Enervements , clarifications et fatigue

Mercredi 23 juillet

Nous nous levons tranquillement à 7h30, et je profite de la petite heure qu’il me reste avant de partir pour finir d’écrire sur la veille, ou presque. Nous sortons à peine de l’hotel que nous tombe dessus notre premier évènement de la journée. Un petit monsieur, vous remarquerez que c’est courant sur les photos, parle avec Miguel. Miguel me dit que c’est la personne qui a été attaquée en janvier. Je m’inquiète donc de son état : tout va mieux, mais il a laissé beaucoup d’argent pour l’hopital - ah oui, ce n’est pas gratuit ici - et a même quitté El Desengaño. Comme c’est un de nos clients, je cherche également à savoir où il en est. Il me raconte alors tous ses malheurs qui, il est vrai, sont immenses et se plaint beaucoup. Je suis énervé parce que je n’aime pas les lamentations, et ça m’énerve d’être énervé, parce que ce monsieur a clairement de quoi se lamenter. Ca me rappelle cette phrase que l’on entend dire avec conviction à xmf « on n’est pas là pour faire de l’assistanat », sur le terrain, ça veut dire qu’on est pas là pour aider les gens les plus miséreux. Penser à faire un projet, c’est déjà être un peu moins miséreux. J’assume avec la plus grande facilité la culpabilité violente du monde face à ces êtres. Cette phrase ignoble est effectivement notre paradigme ici, notre façon d’aider les gens. Si elle tombe, notre action la suit. Il nous dit qu’il va quand même rembourser, je précise que nous n’avons rien demandé d’autres que des informations, car il faut lutter et que la vie est lutte. Au moins je préfère ce passage qui montre un peu de vie, et un peu moins de soumission à la nature. Dieu est grand et il faut accepter ce qu’il nous donne. Bon, là je le suis moins. Nous partons.

Nous arrivons à Chicaman, où nous avons déjà dilapidé nos 55€ d’essence en 400 bornes, ce qui forcément augmente un chouilla mon énervement. Nous prenons 2 galons parce que l’essence est chère ici et partons pour la montagne Nous arrivons, presque à l’heure, à 10h15 pour 10h, c’est vraiment un exploit, à l’Aldea où vit la communauté à laquelle nous faisons des prêts. Une aldea, c’est un petit regroupement de maisons, beaucoup d’aldeas constituent un municipio. Nous apprenons tout d’abord que Don Pedro n’a réuni personne et qu’il n’est pas là. Là, je prends des photos pour me calmer, et il est vrai qu’on ne se lasse pas du paysage montagneux, et de ces grandes vallées où de temps à autre on perçoit l’activité humaine. Nous mangeons une papaye, ce que je n’avais fait depuis longtemps, mais qui n’est pas une grosse perte tant l’aliment est suave et attendons. Une bonne heure plus tard arrive notre gus, on peut donc commencer la réunion avec lui. Nous essayons de lui extorquer quelques informations que l’on tire au compte-goutte. Je lui demande s’il tient un livre de compte des groupes. Il revient avec un petit cahier et commence à nous fournir des informations précises. Quelques groupes auraient tout remboursé mais la majorité ont des problèmes. Il nous fournit également les reçus des dépôts qu’il a fait sur le compte de Concodig. Un date du matin même: on comprend que monsieur est allé déposer l’argent alors qu’on venait le voir, d’où son retard. J’étais arrivé avec la possibilité d’établir de nouveaux contrats pour qu’ils puissent nous régler par mensualités la fin des prêts et que ça leur apprenne quand même à respecter les mensualités, mais Miguel me fait comprendre lorsqu’il va chercher son livre de compte, que le problème est bien avec lui, qu’il n’a certainement pas déposé l’argent que les gens lui ont confié. Je me tais donc sur la possibilité de nouveaux contrats, et nous faisons les comptes : ne serait-ce qu’avec les informations qu’il nous donne, il nous doit plus de 2500 Qz. Par ailleurs, son groupe n’a remboursé que 92Qz, ce qui est juste malhonnête pour rester poli. Il y a beaucoup de personnes malades apparemment. Enfin, il nous faut absolument changer de responsable ici, car ce mec ne l’est clairement pas. Ce qui m’énerve d’ailleurs un peu plus encore, mais je m’apitoie quand même sur l’homme qui me semble juste pas très responsable, ni très éduqué. Enfin ce pauvre monsieur a quand même détourné au minimum la bagatelle de 250€, ce qui ici n’est pas rien. Nous lui faisons comprendre qu’il faut que les gens remboursent tout, c'est-à-dire que lui aille déposer à la banque ce qu’ils lui ont donné. Il nous offre des fruits cuits, ce qui m’énerve un peu, car je n’aime pas recevoir de cadeau de quelqu’un qui clairement essaye de nous berner. En plus, je me force à engloutir sans mot dire cette chose immonde. Benjamin me demande si je veux finir le sien, ce dont je le remercie mais proposition que je n’accepte pas.

