, ayant des compétences en matière d’artisanat… ? Il me semble que tous ces critères ne devront pas rentrer en compte dans la décision d’apporter ou non une aide à la personne, précisément parce qu’avoir une vocation humanitaire signifie vouloir aider ceux qui en bavent le plus. En revanche, nous aurons pour chaque personne que nous aidons une ambition à la mesure de son potentiel de développement. Nous ne chercherons pas à faire d’un agriculteur illettré de 55 ans un PDG de multinationale agroalimentaire, pour caricaturer. Mais pour chacun, nous ferons le maximum, et pas plus.

Je viens à l’instant de passer un quart d’heure à réfléchir à ce que je viens d’écrire dans ce paragraphe, et je ne suis franchement pas convaincu. Tant pis. Toujours est-il que notre bonhomme à 70 balais aura son prêt, parce que sa sollicitude est bonne et que le montant est adapté à ses revenus. Il est beaucoup plus facile de trancher sur des cas particuliers que d’avoir une cohérence d’ensemble, bien sur.

En fin de soirée, Joaquim nous rend visite au café internet. Nous finissons de trancher avec lui quelques cas litigieux. Nous avons entre autre peur que deux personnes qui demandent 1500 qz et à qui nous ne voulons prêter que 1000 qz refusent ce prêt au rabais, ce qui chamboulerait tous nos groupes de solidarité. Joaquin les appelle au téléphone, négocie âprement, et ça finit par passer.

Nous pourrons finalement distribuer les prêts, mercredi matin à Zacualpa et jeudi matin à Quiché. Joyabaj, ça a l’air compromis, les gens ne veulent pas ou plus emprunter avec des remboursements mensuels. On a eu le même problème à El Desengaño il y a deux jours, seules deux personnes étaient partantes pour un tel fonctionnement. Je ne sais pas trop quoi en penser, il est tard, nous nous levons tôt demain pour aller rédiger tous les derniers contrats, donc dodo.

2 commentaires:

guillaume.virag a dit…

hello man, en premier lieu je t'ai renvoyé le contrat que tu avais fait, ensuite quelques petites chose :
- est-ce que les données économiques récupérées à l'insee locale avaient été sauvegardées sur le portable ?

- ensuite, peut-on rappeler à El Desengano qu'ils nous doivent 5000Qz qu'ils avaient dit rembourser avant le 30 septembre .

- finalement, avez-vous pu parler à Marcos pour cette affaire de 2000Qz à Ixtahuacan ?

- j'ai oublié de préciser quelques petites choses à régler assez importante : combien doit-on à José et Joaquin pour leur aide cet été et jusqu'à novembre, ça serait vraiment bénéfique pour nous, que vous voyiez cela avec José rapidement.

- un petit coup de fil aux frenchies, elles devraient passez par Quiché dans ces dates là, :) toujours bien d'améliorer nos contacts

Voilà, le bonjour à tout le monde et surtout bon courage à vous deux: c'est la dernière ligne droite. Mais vous gérez et c'est de la balle.

Sylvain a dit…

Salut mon grand, le contrat entretemps je l'ai complètement refait. Pour tes petites questions :

- oui
- oui
- non, impossible de le voir avant le départ. Je l'ai eu trois fois au téléphone, il dit avoir déposé tout le fric que lui a donné Andres, bien évidemment. Je le rappelle demain, et je le rappellerai tant que l'affaire ne sera pas éclaircie.
- c'est en cours de discussion
- je vais essayer d'y penser, mais dans mon souvenir elles nous avaient dit qu'elles quittaient la région au plus tard le huit.

Le CR des deux derniers jours est a venir, mais il nous reste pas mañ de photocopies a faire avant cela. Et encore une réunion de prêt à Santa Cruz demain. Et plein de trucs à voir avec Miguel. Voilà voilà.