Dimanche 26 juillet : évaluation d'Uspantan

Nous nous levons vers 7 heures, histoire de prendre le temps de se préparer et petit-déjeuner. Nous sommes censés avoir rendez-vous vers 9 heures avec Fernando, le responsable des prêts faits sur la zone d'Uspantan. William et moi avons eu une nuit agitée, William parce qu'il était malade (même s'il ne veut pas le reconnaître sur le blog) et moi parce qu'il me réveillait. Bref, je vais petit-déjeuner avec Miguel pendant que William se prépare.
Ceci fait, Miguel, William et moi nous rendons tranquillement vers sa maison peu après 9 heures (au Guatemala, il ne sert pas à grand-chose d'être en avance). Il n'est pas là. Il y a deux chiens qui se reposent, un cochon qui grogne mais aucune trace de Fernando. Miguel part à sa recherche. Il s'avère qu'il était en train de boire une bière. Comme première impression, ce n'est pas top. On fait les présentations rapidement pour attaquer au mieux ce qui nous intéresse, à savoir la gestion des différents prêts et projets.
A ce moment-là, je me dis qu'il a l'occasion de montrer qu'il est un minimum sérieux. La veille avec Elizeth, cela s'était relativement bien passé et nous savions à peu près où il y avait eu quelques soucis. D'ailleurs, la situation qu'elle nous avait présentée n'était pas des plus exactes. En fait, il y avait un groupe qui n'avait pas remboursé du tout (la famille qui avait perdu sa première récolte) et un groupe qui avait des soucis pour rembourser.
Il s'avère que Fernando est encore pire qu'Elizeth. Il ne sait pas trop qui a remboursé. Il a des informations qu'il a notées dans un cahier, d'autres qu'il nous balance à la volée. A ce moment précis, cela commence à me gaver et je propose à William qu'on se barre de là et qu'on ne revienne que lorsqu'ils seront capables de nous présenter un bilan potable. Cela me fatigue qu'on me dise « oui, oui, tout s'est bien passé, on mérite d'avoir plus d'argent » alors qu'en fait, c'est plutôt « non, non, on a géré notre budget comme des chèvres, mais on veut quand même de nouveaux prêts ». J'ai vraiment envie de leur mettre un peu la pression.
Avec Fernando, on va voir un groupe qui a eu des soucis pour payer. Ils tiennent une « tienda », une petite boutique alimentaire. Ils n'ont pas payé le dernier mois (apparemment, ce n'est que le dernier, à vérifier) parce que l'un des membres du groupe habite trop loin et n'a pas apporté son écôt le mois dernier. Bien sûr, on nous donne « Promis, promis, vous aurez tout l'argent le 15 août ». Je m'efforce de leur expliquer calmement qu'on veut bien leur donner cette chance mais qu'on n'est pas des gros fruits non plus et que si jamais le 15, il n'y a pas d'argent et qu'ils demandent une semaine de délai supplémentaire, ils n'obtiendront pas le prêt. En ce qui leur concerne leur projet, à savoir augmenter leur fond de commerce de 500 Qz, il n'a pas si bien marché puisqu'ils n'ont pas réussi à augmenter leur revenu hebdomadaire. Finalement, avec William, on se demande si des prêts de 500 Qz pour l'augmentation d'un fonds de commerce sont vraiment pertinents.
On se rend ensuite dans une tienda qui se trouve de l'autre côté de la rue. Ce qui fait plaisir, c'est que la responsable du groupe (qui tient la tienda) nous montre les récépissés des dépôts. Tout y est. Première bonne nouvelle de la journée. On l'interroge sur le déroulement de son projet. Avec le même prêt de 500 Qz, elle a réussi à augmenter son revenu de 10%. Il faut croire qu'elle avait une meilleure façon de gérer son affaire que les précédents. Dans la même tienda, un autre groupe vient nous voir. Pour eux, il s'agissait d'augmenter leur fond de commerce également, dans la vente de maïs. Ce groupe a réussi à rembourser tous les mois. Nouvelle satisfaction. Je ne cède pas non plus à l'euphorie. Il y a 11 groupe à Uspantan. Sur trois groupes vus, on avait déjà un problème avec un groupe.
On se rend ensuite chez un cordonnier, Ernesto. Les mêmes questions reviennent. Combien gagne-t-il maintenant? Avant le prêt? Combien a-t-il économisé? Il n'est pas trop sûr des chiffres mais apparemment, il n'a eu aucun souci à rembourser, son prêt a servi à financer l'achat de matières premières et d'outils. En outre, il connait plusieurs personnes de son village qui sont intéressés.
La pluie nous coupe dans notre élan. On passe un peu de temps dans la minuscule boutique. William et moi regardons les ceintures. C'est rigolo, il fait même dans le « Nike ». On est plutôt intéressés, elles ont l'air de bonne facture. Hélas, elles sont à la taille guatémaltèque. Un vieil homme essaie de convaincre William d'acheter une ceinture. Il a une grosse boucle qu'il n'arrête de montrer à William. La ceinture ne va pas à William, elle est trop petite. Mais j'ai trouvé le vieux formidable. Finalement, William en commande une à Ernesto. J'attendrai.
William et moi espérions évaluer quelques groupes supplémentaires mais, apparemment, Fernando a mieux à faire. Le midi, Miguel et moi mangeons dans un comedor miteux. Le matin, j'avais voulu innover et manger ailleurs que dans le petit restaurant en bas de l'hôtel. On a fini par petit-déjeuner dans un comedor du marché. Je dois avouer que c'était plutôt sordide. Il y avait des chiens qui trainaient partout, c'était mal éclairé, la fumée des poêles piquaient légèrement les yeux. Mais pour moins de vingt quetzals pour les deux, on a bien mangé.
Après manger, on est partis avec Ernesto dans son village. On a utilisé pour la prmière fois les pick-up. A l'arrière, se sont entassés près d'une quinzaine de personnes qui se cramponnaient à ce qu'ils avaient à portée. Pour 15 Qz, on a monté une pente qui nous a pris près de trois quarts d'heure à descendre. On est finalement arrivés sous une forte pluie chez Ernesto. L'homme s'en sort plutôt bien. Un grand champ de maïs. Une nouvelle pièce en construction dans maison déjà assez vaste par rapport à la moyenne. On a vu sa femme qui était elle-même responsable d'un groupe sur Uspantan. On en profite pour l'évaluer. Tout s'est bien passé. Ils ont pu rembourser à temps.
On passe un peu de temps à discuter. On finit par rentrer à pied vers 17h00. William n'est pas encore au mieux. Miguel et moi allons manger dans un restaurant pas trop loin de l'hôtel. Je ne me sentais pas dans une forme olympique. Avant de me coucher, la sentence tombe : j'aurais du éviter de manger au marché.

1 commentaire:

Sylvain a dit…

J'apprécie beaucoup la retenue et la sobriété de ta dernière phrase.