Nous lui demandons ensuite d’aller voir les projets. Miguel et Marcos insistent admirablement bien pour qu’il nous accompagne, et il ne peut donc se défiler. Nous partons chez un monsieur aveugle, dont Don Pedro nous avait dit que sa cécité nouvelle avait causé des problèmes, mais dont Marcos me dit à voix basse qu’elle date d’il y a 3 ans. Don Pedro nous dit qu’il est du groupe 1, c'est-à-dire du sien qui n’a remboursé que 92Qz. Nous posons quelques questions au monsieur, qui nous dit qu’effectivement il a été malade et que cela l’a dérangé. Mais il a payé 6 mois, et il ne lui reste que six mois. Nous lui faisons comprendre qu’il faut qu’il soit sérieux dans ses remboursements, et pour que ceux-ci ne lui pèsent pas trop, il n’a qu’à juste reprendre la fiche de remboursements par mois, là où il s’était arrêté. Nous demandons à Don Pedro, comment se fait-il que le monsieur a payé six mois, et que le groupe 1 n’a déposé que 92Qz, il nous dit qu’il s’était trompé, qu’en fait il est du groupe 2.
Nous partons voir un autre projet. On tombe sur une maison bien organisée. En entrant, un petit passage en bois laisse découvrir un sublime métier à tisser dans une pièce adjacente. Au bout, une dame et deux de ses filles sont devant un panier de haricots. Nous les saluons toutes et commençons à nous enquérir de la situation et à faire notre questionnaire de satisfaction orale. Ici, tout a bien fonctionné, les gens ont bien payé, sauf qu’ils payaient tous les trois mois plutôt que tous les mois, parce que leur production se vend tous les trois mois. Arrive un paysan qui parle bien espagnol, Fransisco Uz Cal, figure incarnée du paysan travailleur et honnête. Il nous donne des informations très précises sur tout ce que nous voulons savoir, coûts et revenus du projet, nous montre ses champs qui sont très bien tenus. L’énervement tombe d’un seul coup malgré la chaleur, et je peux un peu plus profiter de la vue à 180° sur un encaissement dans lequel se situe la maison du paysan, lequel donne sur une vallée. A gauche un chemin tortueux essaye de lutter avec le relief, sans succès. Nous remercions ce seigneur pour toutes les informations précises qu’il nous fournit et partons voir d’autres projets. Nous nous frayons un chemin à travers des champs de maïs, grimpons sur les pierres d’un ruisseau pour arriver à quelques maisons. La première personne que nous voyons a du vendre une grande partie de ce qu’elle possédait parce qu’elle était tombée gravement malade. Elle nous assure quand même qu’elle pourra rembourser en temps et heure. Nous lui disons que nous ne sommes pas là pour ça et qu’elle peut reprendre les mensualités sans se forcer à tout payer en une fois. Nous évaluons seulement les prêts que nous avons faits et notre fonctionnement. Nous la quittons pour jouer un peu plus les indiana jones et arriver à une maison dont le toit en chaume est plutôt surprenant dans le coin. Personne. Nos efforts vains, nous redescendons, remercions Don Pedro pour les informations qu’il nous a données et le quittons.

