Visite de Chicaman

Samedi matin, départ à 6h30 pour Chicaman. 2 heures et demi de minibus nous attendent pour arriver à San Miguel Esperanza de Uspantan, puis une petite demi-heure pour Chicaman. Nous nous sommes installées dans un hôtel non loin du marché où l’on avait des chambres avec des fenêtres et cela pour deux fois moins cher. Nous nous sommes déchargés des bagages superflus pour finalement n’emmener qu’un gros sac à dos et la mallette de l’ordinateur.
Nous avons ensuite petit-déjeuner à côté de l’hôtel. Nouvelle demi-heure de souffrance dans le mini-bus pour atteindre Chicaman. Nous y faisons la connaissance d’Eliseth Us, jeune femme très dynamique, et de 5 des 6 responsables de groupes (le dernier était au travail à l’heure de notre réunion). Eliseth semble avoir très bien géré sa zone cette année, 5 des 6 groupes ont pu rembourser tous les mois, un des groupes a eu un mois de retard mais aura tout remboursé à la fin de l’année. Cette année 4 des 6 groupes pensent demander un nouveau prêt, et deux nouveaux groupes se rajouteraient.
Nous avons ensuite mangé dans un « restaurante » avec Miguel et Eliseth. Enfin, manger est un bien grand mot, puisque je n’ai mangé en tout et pour tout qu’un bol de soupe avec du thé. Je ne le savais pas encore mais ce serait mon dernier repas avant longtemps. Eliseth, Miguel et Christophe ont eux montré un bel appétit et se sont faits une escalope milanaise en sus de la soupe. Pas vraiment typique du pays comme plat, mais elles avaient vraiment l’air bonnes. Nous avons ensuite visité 2 des 6 projets. Comme je n'etais pas tres en forme, Christophe s’est improvisé porte-bagages. Nous avons pris un tuc-tuc pour faire les visites. Ces machines ont une puissance assez variable. Au beau milieu d’une pente assez sévère, le conducteur s’est mis à progresser en mode « peau de phoque », en progressant par lacets pour réduire l’importance de la pente. Cela n’a pas suffi. Il a calé. Nous avons dû descendre pour qu’il redémarre enfin… avec Christophe, qui avait décidé qu’il était bien mieux là-dedans qu’à marcher. Nous avons finalement rejoint la machine en haut de la côte et quelques instants, nous avons pu commencer nos visites.
Le premier groupe fut le groupe de Francisco Us Cal. Ils avaient sollicité des prêts pour planter tomates et haricots. Il devait normalement y avoir deux récoltes par an, mais malheureusement la neige a tué les plants de l’hiver. Pour les semences de printemps, ils ont abandonné les tomates et sont passés aux haricots uniquement. Cette récolte devrait leur rapporter au total 3500 Q, de quoi leur laisser un bilan positif sur cette année malgré leur perte de 50% en hiver. On a pris des photos pour la postérité. Après avoir risqué furtivement notre vie en passant sous des clôtures en barbelé à la taille guatémaltèque, on s’est rendus voir le deuxième groupe. Dans celui-ci, nous avons rencontré une femme qui avait acheté cinq chèvres pour 1000 Q ; deux d’entre elles sont mortes, elle a revendu les trois autres pour 300 Q chacune, et a réinvesti 650 Q dans une machine à coudre que Miguel a adorée (Christophe le soupçonne de préparer sa reconversion après le CONCODIG). En tout cas, grâce aux vêtements qu’elle confectionne, elle gagne désormais 150 Q par semaine, alors qu’auparavant elle n’avait aucune source de revenu, son mari étant décédé. Dans ces deux cas, malgré un gros imprévu (perte de 50% des récoltes, mort de 2 des 5 chèvres), les bénéficiaires des prêts tirent toutefois un bilan très positif de leur prêt. La dernière personne que nous avons rencontrée (et qui était par ailleurs le responsable du groupe) est devenue charpentier grâce au prêt (à savoir des outils de menuiserie), et il peut aujourd’hui payer les études de ses enfants, l’eau et l’électricité. Il nous a montré le genre de meubles qu’il confectionnait : des chaises, des tables voire des malles. Nous avons été forcés de différer notre départ à cause de la pluie.
D’ailleurs, à de multiples reprises, des pluies diluviennes nous ont interrompus dans nos visites. Au Guatemala, nous sommes en pleine saison des pluies et il est fréquent, surtout dans les montagnes, qu’il pleuve de façon violente pendant une durée variable pouvant aller de quelques minutes à plusieurs heures. Cela peut expliquer la végétation assez luxuriante de la région. Nous irons visiter les autres groupes de Chicaman mardi à Xicahuic, une zone un peu plus éloignée.
Lors de la réunion avec les responsables des groupes, nous avons également fait la connaissance de Silverio, qui représentait son village de Cubulco, et qui était très intéressé par notre projet. Miguel et lui ont eu une discussion passionnée à ce propos. Nous irons visiter son village jeudi et vendredi.
La pluie s’est enfin arrêtée et nous sommes repartis. Nous avons donné les sollicitudes à Eliseth qui les distribuera à Chicaman. Nous espérons les récupérer d’ici quelques jours, à l’occasion du passage dans le village de Cubulco. Ce délai de 5 jours est en fait plutôt court et nous devrons sans doute passer un peu de temps sur Chicaman pour les aider à finir de remplir les formulaires. Nous avons quitté Elizeth pour retourner sur Uspantan. Le voyage ne m’a toujours pas réussi. Je vais sans doute devoir subir une diète prolongée. J’ai laissé Christophe et Miguel aller manger et je me suis couché tôt. Demain, nous irons nous confronter au cas « Uspantan ».

2 commentaires:

Sylvain a dit…

Juan Chop Damian, le charpentier de Chicaman, a été un des premiers clients de Maya, avec les 2005. Ca me fait plaisir de voir que ca a bien marché pour lui, c'est un bon gars avec un bon projet, e genre de type qu'on peut citer en exemple dans les réunions. Dans mon souvenir, il avait toujours un gros chapeau sur la tête...

Manon a dit…

C'est cool d'avoir des résultats aussi positifs, malgré les difficultés ! N'oubliez pas de prendre des photos, n'hésitez pas à ce qu'elles soient presque propagandistes : l'artisan pauvre dans sa boutique, le paysan qui sourit près de ses bêtes, la villageoise en costume traditionnel qui remplit une sollicitude... (c'est la respo comm qui parle, on ne peut mettre que peu de photos dans une plaquette et il faut qu'elles soient explicites)

Bon courage pour tes problèmes de santé et continue à rapporter des bonnes nouvelles !