Derniers jours

Jeudi 11, vendredi 12 et samedi 13 septembre 2008


Trois jours sans écrire sur le blog, ça commence à faire beaucoup, donc je m’y mets pour ce dernier message.
Jeudi matin, nous avons rendez-vous à l’aldea Xesic, pas très loin de Sant a Cruz, pour une dernière remise de prêts. Tout le monde est à l’heure, tout le monde écoute attentivement le discours que je répète maintenant pour la septième fois (à quelques modulations près). Ici aussi, les gens sont assez « riches » dans le référentiel local. Je fais une petite vidéo de Joaquin en train de traduire. Il gère, comme d’habitude, son discours est presque mieux calé que le mien, on pourrait presque se contenter de le laisser parler, mais je crois aux vertus pédagogiques de la répétition, donc j’en rajoute encore une couche, on ne sait jamais.
Tout le monde reçoit son prêt, à l’exception de notre vieux de 70 ans, malade… Sa cousine récupère le prêt. J’ai peur que le bonhomme ne passe pas l’hiver ; Joaquin m’explique qu’il a peur qu’on ait prêté à un mort, et je ne peux que lui donner raison. Ca craint franchement ; nous avons été beaucoup trop laxistes sur la nécessité d’être présent à la réunion de remise de prêt, par manque de temps et parce qu’on voulait prêter notre argent. Deux très mauvaises raisons.
A la fin de la réunion, on nous offre de l’atol. Je m’attends à un truc assez infect, mais en fait c’est très bon, et ça réchauffe bien. Nous rentrons à Quiché, et Joaquin nous quitte en coup de vent, il a un autre rendez-vous. Au café internet, nous finissons de ranger toute la paperasse : contrats, sollicitudes, photocopies et tous genres. Nous attendons José avec qui nous devons parler et manger avant de partir, mais il n’arrive pas et ne répond pas au téléphone. Son épouse nous apprend finalement qu’il n’a pas pu se libérer et qu’il ne pourra pas rentrer avant le soir. Nous partons donc pour la capitale en laissant les dossiers chez José.
Quatre heures de bus et de taxi plus tard, nous sommes chez Miguel. Toute la famille est là, les travaux ont bien avancé, on nous installe au chaud dans l’ancienne cuisine. On nous sert du frijol et des chicharrones ( gros morceaux de couenne de porc cuits dans le frijol).

Vendredi, nous allons au bureau de Miguel. Nous finissons de photocopier les derniers dossiers. Nous essayons d’aller visiter le palais de la culture. On nous laisse entrer, et puis finalement, non, pas de visite aujourd’hui, pour cause « d’activités présidentielles ». Deuxième échec pour visiter le seul bâtiment vraiment digne d’intérêt de la capitale, on reviendra l’année prochaine. On va quand même au marché central, où sont entassés plein de marchands d’artisanat « typique », enfin, surtout du toc pour touristes. En cherchant bien, on finit par trouver notre bonheur. Dans le marché, il y a aussi des comedors monstrueux, je mange pour 13 quetzal un caldo de res fabuleux. Tania n’a pas l’air rassurée par le contexte sociologico-sanitaire et boude un peu son assiette ; plus tard dans l’après-midi elle le regrettera et achètera des chips.
De retour au bureau, Miguel nous apprend que Don Pedro (le soit-disant responsable de communauté de Chicamán, qui nous a fauché 10000 qz) a remboursé une partie de sa dette. Nous consultons les comptes sur internet, Don Pedro a versé 2852 qz et, surprise, El Desengaño a aussi remboursé 4262 qz (sur 5400). Nos statistiques de remboursement, sans être folles, son quand même bien plus présentables : Ixathuacan 86%, El Desengaño 88%, Chicamán 77%. Miguel me dit aussi que Marcos et le trésorier d’Ixtahuacan se sont mis d’accord et que l’argent manquant va être remboursé sous peut. On croit rêver. Miguel y est manifestement pour beaucoup, il a engueulé Cristobal, Pedro et Marcos la semaine dernière.
Il ne reste plus qu’à signer le contrat avec Miguel. On lui explique bien ce qu’on a écrit et ce qu’on attend de lui pour cette année ; on développe chaque détail, il est d’accord avec nous sur quasiment tous les points (ce qui ne me rassure pas tant que ça à vrai dire), et au final seules quelques petites modifications de vocabulaire sont nécessaires. Et zou, c’est signé, petite photo pour immortaliser l’instant. La paperasse est archivée dans un gros classeur. Et zou, fin du travail au Guatemala.
A la maison, nous jouons au foot, puis au basket, contre Helen (une des filles de Miguel) et sa copine. La lutte est un peu inégale, car elles doivent avoir neuf ans, mais on s’amuse comme des petits fous.

