Direction Chicaman

Samedi 16 Août 2008

Miguel toque à notre porte à 6h15. Parfait, nous pourrons partir à l’heure. Programme : tenter l’expérience la plus dangereuse de tout le Guatemala, prendre le bus de Guaté à Quiché. Enfin, étant donné la tranquillité des dernières expériences dangereuses en date, nous ne sommes pas vraiment effrayés. Miguel nous raconte qu’il y a 50 assauts par jour à Guaté, mais bien sûr une majorité a lieu dans quelques zones bien précises. On a quand même pris quelques précautions répartissant nos sous à divers endroits. Enfin, si je me fais voler mon sac, j’ai un ordi, un appareil photo et quelques sous qui partent, ce qui me restera ne me consolera guère.

Sans trop de surprises, le plus gros danger fut le chauffeur et le fait qu’il n’ait pas bien saisi que la nationale était à double sens. Arrivés avec un timing parfait à Quiché, c'est-à-dire avant la fermeture des banques, nous déchantons. Même dans une banque il est impossible de retirer plus de 4000Qz. Nous attendrons mardi avant de voir si nous pouvons transférer l’argent, même en étant loin de France, directement sur les comptes en banque de José et Miguel. Une petite odeur de galère flotte dans nos esprits. Mais nous nous en sortirons. A Chicaman, nous pourrons en fait prêter à travers les chèques du compte en banque de Miguel qui contient suffisamment d’argent. La galère commencera réellement lundi quand l’on devra prêter aux groupes de José sans beaucoup d’argent. Enfin nous verrons bien ce qu’il en sera.

Nous mangeons un peu et nous empressons vers le café Internet de José. Comme il n’y est pas, nous l’appelons et le prévenons que demain, nous serons deux chez lui s’il le veut bien. Pas de problèmes apparemment. Nous répondons à quelques emails et postons les derniers jours sur le blog avant de nous lancer dans la modification du contrat. Celui-ci sera modifié tout autant rapidement qu’il a certainement du être écrit, mais le plus important et qu’y figureront toutes les informations nécessaires pour que les gens puissent rembourser sans nul souci. Téléphone de la responsable, numéro de compte, téléphone de Concodig, montant des mensualités et date de fin. Ensuite nous y avons décrit la façon de rembourser et avons écrit qu’ils ont beaucoup d’obligations. Ce n’est pas génial mais cela suffira pour demain. Je crois qu’au total, nous aurons distribué quatre versions différentes de demandes, on peut bien distribuer quelques contrats différents aussi.

Départ direction Uspantan Quiché. Quelques coups de fils pour que l’on puisse y voir tout le monde. Don Pedro n’est pas disponible avant 2h alors que l’on part à 2h, quelle coïncidence ! On s’arrange avec Miguel, nous resterons pour le taper alors que lui rentrera. Nous verrons également les gens d’El Desengaño qui, très surprenant également, nous annoncent déjà 15 jours de retard sur les paiements. Ce sera l’occasion d’expliquer à Micaela de ne pas prendre exemple sur Cristobal. Nous récupèrerons demain également les autres sollicitudes d’Uspantan. Et bien sûr nous finalisons l’organisation de la réunion de demain, car après un petit appel à un responsable de groupe, nous nous rendons compte que tout le monde n’est pas forcément au courant.

Dans le minibus qui nous amène à Uspantan tout en nous faisant ressentir le bonheur des sardines serrées dans leur boîte. Nous discutons avec Miguel de l’évolution du projet. Il me sort un nouveau projet de plante médicinale que je m’évertue à tuer dans l’œuf. Ceci dit nous sommes d’accord pour faire un petit prêt à un petit projet sur ce sujet qui serait bien fourni. Mais je lui fait comprendre qu’il n’aura pas notre bénédiction s’il fait financer son affaire et que le projet tombe du ciel sur quelques personnes. Il insiste sur l’intérêt du projet, j’insiste sur le fait que de toute façon personne ici ne sait gérer un projet, quel qu’il soit. Il faudrait donc commencer par le commencement.