Marcos m’explique que Don Pedro est un guérilléro qui a beaucoup combattu dans les années 80. Les gens le respectaient donc et l’ont choisi comme responsable. Mais de plus en plus ils trouvent que ce n’est pas un bon responsable. Il nous dit également que pour un autre projet, les gens devaient lui confier de l’argent, et lui l’utilisait pour aller à Guatemala pour s’occuper d’eux, mais grossissait un peu les factures. Ainsi il a pris de mauvaises habitudes, et confond un peu son argent et celui qu’on lui confie. Le voyant d’essence est allumé, ce qui re-m’énerve. Surtout qu’on a lâché 10€ pour venir ici, et que Don Pedro n’a clairement pas fait d’efforts pour réunir les gens, ni pour leur dire que l’on viendrait. Tout cela pour se protéger bien sûr, mais ça m’énerve. Bon, on se calme, 10€ c’est rien, et en plus nous devons trouver une solution pour le groupe qui fonctionne bien. Nous nous arrêtons dans un très charmant restaurant pour manger. Là, on se rend compte, boulette sublime, que comme on n’a pas pris nos cartes de crédits par sécurité, on ne peux pas retirer d’argent et qu’on va être en galère, parce que Miguel n’ont plus n’a pas sa carte, et que la première Banco Industrial est à Quiché. On compte ce que l’on a, tout va bien on s’en sortira. Enfin, j’avoue que je n’avais pas prévu que nos coûts dépassent 200€, mais comme nous payons l’hotel, le restaurant et l’essence pour quatre, ça a beau n’être pas cher, ça finit par compter.
Je bois ma limonade et là clairement ça va mieux. En fait, c’est surtout qu’il fait chaud ici et que l’on commence un peu à fatiguer avec la quantité d’informations. Enfin, s’énerver sur des miséreux, ça a quelque chose de scandaleux. Je profite du repas pour essayer de résumer les problèmes ici et de trouver une solution. Miguel nous dégotte une nouvelle responsable d’on ne sait où, que nous verrons dans … une heure! Ca, c’est fait ! Et ensuite, on se dit que le groupe que nous avons vu peut clairement tourner seul, vu le niveau de responsabilité de Fransisco, qui dépasse clairement le mien. Nous mangeons une soupe de légume et de viande avec un avocat et du riz, pour le prix en France de … l’avocat. Et nous repartons de bonne humeur. Même l’essence ne m’énerve plus !

Après 200m nous nous arrêtons. Une petite madame arrive, dans son sac des livres et deux portables, dans sa bouche un flot de paroles ininterrompu sur son activité surchargée. Si le mot speed sied parfois à certaines personnes, je pense qu’il a été inventé pour elle. Quand un silence de plus de une seconde s’est installé, elle vérifie sur ses deux portables si elle n’a pas oubliée d’appeler quelqu’un. Enfin, elle m’a l’air quelqu’un de responsable, et si elle peut suivre les projets ici, ce sera parfait. Après 1km nous nous arrêtons à un croisement de route. Y attendent une femme et sa mère devant des cajots de haricots. Nous faisons notre manège habituel : récupération d’informations sur les paiements, questionnaire de satisfaction, photos. Ce sont deux géniales et énergiques femmes qui répondent clairement à toutes nos questions. En plus elles ont bien payé, et il ne leur reste que les deux derniers mois. Très impressionnés, de nouveau, par ce groupe de femme, nous repartons égayés. Il y a au moins deux groupes qui marchent bien. Il nous faut un nouveau responsable, et elle est peut-être déjà dans la voiture.
Nous repartons pour d’autres projets et d’autres aventures. Je demande à Miguel d’appeler Cristobal, mais il est impossible de le joindre. Nous nous arrêtons sur le bas côté de la route et descendons des petits chemins de terre boueux pour arriver à une petite maison où une dame nous attend avec un large sourire. Nous lui posons tout un tas de question, et apparemment ici aussi tout se passe bien. Elle nous dit également qu’un groupe que nous ne pourrons aller voir a déjà tout remboursé. Nous prenons quelques photos et la laissons avec ses filles qui nous disent « bye ». Nous leur sourions et partons. Après avoir traversé une rivière, remonté un petit chemin large de 40cm taillé dans la végétation, nous arrivons à une très charmante maison, avec plein de plantes et d’animaux. Nous enquêtons et tout va bien ici aussi, ils ont juste eu quelques animaux morts ce qui fait que le prêt a eu peu de bénéfices, mais ils veulent recommencer avec un veau. Nous leur disons que ce sera certainement possible s’ils remplissent précisément la demande que nous leur fournirons bientôt. Quand nous avons obtenu toutes les informations que nous souhaitions, nous prenons quelques photos et allons vers la dernière personne que nous verrons ce soir mais qui appartient à un groupe dont on a déjà vu un membre, la dame au large sourire. En chemin nous nous disons que Don Pedro a allégrement détourné plus de 5000Qz, mais qu’il est agréable de voir que c’est surtout un problème de responsable, que nous allons pouvoir continuer à travailler avec les groupes. Un vieux paysan, dont Miguel nous dit qu’ils se connaissent depuis plus de 15 ans, nous accueille. Nous nous asseyons pour ne pas tomber et nous enquérons de l’état de son projet. En fait, ils ont juste décalés les remboursements d’un mois, ce qui fait qu’ils finiront en octobre. Nous leur disons qu’il est préférable qu’ils finissent en septembre pour que nous puissions leur faire un nouveau prêt en septembre, avant de partir. Ils acceptent et finiront de rembourser avant la fin du mois. Sa femme nous apporte des cafés qui nous aident beaucoup à poursuivre notre quête d’informations avec sérieux. A la fin de la journée, nous connaissons les prix de tous les produits des marchés locaux et des problèmes de tous les groupes, c'est-à-dire pas tant que ça en fait. Un seul problème : Don Pedro. Mais il n’est pas si gros, le problème, et nous sommes rassurés, notre activité ici va pouvoir se poursuivre dans de bonnes conditions. Seuls deux groupes sur sept ont des problèmes sérieux de remboursements. Cristobal a appelé, il nous attend à Uspantan. La journée n’est donc pas finie, mais c’est bien, nous allons pouvoir mettre beaucoup de choses au clair. Sur le chemin, Marcos nous informe toujours plus de la situation ici. En fait il a passé deux années à Uspantan et connaît donc bien la situation locale. Mais au rythme d’une information à la minute, nous finissons par saturer, et quatre heures après, je ne peux même pas me rappeler de ce qu’il nous livra comme secret tant il y a à savoir sur ces petits villages. Seule chose dont je me souvienne, est qu’il nous dit qu’ici non plus il n’y a pas de police et qu’il y a par conséquent des problèmes de violence. Pas de police dans une zone immense où vivent plus de 50 000 habitants, passons. Nous arrivons à un hôtel de Uspantan. Celui-ci est grand et la cour dans laquelle nous arrivons est belle et bien décorée. D’un grand niveau ! Nous discutons chiffons et taquineries avec la nouvelle venue, féministe, à 30 ans non mariée et qui le revendique fièrement. Nous allons nous asseoir autour d’une table à l’étage pour faire un peu de tri dans ce que l’on a vu aujourd’hui. C’est là que nous comprenons que la situation n’est pas si mauvaise à Chicaman.

