Garderies

Vendredi 22 Août

Lever 8h. Un aide d’Ingrid devait lui apporter des livres mais il a oublié. Nous allons donc les chercher à sa librairie. Ingrid nous explique sa situation : ses parents sont aux Etats-Unis et le financent sans condition. Du coup lui manque clairement d’esprit de responsabilité. Ca me rappelle l’histoire de quelques projets et d’associations françaises. Ses garderies sont dans deux bidonvilles. Le premier est un bidonville où le narco trafic règne. Lorsque nous arrivons, Ingrid paye une personne pour garder la voiture. C’est le mari d’une de ses employées. Nous apprendrons ensuite que les deux étaient dans la rue à se droguer il y a peu. Nous entrons dans un îlot d’innocence au service des enfants. Cette garderie est une école maternelle avec des traits de discipline militaire. Les jeux qui y sont pratiqués ont systématiquement pour but la compréhension d’une notion, le développement de repères spatiaux. Je disais qu’on y trouvait même quelques exercices militaires. Le rapprochement entre les deux mondes doit être l’amélioration des réflexes naturels. Nous discutons avec les quelques personnes qui y travaillent. Les enfants sont fortement encadrés et réalisent en permanence tout un tas de devoirs. Ingrid qui avait un entretien durant une trentaine de minutes revient et organise quelques jeux éducatifs avec les enfants de tous les âges, c’est à dire de 2 à 6 ans. Nous regardons cette impressionnante dépense énergétique avec admiration.

Suite à cela, nous allons à la seconde garderie. En chemin nous revenons sur les problèmes de financement des garderies. Actuellement les garderies appartiennent à moitié à Terre Ouverte, une association française, à moitié à la SOSEP, la société des œuvres sociales de l’épouse du président, aujourd’hui organe proche du gouvernement. Le problème est que l’association française était un peu plus préoccupée par les repas des jeunes et par es jeunes eux-mêmes. Exemple tout bête : en cas de maladie, la SOSEP demande aux enfants un certificat médical et les exclue s’ils n’en fournissent pas. Bien évidemment, il n’y a même pas de médecin dans le bidonville tant les gens n’ont pas les moyens de payer. Enfin, en cas de manque de fonds, elle voudrait se lancer dans une bibliothèque. Ce qui permettrait aux jeunes d’avoir un endroit où lire et où travailler.

Elle nous parle également du bidonville où nous arrivons. Là, les habitants se sont beaucoup bougés et ont même bétonné la route par leurs propres moyens. Le quartier se développe bien plus que l’autre. Lorsque l’on arrive à la garderie, les enfants s’apprêtent à manger, et nous ferons donc de même. Ingrid, dont il est presque trop visible qu’elle compte sur nous pour être des relais de ses besoins en financement, nous fait clairement une inspection de sa garderie. Sans le demander, nous aurons plus d’informations ici que pour n’importe lequel de nos autres projets. Je la questionne également sur le fonctionnement de sa bibliothèque si elle la monte. L’occasion de me rappeler que l’on est malheureusement très loin de nos pratiques et que dans l’état peu clair actuel de notre politique, il nous semble clair que l’on n’est pas en mesure d’apporter une quelconque aide financière ici. Lorsque nous partons, Ingrid reprend la même cérémonie de jeux et chants avant de s’en aller. Cela doit lui donner autant d’énergie qu’il lui en coûte. Nous repartons par une forte pente pour rejoindre la voiture. Je demande si la pluie ne fait pas de dégâts ici. Bien évidemment si, et toutes les maisons sont bien sûr dans des zones non constructibles. A mon sens à la moindre pluie forte très localisée, il doit y avoir des milliers de morts. Enfin, ça ne doit pas non plus être la cause première de mortalité ici.

Nous nous dirigeons vers notre lieu de départ, mais comme on passe près de la zone une, j'en profite pour aller voir Miguel s'il n'y a pas des dossiers à récupérer. Non? Ca me déçoit un peu, mais sans perdre le nord, je demande les codes d'accès au compte par Internet. Nous les obtenons enfin. Cette fois-ci c'est clair, nous avons assuré un contrôle très net sur les comptes pour l'année prochaine. Au bureau, ils fêtent je ne sais quoi, mais nous ne voulons pas faire perdre de temps à Ingrid et nous en allons.


Nous repartons et Ingrid nous conduit au bus qui nous ramènera à Quiché. Nous sommes un peu triste de quitter si tôt cette famille tant agréable, mais c’est pour le mieux : nous avons encore beaucoup de travail. Dans le bus qui nous ramène dans le Quiché, je réalise que c'est surement la dernière fois que je prends le bus dans ce sens là et profite donc un peu plus des montagnes et du décor. Et après encore 3h30 de bus dans des conditions toujours aussi confortables, nous arrivons sur notre lieu de vie : le café internet. Fatigués, nous nous reposerons un peu, nous extasirons devant l'accès par internet aux comptes de Miguel et discuterons avec José. Nous irons d’ailleurs manger avec lui chez lui. Nous parlons encore de ses problèmes de cadastres, pour lesquels il a voyagé toute la semaine. Nous rentrons ensuite dormir, demain l’horaire sera gentil, nous devons partir vers midi.

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