Acte I : arrivée

Le Jeudi 17 juillet



Benjamin et moi avons donc pris l’avion mardi séparément pour se retrouver à Houston dans un aéroport dont le mot gigantesque ne semble pas rendre compte et nous sommes arrivés à Guatemala Ciudad : la ville ( censée être) la plus dangereuse d’Amérique Centrale.

Après une petite attente aux normes locales (trois heures) nous téléphonons à Miguel pour apprendre qu’on était censé arriver hier. Nous faisons la connaissance de Arturo, employé de Miguel qui nous amène chez ce dernier. Malgré l’apprentissage surviolent de l’espagnol effectué depuis quelques jours, la langue dépayse un peu plus. Température : 23°C, pas de pluie, ville bordélique proche de l’amas de petites villes insalubres.


Nous arrivons chez Miguel où nous faisons connaissance avec sa famille. Assez fatigués, nous nous reposons un peu, mangeons nos premières tortillas (très bonnes), sommes agréablement surpris de l’accueil très sympathique de toute la famille, et à moitié surpris d’un fonctionnement assez sexiste de la maison, les filles et femmes faisant la vaisselle et préparant le repas.
Nous nous levons à 7h le lendemain matin, c'est-à-dire apparemment très tard. L’école commence à sept heures par exemple. Après une petite douche froide, nous prenons un petit déjeuner, œufs et frijol, avec Miguel où quelques points du voyage deviennent clairs. Après quelques jours à Guatemala Ciudad, nous partirons lundi faire un tour d’une semaine dans tous les villages où ont prêté de l’argent nos prédécesseurs que nous saluons grandement : Loïc Watine et Nicolas Meunier.

Arrivés après un voyage déjà mythique dans un bus vraiment miteux, nous arrivons dans la zone 1 de Guatemala Ciudad où de charmants militaires munis de M203 ( pour les connaisseurs), « protègent » le palais de … la culture ! Pour avoir une idée de la ville, il faut s’imaginer un immense champ de maison à un ou deux étages, lesquelles ressemblent de plus ou moins loin à des stations services. Au milieu le palais de la culture et ses militaires.

Le bureau de Miguel est lui très sympathique, nous y faisons la connaissance de son équipe dont Loïc et Armando m’ont dit que c’était sa famille, mais nous n’avons pas encore réussi à savoir si cela avait évolué. Nous précisons toujours plus nos prochains dix jours. On passera deux jours à peu près à chaque endroit.


Petit à petit, nous récupérons toutes les informations que nous essayions d’avoir depuis des mois. L’état des lieux est assez violent en fait : le projet Ixtahuacan marche apparemment bien et les personnes n’ont apparemment pas de problèmes pour rembourser mensuellement. C’est pourtant là que Loïc et Nicolas avaient dû se battre pour imposer les mensualités contre un paiement total au bout d’un an. C’est à El Desengaño et à Chicaman que les gens ont décidé (apparemment tous ensemble) d’arrêter de payer au bout de 5 mois pour nous rembourser la totalité à la fin de l’année.
Du coup, nous allons devoir gérer cette situation où notre taux actuel de remboursement si on le compte en groupe est de … 20% et si on le compte en argent de 65%. Mais il est vraiment problématique qu’une forte proportion des gens n’aient pas remboursé chaque mois. C’est effectivement la première pratique économique que l’on souhaite leur apprendre. Il va falloir réinsister lourdement sur ce point.
Après que nous nous soyons mis d’accord, miguel téléphone aux responsables des communautés et tout semble arrangé. Par ailleurs, les responsables décident d’eux-même de réunir l’argent qu’ils doivent pour samedi prochain. Mais l’argent ici n’est pas vraiment le problème, il faut qu’ils remboursent chaque mois. Cependant ceci nous permettra de redistribuer plus de prêts cette année. Nous verrons bien …
Nous allons manger dans un marché génial aux couleurs et odeurs multiples, variées et dépaysantes : nous ne connaissons pas la moitié des aliments. Nous mangeons, dans une échoppe intégrée au marché, une soupe de viande accompagnée de légumes dont je n’ai pas réussi à retenir le nom mais qui sont très bons. Tout cela pour le prix exorbitant de 1 € 50. Les bus aussi sont chers, nous devons payer 1 à 2 Qz pour un trajet, c'est-à-dire 1/15ème du prix parisien!