Cristobal arrive, entouré de deux filles. Nous le saluons, nous présentons et décrivons notre but : évaluer notre projet et la situation à El Desengaño. Le groupe d’hommes a apparemment payé jusqu’à janvier, et Cristobal a même payé pour celui qui s’est fait tiré dessus. Ensuite comme ils avaient acheté des animaux qui ne procurent aucun revenus si ce n’est à la vente, ils ont décidé d’un commun accord tout seuls dans leur coin sans nous informer de tout payer à la fin. Le groupe de femmes a remboursé deux mois de plus, mais ont du arriver aux mêmes conclusions. Nous lui faisons remarquer que nous comprenons la situation, et que nous avons fait une erreur en demandant un remboursement mensuel sur des projets qui ne fournissent des revenus qu’au bout d’un an. Mais, nous lui faisons remarquer que le manque d’informations qu’il nous a fournies est inacceptable et doit être évité l’année prochaine, si nous continuons à travailler ensemble : il devra rendre compte mensuellement à Concodig et à nous de ce qui se passe à El Desengaño.
Un peu piqué au vif, il est vrai que mon ton doux contrastait avec mes reproches durs, il nous dit qu’il accepte la critique dans un but d’amélioration. Il lâche une petite pique à Concodig que je remarque, et que Marcos et Miguel relèveront vivement quand il sera parti. Ce n’est en fait pas très fin de sa part : il dit que Marcos est venu le voir en avril et qu’il ne sait pas mais qu’il y a des problèmes de communication un peu partout que nous devons améliorer. Je ne lui dit pas qu’on a effectivement lutté avec Miguel cette année pour obtenir des informations, mais juste qu’on est effectivement bien là pour évaluer et améliorer. Dans ce même but, nous aimerions aller évaluer avec tous les gens qui ont fait un prêt la situation demain, jeudi. Il nous dit qu’il n’a pas pu coordonner notre visite, mais finalement fait un effort, même s’il nous dit qu’il n’est pas sûr que tout le monde sera là. Bon, on verra demain, mais il fait quand même moins guignol que Don Pedro.Une fois Cristobal remercié et parti, Marcos et Miguel se lâchent. Ils n’ont pas trop apprécié le « il y a des problèmes de communication à Concodig », le « Marcos était au courant » et « je n’ai pas pu coordonner la visite » alors que ça fait une semaine qu’on l’a prévenu. Miguel commence par m’expliquer que Cristobal est très fort pour s’en sortir dans les discussions et qu’il faut faire attention. Je lui réponds, qu’il n’a pas à s’inquiéter, nous sommes quand même habitués à la rhétorique dans notre pays. J’ai d’ailleurs trouvé ses écarts assez peu contrôlés, et très teintés d’orgueil plus que d’habileté. Marcos m’assure de la même façon qu’il est bien venu ici en avril, mais qu’il n’a pu obtenir aucunes informations de lui. Ils continue en généralisant et en le taillant en pièce : Cristobal fait de la rétention d’informations, contacte directement Armando sans passer par Concodig pour des choses qui concernent Concodig. Deux affaires ont eu lieu cette année qui le mettent en cause : la première est une affaire de vol de machines d’une association dont Cristobal a rendu compte en disant que c’était des voleurs qui étaient entrés par derrière, alors que quand Marcos est allé enquêter sur place, il s’est avéré qu’ils étaient passés par la porte principale, dont bien sûr seul Cristobal avait la clé. Miguel et Marcos ont conclu à un auto-vol. Autre chose, après l’affaire du monsieur qui s’est pris une balle à El Desengaño, Cristobal a dit que c’étaient certainement des délinquants et c’est tout. Marcos qui a rencontré beaucoup de gens en avril, nous dit qu’à une réunion en décembre, des personnes ont désigné Juan, le futur attaqué, comme un brujo : une personne qui envoie des mauvais sorts, et l’ont mis en cause dans deux morts. Ils l’ont menacé et ont demandé à ce qu’il quitte le village. Un mois après, il était attaqué, et Cristobal ne pouvait pas ne pas savoir ceci. Il a donc encore fait de la rétention d’informations.
Miguel me fait encore un peu rire en construisant encore une possible embuscade le lendemain, en suggérant que Cristobal n’est pas blanc dans l’affaire de Juan. Cette fois-ci c’est clair, Miguel en rajoute quand même beaucoup.Je propose donc que l’on adopte la conduite suivante : nous voyons demain ce qu’il en est et si ce que nous a dit Cristobal est confirmé et qu’ils finissent de payer, nous ne développerons pas l’activité à El Desengaño mais proposerons quand même des prêts aux deux groupes existants, pour voir si Cristobal est capable de nous informer en temps et heure. Nous baisserons la quantité d’argent prêtée, car il est vrai qu’une erreur a été commise : nous avons prêté des grosses sommes pour des projets devant être remboursés alors qu’ils ne produisaient pas encore de revenus. Par ailleurs, tant que la situation à El Desengaño ne se sera pas améliorée, nous maintiendront l’activité de microcrédit à un niveau faible, sans la développer. Miguel et Marcos semblent d’accord avec ma position, et de toute façons, nous verrons demain. La fin de la journée approche enfin, et nous allons dîner dans le petit restaurant mexicain de la veille. Nous essayons de discuter, mais les forces ne sont plus là tant la journée fut longue et éprouvante. Plus que quelques heures à écrire et au dodo.