Samedi, nous visitons La Antigua, ancienne capitale coloniale du Guatemala. Ici, étrangement, pas de déchets dans les rues, pas de vieux tacos pourris, pas de marchands ambulants, pas de costumes traditionnels, pas de petites tiendas ni de comedors miteux. Il n’y a que des restaurants affichant leurs plats à 100 qz pièce en anglais, des boutiques de souvenirs vendant des « bijoux typiques » en jade, des agences de voyages, et de touristes, beaucoup de touristes. Certains, avec leurs grosses lunettes de soleil, leur casquette, leur sac à dos, leur short, sont très reconnaissables. D’autres veulent se donner des airs de bourlingueur et arborent des accoutrements d’aventurier complètement ridicules. La Antigua, c’est beau, mais ce n’est pas le Guatemala, ce sont juste les vestiges sans âme d’un passé colonial glorieux. Cela dit, après un mois de travail, ça fait du bien de se changer les idées.
Nous nous balladons pas mal dans les rues colorées. Nous mangeons dans un restaurant scandaleusement cher, rien en dessous de 50 qz (5 euros), mais délicieux (et italien…) Encore quelques détours, et nous nous en allons.
A la capitale, nous faisons un détour chez un ami de Miguel. Il veut récupérer un truc, mais ne veut pas nous dire ce que c’est. En fait, c’est une bouteille de whisky…… Miguel me dit qu’il ne boit pas, mais que parfois, si… Il achète ce whisky pour 185 qz alors qu’il coûte 225 qz dans les tiendas.

4 commentaires:

Loïc a dit…

Alors cha yé... Terminé. Mission complete.
Bravo à tous les 4, et merci pour ces nombreuses et belles pages écrites. Quelle relève!
Avant que vous ne faissiez vous les Vieux Chouffes (VC) au retour, je le fais pour quelques lignes:
-Antigua c'est trop de la balle, fais pas ton blasé.
-si tu as bien lu notre carnet de bord, tu sais que Miguel boit parfois un peu plus qu'un peu, surtout avec ses vieux potes Cristobal et Ernesto...
-Dès votre retour, continuez d'être au taquet niveau contacts mails ET téléphoniques avec le Guatemala. Ne les laissez pas croire que vous allez être un peu lointains dans l'année et qu'ils peuvent se passer de vous rendre des comptes ultra régulièrement.
-Lancez avec les bitos (que je salue au passage… et oui, vos VC ne sont en fait que des Tos, ce qui fait de vous des bitos dans mon coeur) une discussion sur l'avenir lointain de Maya Desarrollo. Je ne dis pas ça pour faire plaisir à Guillaume, même si je suis sûr que ça lui fait effectivement un plaisir immense... Mais je dis ça parce qu'avec la recentralisation des décisions au niveau de la France (qui est amplement justifiée, je précise), il y a un risque de perdre de vue le côté durable. Durable au sens « capable un jour, grâce à la formation des locaux, de battre de ses propres ailes ». Sans compter que vu la croissance à 150% du portefeuille sur un an, il arrive vite le temps où toute la gestion ne pourra plus être faite par vous.

Voilà pour l’avis du VC, à prendre ou à jeter bien-sûr.
En tous cas bravo et merci encore à tous les 4.

Continuez aussi à nous envoyer des nouvelles de ce qui se passe, par le biais de la mailing list des anciens, c'est un très bon moyen.

Je viendrai à l'X en janvier. J'espère qu'on pourra se retrouver, discuter de cette saga de l'été, refaire le monde, ou au moins le Guatemala, rencontrer les bitos, etc...

Gros bécots à toute l'assoce
Loïc, en direct de Boston.

Manon a dit…

ne t'inquietes pas pour ce qui est d'avoir des nouvelles par la mailing liste, je suis déjà en train de préparer un mail et d'ajouter les 2k7 à la liste.

Merci à nos aventuriers du Guatemala, à bientôt pour la suite des évènements en France.

Manon a dit…

ps : Sylvain, tu n'est pas encore rentré mais tu es déjà sur la nouvelle plaquette remise à jour et relookée !

Unknown a dit…

Hola,

En cherchant desesperement l'adresse de Concodig a Guate Ciudad de maniere a m'y rendre demain (je suis ce soir sur Antigua), je me retrouve sur ton blog... et une chose est certaine, il y a un certain nombre de points communs entre ton projet et le mien.
Je suis en vacances au Guate pour le moment, rentre en France debut novembre et je serai ravie de pouvoir echanger avec toi sur ton experience au Guate, comme je suis en train de monter mon projet aussi (entre Armando en France et Miguel ici). Je te laisse mon adresse mail : Gloups83@hotmail.com

Ce serait super si tu pouvais m'envoyer un petit message de contact. A bientot.

Celine