Retour sur notre première semaine au Guatemala

- le dimanche 26 juillet 2009

Cela fait maintenant une semaine que j’ai atterri au Guatemala pour faire de la micro-finance. Je ne vais pas revenir sur les quelques jours que William et moi avons passé à Guatemala City, mais parler de ce que nous avons pu vivre dans le Quiché. Du fait de mon accès assez erratique que j’ai aux connexions Internet, je ne peux pas comme Mathieu tenir un journal régulier.
Nous avons commencé notre tournée vendredi dernier dans un petit village près de Chichicastanengo. Le voyage entre la capitale et Chichicastanengo a lui-même été assez épique. Nous sommes partis en bus avec Anjelika -la responsable de ce village- et son bébé. Le conducteur du bus a conduit de façon étonnamment violente mais le bébé a été étonnamment calme. Les Guatémaltèques sont des conducteurs assez fous, du moins à ce que j’ai pu en voir avec les conducteurs de bus, de taxi et le fils de Miguel. Ce conducteur n’a pas dérogé à la règle. Il faut croire qu’il existe une sorte de jeu pour les conducteurs guatémaltèques où on marque des points avec des bonus si il s’agit d’un poids lourd ou que le dépassement est effectué avec une visibilité presque nulle (j’ai noté une certaine préférence pour les dépassements à l’approche du sommet d’une côte…). Bref, le conducteur s’amusait comme un petit fou et a marqué des tonnes de points. J’avoue que j’ai surtout commencé à m’inquiéter quand il s’est mis à pleuvoir et à faire nuit (plus ou moins en même temps en plus) et que le conducteur n’a pas vraiment modifié sa conduite. Je ne vais vous embêter qu’avec deux autres points qui m’ont marqué de ce voyage. D’abord, comme Mathieu et Rémi ont du le remarquer, il y a souvent un nombre assez conséquent de vendeurs qui passent. Nous avons eu affaire à un véritable petit phénomène qui nous a parlé des méfaits de l’American Way of Life avec une verve formidable pendant près d’une demi-heure. Son discours a apparemment fasciné William. J’avoue que je n’y comprenais pas grand-chose mais il avait de temps à autre un petit air lubrique qui me faisait sourire. En fait, il voulait nous vendre du « Poder Sexual » qui devait garantir (c’était une de ses multiples vertus) une demi-heure d’ébats intenses. Le deuxième fait marquant de ce voyage a été notre arrivée un peu précipitée dans la pluie et la nuit où nous avons oublié nos tapis de sol et mon sac de couchage, restés dans le bus, et avons failli oublier un de mes bagages sur le toit qu’on a obtenu in extremis en criant après le bus qui repartait. Après cela, nous avons dormi dans l’hôtel devant lequel le bus s’était arrêté après un bon repas. Tout cela pour la somme pas si modique de 400 Qz. Je n’avais pas assez d’argent pour payer les repas et les chambres (jusqu’à présent je joue au porte-monnaie pour William qui ne retire pour le moment pas d¨argent).
Le lendemain matin, nous sommes partis tôt avec Anjelika pour retirer de l’argent à Chichi. On s’est fait transporter par un van pour quelques quetzals. A Chichi, j’ai mis près de dix minutes pour retirer quelques malheureux deux mille quetzals. Apparemment, ma superbe Visa toute récente et aux dires de la BNP « internationale » ne marchait pas. Heureusement que la Mastercard que j’avais marchait, sinon je me serais retrouvé à sec (et William aussi par la même occasion). On a fini par aller récupérer William, payer la note et partir prendre un petit déjeuner pour une trentaine de quetzals à Chichi. Certes, il était copieux mais, selon Anjelika, Chichi est assez touristique, ce qui peut expliquer cette inflation.
Je voudrais d’ailleurs revenir sur le prix de la nourriture ici. Il est vrai que si l’on fait la conversion en euros et qu’on compare à la France, tout est carrément bon marché ici. Néanmoins, en ramenant les prix au revenu moyen du Guatémaltèque (je l’estime au mieux à 3000 quetzals mensuels), on se retrouve dans les fourchettes françaises. Mais d’accord, pour les blancs plein d’oseille que nous sommes, ce n’est pas cher. Pour les Guatémaltèques, ce n’est pas si sûr.