Ensuite, après une démarche de fourmi de quinze jours pour lui faire comprendre que l’on fera passer le second groupe de Zacualpa sous la juridiction de Joaquim, il accepte de lui-même en disant même qu’il n’aura pas besoin d’être là pour la réunion. Et il ajoute dans la foulée qu’il a de toutes façons des nouvelles opportunités à Chichicastenango et Chimaltenango, des villes sur la route de Guaté à Quiché. Je lui dis que c’est parfait, étant donné que nous aurons certainement une responsable à Guaté d’ici quelques années et qu’il sera intéressant de remplir le chemin de Guaté à Uspantan de points de travail. Ensuite, histoire de recadrer le travail à court terme, je dis comme nous voyageons entre Zacapula et Cunen qu’il serait en premier lieu très intéressant de relier nos deux zones de travail, Quiché au sud et Uspantan, Chicaman au Nord. Il connaît des gens à Cunen, parfait. Terminons cette discussion sur ce dernier point, ce sera parfait.

Notre arrivée à Uspantan est suivie d’un programme claire et précis : dîner, analyser les sollicitudes. Bien sûr nos anciens nous avaient dit de nous y prendre à l’avance, mais comme on les a eu hier et qu’on accorde les prêts demains, cela n’a pas trop été possible. Je soupçonne donc notre manque de préparation ainsi que notre fatigue d’être à l’origine de nos décisions : nous renverrons quasiment tous les groupes chez eux faire de nouvelles sollicitudes parce que celles-là ne sont pas bonnes. A y regarder de plus prêt, j’exagère beaucoup. Nous avions déjà vu qu’à l’Aldea Puente Seco, sur quatre groupes, il y avait beaucoup de problèmes et notamment un groupe qui n’avait pas fini de rembourser, donc on savait qu’on les ferait attendre. Ensuite, nous accordons le prêt à ce qui est notre groupe le plus sérieux, la famille de Don Fransisco Us Cal, c’est d’ailleurs lui qui nous a fait venir ici aussi tôt, donc il avait plutôt intérêt à nous fournir une sollicitude correcte. Et il faut avouer que celles de son groupes, malgré quelques manques en information sont très correctes et les projets plutôt bons.

Ensuite nous tombons sur le projet de notre nouvelle responsable locale, Eliseth Us. L’élaboration de shampoing par un groupe de neuf personnes. En vrai je les soupçonne même d’être plus. Sachant que les projets à une personne ne marchent déjà pas, à neuf, nous pressentons une situation plutôt difficile. Pour moi, ça sent le projet à la Cristobal, c'est-à-dire des sous qui tombent du ciel pour un projet mal conçu. Ceci dit c’est intéressant. Nous avons besoin de beaucoup plus d’informations et nous financerons certainement directement le projet plutôt que les personnes. Marcos est dans l’affaire apparemment, nous aurons donc tout loisir de le questionner. Nous nous laisserons deux semaines pour décider de cela également.

Puis je suis assez déçu de voir qu’un groupe qui fonctionnait bien l’année passée nous a fourni des sollicitudes vides. Cela mérite quelques explications. Et enfin le dernier groupe a des projets dont on peut voir qu’ils ne les ont jamais fait, les coûts sont à des kilomètres de ce que l’on connaît comme coût, et les informations sont insuffisantes. Même décision, qu’ils nous refassent quelque chose de correct. Donc, finalement nous renvoyons huit groupes sur neuf à refaire des sollicitudes. Sylvain me demande si je suis contrarié ? Disons que c’est gentil de leur donner une seconde chance, mais les coûts par clients sont assez violents ces temps-ci il me semble. Je me console en me disant que nous taperons dessus demain, d’ailleurs Miguel est dans la même optique. Allez hop, un peu d’écriture et au dodo. Demain lever tout aussi tôt direction Chicaman, quatre rendez-vous au programme si j’ai bien compté.

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