5 commentaires:

nicolasmeunier a dit…

Bravo ! C'est cool finalement pour Uspantan. Don Pedro était tellement sous-convaincant qu'on a vraiment choisi les projets ailleurs avant de faire ceux de Uspantan...
Si vous avez une personne qui peut valoir le coup, va falloir ne jamais lacher prise jusqu'à qu'elle vous suive !

Sinon, certainement que des erreurs énormes ont été commises. Mais les décisions ont été prises à partir de toutes les informations sur les salaires, prix et revenus que les gens ont bien voulu nous donner...
En plus, conscients que nous disposions que de très peu d'informations, nous avions établi avec Loic pleins de modes de remboursement différents :
1- Remboursements qui commencent seulement à partir d'un certain temps puis qui est uniforme.
2- Remboursements qui commencent seulement à partir d'un certain temps puis qui est progressif en fonction des revenus estimés des projets avec diverses variantes de progressivité.
3- Remboursement dès le début progressif avec diverses variantes pour la progressivité.
4- Remboursement dès le début avec valeur identique tous les mois.

Nous avons laissé le choix pour une somme totale similaire. C'est chaque groupe qui a choisi son mode de remboursement et devine quoi, ils ont choisi le même à l'unanimité !!! ( et finalement celui qui s'avère le plus mauvais... vous savez donc ce qu'il vous reste à faire pour les prochains prêts du coin...)