Bref, nous nous sommes rendus en « tuc-tuc » dans le village où nous devions présenter notre association. Je dois avouer que le conducteur a conduit en virtuose (ou comme un taré, c’est selon le point de vue) sur les chemins défoncés qui nous menaient au village. Il s’est d’ailleurs avéré qu’il s’agissait du village natal d’Anjelika. La réunion devait commencer vers neuf heures et demie. Tout le monde n’était pas là quand nous sommes arrivés avec un petit quart d’heure de retard (soit à l’heure au rythme d’ici). J’ai proposé qu’on aille se balader un peu mais les chaussures à semelle lisse de William n’étaient pas adaptées pour les sentiers escarpés sur lesquels Anjelika nous menait. J’aurais bien aimé pousser un peu plus loin la balade car les paysages étaient grandioses (comme souvent dans cette partie du Guatemala). Un homme du village qui nous accompagnait m’a expliqué que s’étaient déroulées un peu plus en contrebas quelques prises d’arme durant la guerre civile qui avait eu lieu au Guatemala quelques années auparavant. Les chaussures menaçant de faire dégringoler ce dernier, on est rentrés au village où nous avons commencé la réunion une demi-heure plus tard. William (surtout) et moi (un peu) avons présenté le projet en quelques phrases qu’Anjelika traduisait pour le reste du groupe qui ne parlait pas très bien l’espagnol.
Ceux-ci se sont montrés enthousiasmés par les possibilités qu’offraient nos prêts et ont voulu savoir si leurs projets étaient compatibles. Nous avions bien insistés sur le fait que leurs projets se devaient d’être réalistes et qu’ils devaient bien prendre conscience de tous els risques qu’incluaient les achats d’animaux. Nous avons ensuite enchaîné avec les sollicitudes que nous avons distribuées. Anjelika, William et moi les avons ensuite aidés à remplir les formulaires. Enfin, Anjelika a accompli une grosse part du travail en s’occupant des personnes du village qui ne savaient pas parler l’espagnol. De notre côté, nous avons aidé les gens qui parlaient mais ne savaient pas (ou peu) écrire. Quatre heures ont vite passé, entrecoupées par un repas que nous a offert le village. J’ai fait ma première rencontre gustative avec le chili local. Cela brûle un peu quand on prend de trop grosses portions. Vers quinze heures nous sommes repartis avec quinze formulaires bien remplis et plutôt contents que cela se soit bien passé. On était particulièrement satisfait du comportement d’Anjelika qui nous a parus sérieuse et motivée. Aucune sollicitude ne nous a parus irréfléchie mais témoignait au contraire d’une volonté de monter un projet sur une année complète. C’est d’ailleurs le point sur lequel on aime insister avec William. Vous gagnez de l’argent avec le projet initial. Soit. Mais que pouvez-vous en faire par la suite ? Il ne s’agit pas de faire un projet qui finalement va s’achever au bout de six mois mais, au contraire, de réinvestir l’argent gagné et avoir une vision à plus long terme. Cela, les gens de ce village l’avaient apparemment bien compris.
Nous sommes ensuite repartis sur Santa Cruz en van. J’ai mis quelques instants avant de me rendre compte que l’enfant d’Anjelika était resté au village. Une fois à Santa Cruz, Anjelika nous a laissé dans un hôtel près du terminal de bus puis est reparti récupérer son enfant avant de rejoindre la capitale. On s’est installés dans notre chambre sans fenêtre à 140 Qz la nuit. On venait de sortir du dit « Hôtel du Terminal » lorsqu’on a entendu des voix familières nous héler. Miguel, Rémi et Mathieu venaient de nous rejoindre. La suite, vous la connaissez. Rémi et Mathieu se sont installés dans le cybercafé et nous les avons laissés après avoir imprimé la dernière mouture des sollicitudes. William et moi sommes finalement rentrés à l’hôtel. Chicaman nous attendait le lendemain.

2 commentaires:

Manon a dit…

Attend, j'ai pas tout bien compris, Anjelika est dans une nouvelle zone ou nous n'avions pas encore prêté ? En tous cas, s'ils sont sérieux et motivés, c'est une bonne nouvelle, c'est des gens à qui on peut vraiment apporter quelque chose.

Anonyme a dit…

Si, si il s'agit d'une nouvelle zone ou on a pu voir des gens serieux et motives