Le calme avant la tempête

Vendredi 1er août 2008


Lever tranquille, petits préparatifs pour le départ dans le Quiché. Comme Miguel a une réunion ce matin, il ne me rejoindra que demain. Nous prenons les bus bondés avec mes trois sacs que j’emporte dans le Quiché dont deux sacs de jouets que m’a fournis Armando pour Sylvia qui devrait m’héberger. Après cette petite galère matinale, nous arrivons au bureau où j’ai pris mes petites habitudes : d’abord je met en ligne mes aventures puis réponds à mes mails. Un petit coup d’œil aux nouvelles de France que je n’ai pas beaucoup suivies depuis que je suis ici. Et plus sérieusement la fin du travail de compte rendu et d’analyses suite aux visites de la semaine dernière. Après une semaine, je n’ai pas encore terminé mais il y a déjà de la matière à lire.

Un coup de fil du neveu de José nous informe qu’il passera me prendre à 1h. Et effectivement, après avoir eu le temps de manger, de voir quelques vidéos et photos de Concodig toutes très intéressantes, à 2h30 il arrive. Le monsieur travaille pour l’O.N.U, apparemment un boulot de communication, mais je n’arrive pas à en savoir plus. Nous récupérons trois de ses cousins et cousines et nous dirigeons vers Quiché, c'est-à-dire Santa Cruz del Quiché. La saison des pluies que je trouvais réellement petite joueuse jusqu’ici, ayant réussi à ne mettre qu’une seule fois mon K-Way finit par retrouver un peu de sa splendeur. Une forte pluie nous met effectivement dans des embouteillages qui nous retarderons d’une petite heure. Par ailleurs la route défoncée que j’avais prise il y a deux semaines avec un 4x4 je la prends aujourd’hui sous la pluie avec une voiture normale. Autant dire que cette dernière souffre un peu. J’avais en effet omis de parler des barres de béton de 30cm de largeur et de hauteur sur toute la route qui font office de ralentisseurs. Ils jouent parfaitement leur rôle : même en y passant à moins de 5km/h on entend tout le bas de la voiture racler. Seule technique qui fonctionne un peu prêt, les gens de derrières descendent et on passe le ralentisseur quasiment de côté. Comme il y en a quatre par ville que l’on traverse et que l’on traverse au moins cinq villes, le voyage a quelque chose d’assez cocasse sauf pour ceux de derrière. Pendant le voyage, je demande aux gens quelques confirmations sur ce que me disait Miguel, ce dernier me paraissant être quand même un peu froussard. Le neveu qui a sa famille à Quiché et travaille à Guaté prend souvent les bus. Il a été attaqué deux fois cette année. Bon Miguel est froussard, mais a apparemment raison de l’être. Apparemment dans le Quiché, ce sont des gens des villages du coin qui viennent attaquer les bus pour se faire de l’argent, rien d’organisé comparé à la délinquance organisée en bandes à Guaté, ou au narcotrafic. Tiens à propos de narcotrafic, j’ai clairement éclaté de rire en lisant un article qui disait que cela faisait trois mois que la police anti-drogue n’avait pas fait une seule prise, c'est-à-dire depuis la dernière fois que le président a du aller aux U.S.A, pour la raisons que les policiers sont en formation. Du coup les narcotrafiquants font ce qu’ils veulent. Ici la police anti-drogue sert apparemment à faire une prise avant le voyage du président aux Etats-Unis. Je vous conseille aussi la page de wikipedia sur le Guatemala où l’on comprend que ce pays a vécu quarante ans de guerre parce qu’un président a embêté la mauvaise entreprise, celle qui dans son conseil d’administration contenait le n° 1 de la CIA

Je me renseigne également sur la famille de José qui typiquement guatémaltèque contient plus de six personnes par générations, autant dire une flopé de cousins et cousines. Nous finissons par arriver à Santa Cruz del Quiché où José et sa charmante famille m’accueillent dans une petite maison à un étage constituée de deux pièces de vie, une grande salle de rangement, vaisselle, laverie, douche, toilette et une cuisine. Mais je m’y plaît déjà : il y a des livres partout et un ordinateur, ce qui me suffit pour me sentir chez moi. Nous mangeons tranquillement des tortillas et autres pains de maïs avec des haricots en sauce, tout en discutant. Apparemment, mon discours pas forcément très organisé ni très clair est quand même compris dans les grandes lignes : sa position, sage, est de voir pendant un an ce que ça donnera et si c’est bon de construire effectivement une structure qui pourrait faire du microcrédit. Comme Miguel, il me case l’exemple de la coopérative, assez courant dans la région il est vrai. Mais personnellement ça ne m’enchante pas énormément car il est assez difficile dans une coopérative, il me semble, d’organiser les appareils de décisions comme bon nous semble. De toute façon, je lui explique l’idée d’une institution franco-guatemaltèque qu’il semble très bien saisir, et il accueille très favorablement ma proposition de toute façon rechercher pendant tout le temps du test la structure adéquate pour trouver l’équilibre que nous souhaitons entre prise de décision décentralisée et efficace et une politique générale dans laquelle nous souhaitons clairement avoir notre mot à dire. Un an sera donc le temps de faire un test avec José, d’améliorer notre expérience avec Miguel et enfin de bâtir une structure équilibrée pour faire du microcrédit sur place. Nous finissons notre repas en se parlant de nos mondes respectifs. Journée pas très remplie mais qui préfigure d’une activité importante dans les prochains jours.

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