A notre retour, nous contactons l’ambassade pour obtenir un rendez-vous, finissons de préparer le voyage. J’en profite pour finir de découvrir ce que nous ont laissé nos prédécesseurs sur l’ordinateur et je les remercie car nous n’aurons pas à refaire beaucoup de choses, ils ont même débuté un questionnaire de satisfaction qu’il ne nous reste plus qu’à compléter. Nous rentrons ensuite assez tôt chez Miguel. Nous y travaillons un peu notre espagnol, discutons avec Miguel et mangeons une soupe de frijol (haricots rouges). Miguel nous raconte sa longue présence dans la lutte contre l’injustice sociale et pour la reconnaissance des droits des mayas. En ce moment il travaille à retrouver les morts de la guerre (jusqu’en 1996) et à les ramener chez eux. Normalement, son association, Concodig, est financée par une organisation américaine, mais qui apparemment n’a pas pu les payer depuis quatre mois pour une histoire compliquée avec le gouvernement ! Ceci me paraît assez préoccupant, mais ne semble pas perturber la vie de l’association.

Nous discutons également de nos réflexions sur la possibilité de faire évoluer le projet dans le futur. Nous abordons d’abord la création d’une institution financière habilitée au Guatemala où nous pourrions réunir les quelques membres du projet, c'est-à-dire José, Miguel et nous-même. Nous discutons des problèmes de légalité du crédit, et effectivement, à moins de le présenter sous le bon angle, ce n’est pas tout à fait légal. Miguel est tout à fait d’accord sur la nécessité de créer une institution habilitée ici, et nous propose de réfléchir sur la possibilité d’une coopérative.
Nous devrons de toute façon beaucoup discuter avec José avant de lancer de quelconques démarches. Comme toutes les démarches juridiques ne sont pas gratuites, j’hésite à faire reconnaître X-MicroFinance ici et à attendre la création d’une telle structure. De toute façon il nous faut d’abord voir un notaire pour avoir des idées de ce que nous permet la loi guatémaltèque, nous en avons déjà demandé à l’ambassade que nous verrons demain.La seconde piste de développement est de développer une certaine expertise en agriculture locale, ce qui intéresse fortement Miguel. J’avais bien essayé de contacter le CIIRAD (la recherche agricole tropicale française) mais sans trop de succès. Il nous semble cependant que ce sera là un point sur lequel il faudra beaucoup travailler l’année prochaine, l’apport peut être réellement conséquent.

6 commentaires:

Estelle a dit…

hahaaaaaaaaaaaaaa vuestros primeros frijoles!!! Enjoy!!!

Te queria muchom adios, pero vas a estar matado para los guerilleros de los buses, lo siento.

bon courage, amusez vous bien! Moi je pars dans 2 jours pour NY, et ensuite costa rica... Je me sens obligee de faire un blog maintenant.

nicolasmeunier a dit…

La description de Guatemala Ciudad me rend nostalgique du temps passe la-bas.
Je vois que vous avez deja pu gouter aux frijoles qui alimenteront beaucoup de vos repas guatemalteques et au temps relatif qui semble etre part de la culture locale.
Bon courage pour vos aventures a venir et passez le bonjour aux chefs de communaute de ma part lorsque vous aurez l'occasion de les voir.

Je crois que vous avez parfaitement les choses en main alors que les vayan bien amigos et continuez de nous tenir au courant !

Besos de Praga.

Nicolas.

Loïc a dit…

Je n'aurais pas mieux dit cher Nicolas. Et c'est vrai que ça nous rend un peu tout nostalgique tout ça...

C'est coolos en tous cas, ça a l'air de bien démarrer !!!

Anda le pues!

(et n'oubliez pas d'apprécier le "como te digo" miguélien...)

Loïc, de New Delhi

Unknown a dit…

Magnifique description qui donne vraiment envie de partir...
et justement, je pars (en Inde, fin du mois, pour durée indéterminée)

En dehors du boulot et de la famille de Miguel, comment est l'ambiance là-bas? Vous avez l'occasion de sortir? De rencontrer d'autres jeunes ou pas du tout?

Unknown a dit…

Très belle plume, on attend patiemment la suite !

Cela serait certainement faisable de monter un partenariat avec une école d'agronomie pour développer un programme d'aide agricole, et surtout une expérience nouvelle et excitante...

Prenez soin de vous et évitez la tourista !

Alexis, de Pau (moins exotique que d'habitude...)

guillaume.virag a dit…

C'est cool de voir aue les anciens sont toujours la. Pour le programme d'aide au developpement de l agriculture, on va effectivement beaucoup travailler dessus le plus tôt possible avec les 2k7.

Estelle : No voy a estar matado por los guerrileros, son mis amigos, pero la delinquencia es un otro problema, :). Bon sejour au costa rica

Fabien : lache des nouvelles de l'inde !!!