Instants inoubliables

Samedi 30 Août

7h15 Joaquin tape à la porte. Je sors à nouveau à l'intonation prêt le même mensonge "Si si estamos listos", nous mettons nos vêtements à haute vitesse, de toute façon tout est prêt. C'est parti pour Joyabaj et une heure trente de route. Comme Joaquin est revenu à trois heures du matin de Nebaj, une ville dans le Nord où je suis allée pour l'inhumation, nous dormons tous dans le bus, manquant quasiment notre arrêt. La chance nous sourit, nous trouvons rapidement deux pick-up pour nous amener dans cette aldea perdue. A Joyabaj, nous ne trouvons que la responsable Dona Lucia. Nous attendons quand même un peu, mais on aura pas beaucoup mieux que trois personnes pour cette réunion. On explique qu'on est pas vraiment contents pour les projets de vache, expliquons qu'on voudrait plus de sollicitudes plus intéressantes, pour des projets plus intéressants et chiffrés entre 500 et 1500Qz. Bien entendu, nous favoriserons pour des raisons de risques les sollicitudes à 500Qz. Ceci c'est notre impression de ce que devrait à peu être la présentation de notre politique de prêt à nos premiers clients.

Ensuite, nous nous essayons pour la première fois à un exercice d'écriture de sollicitudes avec la responsable locale. C'est improvisé, mais ça nous paraît une pratique très intéressante que de réunir quelques personnes, par exemple quelques chefs de groupes et de leur faire remplir une sollicitude. En plus il faut avouer que les nouvelles sollicitudes sont horriblement compliqués. Nous verrons ce que cela donnera, mais il nous semble clair que l'année prochaine elles ne seront pas données pour un premier prêt. L'approche selon laquelle nous donnerions des sollicitudes toujours plus compliquées nous paraît assez intéressante. On est tous fatigués et même Joaquin manque de patience. La plus patiente est curieusement celle qui remplit la sollicitude. On met environ 15 à 30 minutes à la remplir. Ca doit bien prendre une heure à une personne seule ici! Mais bon, encore une fois, nous avons curieusement accepté que nous faisions beaucoup d'erreurs, mais qu'il valait mieux avoir un spectre large des possibilités ici. Et quelque chose me dit que ces sollicitudes vont être bonnes.

Départ pour Chinique. A la descente, encore chanceux, nous trouvons un pick-up en cinq minutes. Je profite de mon dernier passage dans le décor magnifique de Joyabaj. Nous arrivons à faire le lien avec un paysage français, celui des alpes du sud : l'alliance d'une flore méditérannéenne avec des courbes de montagne. Entre les pins, leur herbe verte et ces champs d'un maïs de plus de 2 mètres de haut, quelques maisons complètent le décor. De loins ces chaumières rajoute au paisible de ce monde. De prêt elles nous rappellent à notre travail, développer la région.

Un court repas et nous voilà parti pour Chinique. A l'arrivée notre chance ne nous trahit pas et nous arrivons à une vingtaine de minutes de notre lieu de distribution de prêts. La montée est un peu dure, surtout pour les petites jambes de notre ami Joaquin. Mais nous y arrivons. Réunion de distribution de prêt avec l'un des plus beaux panoramas du Guatemala. Mon appareil photo nous trahira trop tôt pour prendre des photos du lieu, mais la caméra de Joaquin devrait avoir pris le relais. Pour s'échauffer, un petit discours sur les prêts, quelques grandes phrases, et un peu de mathématiques pour ne pas perdre la main. La démonstration qu'un projet de porc est quatre fois plus rentable qu'un projet de vache pour la même quantité d'argent.

La première fois que j'étais venu ici, j'avais été énervé par la réaction des gens quand je leur parlai de 500Qz. Aujourd'hui, nous sommes impressionnés par le répondant de nos interlocuteurs. Ils ont apparemment compris pourquoi nous commencions petit, se projettent dans le futur par étapes. Vraiment nous avons de quoi nous réjouir. Ici les projets sont pour l'instant inintéressants, mais les gens m'ont l'air bien. Ils nous disent également que beaucoup de leurs congénères souhaiteraient travailler avec nous dès le prochain cycle, c'est à dire dans 6 mois. Nos besoins en financement vont donc être assez forts, mais on a déjà quelques partenariats de possibles. Quelques enfants nous aident dans la distribution des prêts en comptant en anglais les billets en même temps que nous. Un peu véxé, je leur apprends en français.