D'ailleurs, les projets sont similaires (pour ne pas dire identiques pour certains...) à ceux d'Uspantan. Il suffit de vérifier dans les papiers... Et par conséquent, je ne vois pas de raisons évidentes pour lesquelles il y aurait des projets identiques, certains avec revenus et d'autres sans ( surtout pourquoi ceux sans revenus seraient tous à El Desengaño, c'est plutôt louche... )Mais surement aurez-vous plus d'informations dans les prochains jours.
Dernièrement, si mes souvenirs sont bons, les seuls projets qui peuvent prendre plus longtemps à être rentable et demandent plus de remboursement, ont été à des gens avec revenus plus importants. (par exemple, le professeur du village et Cristobal en personne me semble-t-il...). J'espère que ces quelques infos vous aideront.


Sinon, en ce qui concerne Don Pedro, je crois qu'il faudra le revoir et mettre tout au clair avec lui, mettre à jour devant lui sa malhonneteté et le menacer de ne plus travailler avec lui (et effectivement le faire si vous avez une autre personne qui peut être responsable). Essayez de le faire plier sur les remboursements qu'il doit et dites-lui même que si il a volé l'argent, c'est de l'argent qui ne pourra pas profiter à d'autres personnes dans le besoin qui auraient pu en bénéficier sous forme de prêts...

Finalement, il y a effectivement un problème de communication à CONCODIG et Cristobal a raison à mon avis de sauter Miguel pour discuter avec Armando. D'ailleurs, Armando nous avait à plusieurs reprises ne plus vouloir travailler avec Miguel sur des projets similaires à ceux que CONCODIG a à l'heure actuelle vu la lenteur et le manque d'organisation de Miguel. Cela explique surement pourquoi Cristobal contacte parfois directement Armando sans passer par Armando. Donc attention encore aux propos de Miguel...
Quant aux rumeurs sur les brujos, les auto-vols... Méfiance. Vous ne connaitrez jamais la vérité donc ne jugez pas seulement sur des rumeurs. Surtout que Cristobal a remboursé pour le type qui s'est fait aggressé. Si Cristobal cache des informations, peut-être le fait-il aussi pour protéger son village.(je n'ai pas dit que ce n'était pas à tord...). En tout cas, vous avez bien fait d'insister sur le fait qu'il ne doit pas vous cacher pas d'information à vous sur les remboursements. (et puis, il n'avait pas vraiment de gens avec qui se concertait pour décider de l'arrêt des remboursements et avait seulement Miguel comme point de passage pour nous contacter... ce qui n'est pas le moyen le plus rapide avouons-le...)

Voilà, je crois avoir dit ce que je voulais dire... :) Bon voyage dans les montagnes et profitez de l'air pur. Et évitez de chopper une bronchite là-haut, je vous assure que ca fait pas du bien :)

Besos de Francia !

guillaume.virag a dit…

T inquiete : quand je dis que nous avons commis des erreurs, je ne vous vise vraiment pas, mais plutôt la pensee globale a xmf. Exemple le "pas d assistanat" est une erreur pour les gens trop pauvres. Le seul endroit ou des prêts a des gens tres pauvres ont marche est a Ixtahuacan, ou marcos les assistait clairement.

Sinon pour cristobal, il est honnetement pas clean du tout, meme en nuancant les propos de Miguel, ce que nous faisons. D'ailleurs Marcos est de notre avis. Ici, le projet devrait a mon avis clairement continuer avec Miguel, il a ete d une grande aide pendant cette phase, notamment parce qu il nous permettait de parler en Quiche directement avec les gens. On etablit juste des ponts de communication plus rapide, mais tres clairement je ne pense pas qu'il faille sauter Miguel, il faut juste qu on ait l information en meme temps que lui.
Cristobal, n a par exemple, pas encore depose une seule tune sur le compte de miguel ...

De toute facon, on va essayer d arranger tout cela, en contact avec armando. Mais cristobal n est pas plus clean que miguel et ne nous a pas fourni d informations, a concodig ou a nous l annee passee ...

nicolasmeunier a dit…

arf, fait chier pour Cristobal... Sinon, pour la comm, essayer de définir un protocole ultra-simple pour avoir les infos régulièrement... (même avec ton logiciel qui pourtant était ultra-simple d'utilisation, il ne l'a pas fait alors que sa secrétaire s'est très bien se servir d'Internet et qu'on leur a expliqué trente fois comment se servir du logiciel...)

Besos.

guillaume.virag a dit…

C est exactement ce que je vais faire : definir des protocoles tres simples d automatisation de l information avec des boucles de controles pour nous.

nicolasmeunier a dit…

On voit le geek :)
Attention aux segmentation faults, très courantes en pays guatémaltèques...