Fête de jeune fille

Samedi 19 juillet

Le samedi, le lever est plus tardif : à 6h30 Miguel lave sa voiture. Toute la vie est décalée d’environ 2 à 3 heures ici. En aidant Miguel à laver sa voiture, je lui parle du coût de l’essence. En effet, la veille, nous discutions avec benjamin du fait qu’il nous ait dit que cela lui coûtait 7 euros l’aller-retour à son bureau qui est à 15 Km. Un petite calcul de consommation donne du 20L / 100km ce qui nous avait un chouilla interpellé tout comme la facture de 11€ d’essence pour l’aller-retour à l’aéroport. Miguel nous dit même que pour aller dans le Quiché, nous allons avoir besoin de 40L pour faire 170km. J’hésite à lui demander si les voitures guatémaltèques ont un trou dans leur réservoir, mais je met ça sur le dos de leurs voitures et de leurs routes. De plus Miguel me dit qu’ici les litres dans les stations services sont un peu petits : les vendeurs trichent sur la quantité qu’ils donnent. Enfin nous regrettons un peu les bus pris d’assauts mais beaucoup moins chers. De toute façon nous devons faire vite car Benjamin part Dimanche prochain, et la voiture sera plus pratique. Néanmoins, je comprends deux choses : ça va vraiment nous coûter cher et mes autres visites se feront en bus ! Sauf bien sûr quand nous distribuerons des prêts.

Au petit déjeuner, dans une transition sublime, nous lui demandons, si pour éviter ces frais il est possible de demander aux responsables de communautés de suivre les projets, et de limiter à deux visites, une tous les six mois. Cette solution semble l’enchanter. De toute façon, cette année alors qu’il était censé effectuer une visite régulièrement, il ne l’a fait que rarement. Donc notre proposition est en fait juste ce qui se passe déjà, sauf que nous le formalisons et que nous en profitons pour demander aux chefs de communauté de nous fournir les informations à Miguel et à nous en même temps.

Nous passons la matinée avec deux filles de Miguel, Candelaria et Helen Johana, 16 et 11 ans, qui nous emmènent dans un cybercafé où l’on imprime les demandes de prêt que l’on va distribuer. Ensuite nous faisons un petit tour du quartier : quelques maisons rigolotes mais un peu délabrées, une grande usine qui, tenez vous bien, fabrique des légumes, fruits, vêtements et médicaments, une église sympathique et bien entretenue et des bus toujours mythiques, véritables kyrielles de couleurs.

Nous discutons avec elles et prenons conscience qu’une, qui a 16ans ne sait pas utiliser un ordinateur, ni parler anglais. Nous remarquons également que dans la maison, il n’y a pas de pièce où les enfants pourraient étudier, et d’ailleurs nous ne les avons pas vu étudier. Pourtant Miguel accorde une grande valeur à l’éducation, mais il ne semble pas exister ici la rigueur et la hargne. Les gens tiennent à profiter de la vie.
Nous demandons également si les garçons cuisinent ici : apparemment oui. D’ailleurs, on a pu constater que le fonctionnement de la maison n’était pas dogmatiquement sexiste, en ce sens que les hommes participent aux taches ménagères, mais qu’il l’était plus pour d’autres raisons : les femmes qui ici ont des enfants très tôt quittent le monde de l’éducation et du travail. Du coup automatiquement, les hommes sont souvent les seuls à travailler, et pendant ce temps là les femmes prennent l’habitude des tâches ménagères. Un bon exemple est la seconde fille de Miguel, qui avec, à notre avis, un peu moins de notre âge, est déjà mariée et à un fils de quatre ans. C’est déjà une maîtresse de maison parfaite. Malgré cela elle étudie et aura certainement un travail l’année prochaine… Nous mangeons tranquillement, prenons un peu de temps pour écrire. Puis nous partons à 3, pardon 5 heures pour un anniversaire. Ici les 15 ans d’une fille se fêtent grandement, à la limite Bar-mitsva. La famille de la demoiselle a loué un gymnase pour l’occasion, un groupe de musiciens et des enceintes de 4 mètres de haut. Nous devons être à peu près deux cent dans la salle. Nous demandons à Miguel une idée du coût d’une telle fête : rien qu’avec la sono, la location de la salle, il y en a pour quelques milliers d’euros. Nous sommes de plus en plus dérouté par le rapport à l’argent ici : Miguel a quatre filles, dont trois ont déjà eu 15 ans. On a du mal à comprendre que l’université soit trop chère mais qu’un anniversaire ne le soit pas.

La fête est apparemment une tradition guatémaltèque. Après qu’une bonne parties des invités soient entrés, introduits par un présentateur, la famille entre avec la charmante demoiselle en dernier. Après cette cérémonie d’ouverture, la traditionnelle danse entre le père et la fille a lieue, alors que les plats sont servis. Nous mangeons tranquillement puis la salle s’anime, de nombreux danseurs allant tâter la piste de danse, qui représente à peu près la moitié de la salle. Alpagué par Candelaria, je m’essaye également aux rythmes locaux. Les quelques leçons de salsa que j’ai pu avoir m’aident un peu mais ici les musiques sont vraiment très rapides, et grâce aux nombreuses fêtes, les danseurs sont habiles. Benjamin prend ensuite le relais, et j’éclate de rire en voyant une piste de danse de hauteur 1m60 environ, avec une seule tête qui dépasse, celle de benjamin.

Tout cela à un air un peu vieillot et enfantin à la fois. Enfantin parce que tout ça ressemble quand même beaucoup à une présentation maladroite des demoiselles à la société, disons un pré-mariage. D’ailleurs sur les albums photos de Candelaria, pour ses 15 ans, elle portait une robe, dont on aurait juré que c’était une robe de mariage. Mais on ne peut qu’admirer la vie festive locale, qui rassemble les gens de tous les âges et qui est symptomatique d’une société, certes beaucoup moins adulte, mais quand même beaucoup plus funky que la notre.

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