Lorsque nous commençons le deuxième groupe, un coup d'oeil à notre droite nous donne une vision sublime : quelques jeunes filles de seize ans en costume maya décryptent les contrats de leurs soeurs et parents avec en décor de fond le panorama local. Trop tard, mon appareil photo nous a déjà quitté. Mais nous ne pouvons nous empêcher de sourire de satisfaction. Lorsque nous redescendons, je mesure le caractère précieux de ces moments et laisse baigner un long moment mon esprit dans ces courbes montagneuses, ces verts pâturages, ces sourires d'enfants et ces projets d'adultes. Je ne suis pas triste de quitter ce pays après-demain, mais clairement heureux d'être ici en ce moment.

Au retour, nous allons chez José pour parler. Nous ne connaissons toujours pas la décision de Joaquin, mais avons prévu les différents cas. Nous insistons ensemble sur la nécessité d'une transparence et d'une communication forte. Nous devrons être transparents sur nos possibilités de financement, eux sur les projets. Le fonctionnement en France n'aura pas vraiment la même tête que l'année passée. Attendons quand même de voir. Je m'assure également avant de partir que Sylvain et Tania ne pourront survivre à leur voyage. Tout va bien, ils ont plus d'activités que de jours, avec notamment une visite à Cunen, joaquin y ayant des groupes avec lesquels nous pourrions finalement commencer dès novembre. Ils iront faire un tour à Totonicapan également et distribuerons des prêts dans trois villes de plus ( que les trois autres où ils devront aller). Ah et aussi j'oubliais la visite à Sacapulas. Non, je pense vraiment que ce n'est pas réalisable, mais ça va être rigolo de les voir faire ça.

Nous faisons des crêpes à nouveau pour toute la famille avec une technique bien meilleure qu'avant-hier. Après, contrats et photocopies nous attendant, nous rentrons au café internet.

6 commentaires:

Manon a dit…

Oh, Guillaume, ce n'est vraiment pas gentil de vouloir tuer au travail Sylvain et Tania comme ca ! Les pauvres !

Estelle a dit…

bon, vous avez l'air de prendre des bonnes vacances, si vous avez meme le temps de mater les belles mayas de 16 ans! :)
Keep up the good work!

guillaume.virag a dit…

Alors manon, je t'avoues que sylvain m'a laché aujourd'hui un : " c'est vrai que ça va être chargée la fin du séjour", en plus en transport il vont prendre assez cher, mais ça va être intéressant.


Et estelle, si tu savais, j'ai une amoureuse par ville au guatemala, :) (au troisième jour de présence j'avais déjà eu droit à un Te quiero)

Loïc a dit…

ça y est... Je suis à jour à mon tour. Fiou... Je suis un peu honteux, nous sommes le 31 août.
En tous cas ça a l'air de bien se développer tout ça, ça fait plaisir !
J'espère que tous les locaux ne vous haïssent pas trop, mais je suppose que vous gardez toujours l'AMOUR, cette flamme qui doit nous faire nous comporter en toutes circonstances pour le bien de ceux qui nous entourent.
Bon j'arrête mon cours de cathé. Bon retour Guillaume, bravo pour le travail accompli. Bon courage aux deux autres, et surtout : continuez le blog, je vous en supplie!

Loïc a dit…

Ouah... et comme c'est émouvant de voir toutes ces photos ça parle tellement, ça évoque tellement de choses! Quant aux distributions de prêts, j'avoue que ça nous avait aussi bien émus l'an passé.
Put... je veux y retourner. Une petite place dans un sac à dos ?

guillaume.virag a dit…

T'inquiète pas pour les locaux, ils ne sont pas prêts de nous haïr, au final on les traite bien quand même. Et puis chacun ses flammes, :)

Quant à y retourner, en tout cas, Miguel t'y attends, :)